Politique de l’enfant unique, un scientifique témoigne

cliquerStephen Mosher, président du Population Research Institute (PRI), est un des rares scientifiques nord-américains à pouvoir légitimement revendiquer l’étiquette d’espion international. Le chercheur mondialement reconnu pour ses travaux relatifs aux questions de population a figuré, pendant dans de longues années, sur la liste noire des espions internationaux tenue par le gouvernement chinois. Son crime? Sa critique sans détours de la politique inhumaine d’avortements et de stérilisations forcés imposée par la dictature de Pékin.

Dans un entretien, tenu mercredi dernier à la paroisse des "Martyrs chinois" de Markham, Ontario, l’anthropologue et sociologue a relaté son expérience en tant que seul scientifique du domaine social nord-américain autorisé à conduire des recherches en Chine de 1979 à 1980. Il faisait partie du groupe des cinquante premiers scientifiques américains autorisés à pénétrer dans le pays sous le régime communiste.

"J’ai un confession à faire, a-t-il commencé, quand je suis allé en Chine, je n’étais pas pour la vie, j’étais pro-avortement, je pensais que c’était un droit pour la femme que de choisir… Je pensais aussi que la Chine était surpeuplée, qu’il y avait trop de monde".

"Et puis j’y suis allé, et j’ai écouté le peuple chinois".

Mosher, qui parle couramment les dialectes locaux, a expliqué comment, tout en vivant dans un village chinois, il avait pu être témoin d’interpellations de femmes, parmi lesquelles des amies proches, tombées enceintes d’un deuxième enfant "illégal" et que les autorités ont contraintes à subir un avortement. Les mères qui ont refusé ont été arrêtées et emprisonnées et ont dû supporter la propagande quotidienne, les séances de lavage de cerveau, jusqu’à ce qu’elles acceptent d’avorter leur enfant. Celles d’entre elles qui tenaient jusqu’à l’accouchement "étaient traînées de force, en larmes, jusqu’à la clinique d’avortement où le personnel leur administraient une injection toxique (poison shot)".

"Vous ne pouvez pas être témoin de l’avortement d’une femme au septième mois, et ne pas savoir exactement ce qui s’est produit", a déclaré Mosher, qui pouvait observer de près et interviewer les femmes arrêtées, et était autorisé même à les accompagner dans les cliniques d’avortement. "Ce qui se produit est la blessure d’une mère et la mort d’un enfant".

"J’ai commencé à me rendre compte que les problèmes de la Chine, le retard considérable accumulé par la Chine, n’avait pas été provoqué par le fait qu’il y avait trop de Chinois, ou que ces Chinois avaient trop de problèmes, mais était causé directement par le régime corrompu qui occupait le pouvoir, un gouvernement qui, au lieu de laisser les Chinois développer la Chine, s’était dressé sur leur chemin".

"Les démographes n’ont aucune conception du surpeuplement. Ce qu’ils signifient correspond en fait à de la pauvreté. Famine et pénurie se produisent dans le monde, mais elles se produisent en général en conséquence à une interférence du gouvernement avec la production de la nourriture… Nous produisons assez de grain pour que chacun puisse en manger 2 livres (0.91 kg) par jour. Nous avons un problème avec la distribution de nourriture, mais nous n’avons aucun problème avec la production globale de nourriture. Le monde d’aujourd’hui pourrait nourrir environ 12 à 14 milliards d’êtres humains".

La grande famine sous Mao, explique le scientifique, n’avait absolument rien à voir avec un manque réel de nourriture ou un excès de population, mais était plutôt le résultat d’une escalade d’erreurs administratives catastrophiques, aboutissant à la confiscation directe du grain désespérément nécessaire aux pauvres jointe à un refus obstiné de l’aide des pays occidentaux .

"Ce qui a vraiment grevé la Chine est en fait la corruption du gouvernement unie à une gestion désastreuse… Le peuple chinois est la plus grande ressource de la Chine; elles peut se développer si le gouvernement lui donne ne serait-ce que la moitié d’une chance".

Certaines des conséquences inévitables de la politique actuelle de l’enfant unique seront l’émergence d’une génération de 25 millions de jeunes hommes qui ne trouveront pas d’épouses, la traite de femmes, tant nationale qu’internationale, une augmentation de l’homosexualité, de la pénurie de main-d’oeuvre et d’une population vieillissant rapidement.

