Les censurés du Nouvelliste 2

Un nouveau censuré du mois de novembre. Le texte ne nous a pas été communiqué, mais la correspondance avec les responsables du Bureau politique de la rédaction de la Pravda valaisanne est autrement plus juteuse que ne saurait l’être le mieux tourné des courriers des lecteurs: Un lecteur, Stevan Miljevic, pourtant pas un nom à rappeler cette immigration autrichienne qui semble tant fâcher le citoyen Bonnard ose la critique envers notre Ségolène Royal nationale, la belle Micheline.

Cette fois-ci, la « patate chaude » est dévolue à Michel Gratzl, rédacteur en chef adjoint: 1ère tentative: Feindre (après avoir fait le mort pendant plusieurs semaines) l’égarement du document:

Monsieur,

Je ne retrouve pas le texte auquel vous faites allusion. Ceci explique sans doute le silence qui l’entoure. Je ne doute pas que vous nous l’ayez fait parvenir. La faute est nôtre sans doute. Mille excuses donc. Cela dit, pouvez-vous me retourner votre texte. Je verrai quelle suite lui donner. Merci de votre compréhension.  Meilleures salutations. MG…   

Le lecteur renvoie son texte… 

2ème tentative: Chercher la faute, convaincre son interlocuteur d’un intolérable extrémisme, jouer l’offuscation et jurer ses grands dieux que l’on ne publira pas cette offense directe à l’ordre moral journalistique:

Monsieur,

Je ne publierai pas votre papier. Votre mépris pour Mme Calmy-Rey est tel que vous omettez sciemment de lui donner du « Madame » auquel elle a naturellement droit. Si je m’adressais à votre mère, je ne la nommerais pas uniquement par son nom propre. Comme on rappelle un chien… Simple affaire de correction, pour ne pas écrire d’éducation.

Alors, lorsque l’on évoque l’action d’une conseillère fédérale, l’une des sept personnes qui dirigent le pays, ce principe devrait aller de soi. Pour le reste, votre texte n’est [qu’] amalgames, insinuations, caricatures et compagnie.

Vous publiant, je devrais accorder inévitablement un (des) droit(s) des réponses à tous ceux, nombreux, que votre papier ne manquerait pas de choquer, voire de blesser. Mais sans doute est-il destiné à cela. Hors de question!

Je vous l’ai déjà signifié, la place en Courrier est restreinte. Trop en tout cas pour que nous offrir une « belle » polémique que vous auriez initiée. Je vous suggère à l’avenir de ne plus nous adresser de courriels, s’ils sont du même tonneau. J’ai autre chose à faire que de justifier notre conception du fonctionnement d’une rubrique dont la plupart s’accommodent fort bien, sans que vous ayons à les
rappeler à leurs devoirs. Il ne s’agit pas de vous priver de votre liberté d’expression. Mais pour vous, comme pour d’autres, elle a des limites. Heureusement d’ailleurs.

Michel Gratzl
rédacteur en chef adjoint

Pédantisme ignare tout du long et grandiloquence ridicule quand il évoque la hauteur de la charge de la Leader Maxima de notre vénéré conclave de conducators fédéraux.

Quant à celui qui rappelle son chien par son « nom propre », il est parfaitement convenu de le considérer comme très éduqué. Un homme du commun sifflerait son clebs comme tout un chacun sans se soucier de patronymie. Quant à l’accusation d’allégation, elle est aussi légère que ce qu’elle reproche si elle n’est pas étayée par le moindre exemple… Encore un symptôme de la pensée automatique.

Mais le coup, celui de devoir accorder inévitablement un droit de réponse à quiconque serait concerné par la critique, celui-là me plaît tout particulièrement. Primo parce que l’on aperçoit à quel point cela peut sembler douloureux de laisser s’exprimer quelqu’un qui n’est pas tenu en laisse par une fiche de salaire; Secondo parce que dans sa correspondance que nous avons déjà publiée, M. Jean Bonnard, le patron de « Monsieur » Gratzl, dit explicitement son intention de refuser tout droit de réponse, même pris à partie nominalement dans le journal à… Oskar Freysinger.  Ethique journalistique quand tu nous tiens.