Mosher prophétise que, puisqu’il est impossible de soutenir une population qui vieillit plus rapidement que n’importe quelle autre dans l’histoire, les prochaines années nous ferons découvrir "un programme de gestion de la population, non à destination des tout-petits, mais des vieux… Le gouvernement emploiera des campagnes de propagande. Ils commanderont aux personnes âgées de se rendre à des meetings; ils les soumettront à de longues conférences sur le besoin pour eux de servir l’état et de servir leur pays en terminant leur existence".

Le parti communiste, en dépit de la dévastation provoquée par sa politique de l’enfant unique y reste encore fortement attaché et ce malgré un enthousiasme décroissant de la part des médias. Mosher a confirmé que le gouvernement est déterminé à suivre complètement l’entier du programme, muni d’un blanc-seing des plus hautes autorités politiques pour l’usage de violences policières, au moins jusqu’en 2050, dans le but d’arriver à diviser la population par deux.

La brutalité est donc plutôt appelée à augmenter qu’à diminuer si le gouvernement tient atteindre cet invraisemblable objectif. Cependant, d’un point de vue strictement pragmatique, Mosher est certain que le processus connaîtra des conséquences économiques désastreuses. "Chaque avortement gêne le développement économique de la Chine", mais les communistes ne veulent pas admettre à ce stade qu’ils ont eu tort au sujet de leur politique de natalité.

Le Population Research Institute, grâce aux recherches et à l’expérience de Stephen Mosher a permis de nombreux changements depuis son voyage de recherches en 1979. "J’ai fait tout ce que j’ai pu pour mériter ma désignation d’espion international" a dit le scientifique, qui a d’ailleurs perdu le doctorat qu’il avait reçu de l’université de Stanford, après que le gouvernement chinois ait menacé l’université, qu’à moins d’une punition exemplaire, aucun autre scientifique de Stanford ne serait plus admis en Chine.

Dans les années 80, sous le Président Reagan, Mosher a témoigné devant le Congrès des violations des droits de l’homme commises en Chine. A la suite de son exposé, les Etats-Unis coupèrent les vivres au fond de population des Nations Unies (UNFPA), dont le but est de réduire la population mondiale, et de qui la Chine avait déjà reçu 50 millions de dollars à l’appui de sa politique.

La subvention a été rétablie sous Clinton. Mais, sous l’administration de George W. Bush, Mosher a pu envoyer des enquêteurs en Chine pour montrer que l’UNFPA était toujours impliqué dans les avortements forcés et les programmes de stérilisation obligatoire. La même évidence causa la même suppression des fonds. "On leur a coûté 150 millions de dollars, c’est ça la bonne nouvelle!", s’exclame Mosher.

"La mauvaise nouvelle c’est que le Canada a promis de compenser une partie de ce déficit". En fait, le Canada est d’accord pour financer massivement l’UNFPA, par dizaines de millions de dollars, pendant les deux, voire trois, prochaines années pour compenser la perte des fonds américains.

"Je ne pense pas que la plupart des Canadiens, s’ils savaient ce que l’ONU fait avec leur argent en Chine, en termes de collaboration avec la politique répressive de l’enfant unique, seraient d’accord de continuer à voir leurs impôts servir à un tel but".

Actuellement, le PRI s’engage pour que l’asile soit accordé aux femmes qui cherchent à fuir la politique de l’enfant unique et trouvent refuge aux Etats-Unis. L’institut a également installé des orphelinats en Chine ainsi que des "maisons sûres" où les femmes enceintes hors-la-loi, fuyant les forces du planning familial, peuvent se cacher.

Plus sur l’action d’Amnesty international en Chine, voir nos articles du 30.05.

lsn

 

1 réponse à Politique de l’enfant unique, un scientifique témoigne

  1. marie dit :

    Bonjour, dans le cadre d’un tpe sur la chine et son dévelopement économique en conséquence de la politique familiale chinoise je voudrais savoir si vous oriez quelques documents parlant de la pénurie de main d’oeuvre à venir à cause de cette politique de l’enfant unique, mais aussi sur le système de retraite… Merci d’avance

    [MOD: Commencez par là http://www.bafweb.com/2005/08/30/politique-de-lenfant-unique-un-scientifique-temoigne/, fouillez le BAF sous Enfant unique… Notez qu’il n’y a pas que la Chine, l’Inde et les dictatures socialistes d’Asie du sud-est s’adonnent à ce macabre exercice. Ne manquez pas l’UNFPA, l’IPPF, chercher Margaret Sanger http://www.bafweb.com/2005/08/09/usa-le-planning-familial-de-san-francisco-sort-un-dessin-anime-inattendu/ sur le Baf, les plans de réductions de population de pays du Tiers-Monde]

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