Le plus beau restant évidemment cette louange allègre à la limitation de la liberté d’expression, voilà qui lève un voile plus qu’inquiétant sur sa conception de sa vocation par M. Gratzl.

Cette profession de foi méritait un châtiment à la hauteur du crime, Stevan Miljevic, le lecteur, ne s’est pas privé, voici sa réponse, une réponse que vous ne lirez qu’ici:

Monsieur,

Je prends note de vos critiques. Je me permets cependant d’y répondre : je peux acquiescer à vos remarques concernant les formes de politesse à adopter quand on s’adresse à une des sept personnes qui dirigent le pays, à condition que cette remarque s’applique à tout le monde. Or il me semble que cela n’est pas le cas. Par exemple, le 7 septembre, Mr. Pascal Rey a écrit un texte intitulé « Une muselière à Blocher », dans lequel à deux reprises il est fait mention du conseiller fédéral Blocher sans son titre, ni son prénom, ni un quelconque « monsieur ». Autre exemple, le 11 septembre, Mr. Dumont, dans son papier « 2x NON à la loi sur l’asile et à la loi sur les étrangers », écrit : « Le PSVR refuse de suivre aveuglement la politique de Blocher et de l’UDC, politique xénophobe, communautariste, ségrégationniste, criminelle et criminogène (.) ». Enfin, le 29 septembre, Mr. Georges Gay, dans un texte intitulé « Ca suffit ! », parlant du président américain Georges Bush le qualifie d’ « illuminé de Washington ». Cette liste d’exemple n’est de loin pas exhaustive.

Force est de reconnaître que si Micheline Calmy Rey a droit au qualificatif « madame », Christoph Blocher a lui droit au qualificatif « monsieur » non ? Dans une période où l’on insiste sur l’égalité des sexes, sa condition féminine ne lui permet pas d’avoir un « traitement de faveur ». Et le président de la plus grande puissance du monde a lui aussi le droit à un quelconque respect si on part de ce principe, vous me le concéderez. Ce qui est valable pour une personnalité doit l’être pour toutes les autres sinon ça ne tient pas, et ce quel que soit le jugement que l’on se fait à titre personnel de ces personnes. J’en déduis donc que si messieurs Blocher et Bush ont droit à un traitement dédaigneux, Madame Calmy Rey doit pouvoir bénéficier du même « droit ».

Je passerai sur la comparaison que vous établissez entre cette personne et une mère : si vous la considérez comme telle, alors je me fais du souci quant à votre capacité à être un minimum critique au sujet de son action. N’était-ce point Mr. Staline qui était considéré comme « le petit père des peuples » ?

Vous me dites ensuite que mon texte n’est qu’amalgames, insinuations, caricatures et compagnies. J’imagine que vous faites référence soit au fait que j’amalgame la conseillère fédérale soit à M. Solana, soit à des gens pas très recommandables. Si tel est le cas, je vous prierai de revenir aux exemples précédemment cités. Quand on parle de « muselière », on procède clairement à un amalgame entre M. Blocher et un chien. Mes amalgames concernant Mme. Calmy-Rey sont au moins fait en rapport avec des êtres humains. Les termes utilisés par M. Dumont sont tout aussi, voir plus explicites et grossiers encore : « ségregationniste » et « criminelle » notamment sont utilisés sans que vous n’interveniez. Les amalgames et insinuations sont pourtant clairs.J’ajouterai encore un papier signé par M. Bourgeois le 12 octobre intitulé « Lorsque les mauvaises habitudes tendent à persister » où l’auteur dit, à propos de la remise en cause du 261 bis : « Ainsi donc le souverain est bafoué et ses décisions remises en cause par un conseiller fédéral résolu à prendre les gens pour des imbéciles ». Ainsi on a le droit de remettre en cause le refus à l’adhésion à l’UE, on a le droit de remettre en cause le refus de dépénaliser le cannabis et j’en passe mais par contre on est clairement amalgamé à un antidémocrate, un monstre totalitaire si l’on remet en cause l’acceptation du 261 bis sous sa forme actuelle. Ce n’est même pas insinué, c’est clairement explicité. Mr Bourgeois fait même un procès d’intention à M. Blocher, accusé de nous prendre tous pour des imbéciles […]

[…] je vous transmets, Monsieur, mes salutations.

Stevan Miljevic

Bonjour la fessée, le camarade, pardon, monsieur, adjoint à la rédaction peut aller se Gartzl !

3 réponses à Les censurés du Nouvelliste 2

  1. Le journaleux dit :

    Encore un « journal » grassement subventionné et aux ordres comme beaucoup de nos « canards » en France. Me trompe-je ?

  2. David V. dit :

    Oui, je pense que journaleux se trompe, le Nouvelliste n’est pas subventionné, c’est un monument local qui fait partie intégrante de la culture valaisanne, et que tout bon citoyen se doit de consulter ;-)

    Pour le reste, je ne pense pas que le Nouvelliste et ses rédacteurs soient de mauvaise foi ou qu’ils nourrissent de quelconques rancunes envers tels ou tels individus.

    Ce que je pense par contre, c’est que les rédacteurs de la feuille d’avis du Valais s’imaginent être investis d’une mission, non plus tant d’information, mais d’éducation. Parce que finalement, le Valais c’est quoi ? Un peuple qui vote majoritairement contre l’avortement, qui ose montrer de l’hostilité à l’encontre de manifestations publiques sexuelles (homosexuelles en l’occurrence), un peuple qui avoue une certaine affection pour le Saint-Père (nous sommes les meilleurs pourvoyeurs de gardes Suisse), bref, un canton catholique, donc rétrograde, ce qui peut apparaître à certains comme étant dramatique au 21ème siècle.

    C’est peut-être même par esprit de charité que le NF se propose d’accompagner le peuple dans son éveil à l’idéologie « progressiste », et qu’en cela, ils font leur travail consciencieusement. Un invité attaque M. Freisinger (rétrograde notoire), et son droit de réponse lui est dénié. Un lecteur attaque Mme Calmy-Rey (étiquettée « progressiste AOC »), et non seulement, on lui dénie le droit d’expression, mais en plus, on argumente ce déni en disant : « Il nous faudrait donner un droit de réponse à tous les gens qui se sont sentis blessés par votre article ». Ainsi, dans ce second cas, ce n’est pas seulement l’intéressée qui aurait eu droit de réponse, mais aussi tous ceux qui « se sont sentis blessés… ».

    Personnellement, je ne me suis jamais senti blessé par des articles du Nouvelliste. Par contre, il est vrai que je me suis senti heurté par certaines attaques infondées sur le Saint-Père ou sur l’Eglise, que je porte dans mon cœur (désolé, mais je ne porte pas d’hommes politiques dans mon cœur).

    Ceci explique sans doute pourquoi la ligne rédactionnelle du NF n’est plus en phase avec la sensibilité de ses lecteurs, mais par un travail éducatif de longue haleine, il va peut-être arriver à ce que les lecteurs deviennent en phase avec lui, là semble être le challenge… : faire évoluer une population !

    Et justement, je pense qu’ils peuvent y arriver en égarant, la plupart du temps, les avis jugés « rétrogrades ». Il faut téléphoner, faire semblant d’expliquer, renvoyer une copie de l’article, pour finalement être éventuellement publié un mois plus tard (mais rien n’est sûr). Les gens ne font généralement pas ces démarches et laissent tout simplement tomber, ce qui donne l’impression aux autres écrivants potentiels qu’ils sont de plus en plus les derniers des dinosaures, et n’osent plus s’afficher comme ça.

    Quant à moi, même si certains articles me heurtent, je ne prends même plus la peine d’écrire pour rien, je me contente de prier pour les rédacteurs.

  3. Poeme dit :

    « il nous faudrait donner un droit de réponse à tous les gens qui se seraient sentis blessées par votre article » ??

    C’est pourtant ce droit de réponse que Bonnard (pas bonnard du tout) refuse à Oskar Freysinger. Curieux, ce mélange des genres?

    Selon que vous serez………

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