Frontaliers: La vérité n’est jamais bonne à dire

stats 2En politique, il y a des sujets tabous : parler de la relation extra-conjugale d’un candidat dont la famille est une des toutes puissantes du Valais: cela ne se fait pas. On ne touche pas aux puissants.

Il y a un autre sujet qui aussitôt hérisse le poil: celui des frontaliers, comme j’en ai fait l’expérience. Dans un courrier personnalisé adressé à quelques électeurs choisis du district de Monthey et distribué par la poste ce matin (avec 3 jours de retard…), j’abordais bien innocemment le sujet de la manière suivante:

« Emplois: priorité aux Valaisans et aux chômeurs de plus de 45 ans
En 15 ans, le nombre de frontaliers engagés dans les administrations communales valaisannes et au canton a augmenté de 174%. Le nombre de sans-emplois de plus de 45 ans n’a jamais été aussi haut. Le canton doit stopper la distribution automatique de permis G (frontaliers) aussi longtemps qu’un Valaisan en recherche d’emploi est qualifié pour le travail, indépendamment de son âge. Cela, même si le chômeur a plus de 45 ans.« 

Qu’avais-je donc fait de si grave pour que ma boîte e-mail et mon compte Messenger commencent à cliqueter aussitôt ? Morceaux (soft) choisis « les chiffres sont faux » ou « ce n’est pas vrai » ou encore « vous n’avez rien d’autres à faire que d’inventer des chiffres ? ».

J’ai évidemment autre chose à faire que d’inventer des chiffres sur les frontaliers. D’ailleurs je n’y ai pas perdu mon temps puisque je me suis juste borné à additionner les chiffres réels de la base de données STATF (des frontaliers) de l’Office fédérale de la statistique entre 2001 et 2016, 3e trimestre.

Les résultats (pour le canton du Valais) sont édifiants :

Augmentation des frontaliers (toutes catégories) 2001-2016 +96%
Augmentation des frontaliers dans les administration communales et à l’Etat (sans le social): 2001-2016 +174%
Augmentation des frontaliers dans les administration communales et à l’Etat (avec le social): 2001-2016 +233%

Vous avez bien lu: il y a des communes et même le canton qui salarient des frontaliers. Il ne s’agit pas de Suisses qui habitent en France, mais bien de Français qui habitent en France et qui viennent travailler dans nos administrations publiques et donc payés par nos impôts.

Si l’on creuse encore les statistiques (celles du Conseil du Léman de 2012, pas de chiffres plus récents disponibles) on constate que 62% des frontaliers du Chablais travaillent dans le district de Monthey. La commune de Monthey, c’est chaque jour qui passe 1000 frontaliers qui viennent et partent. En janvier il y avait 1435 chômeurs inscrits à l’ORP Monthey-St-Maurice. Trouver normal pour certains d’avoir autant de frontaliers et autant de chômeurs: c’est un vrai scandale.

Autre scandale: il y a trois semaines à Genève, une place de secrétaire a été proposée pour 20’000.- (60%, montant annuel) et elle a trouvé preneur ! La pression sur les salaires existe !

Frontaliers, la vérité n’est jamais bonne à dire pour celui qui ne veut pas l’entendre.

Raphaël Filliez

1 réponse à Frontaliers: La vérité n’est jamais bonne à dire

  1. marquis J.-P. dit :

    Même constat, voire encore plus important, dans le canton de Vaud……. En +, les entreprises françaises, par exemple dans la construction, transportent même des matériaux (pierres, ciment, briques, etc) depuis Thonon !!! Avec des camions dont les « normes » anti-pollution sont forcément bien éloignées des normes suisses !!! Chez nous, culs de vaudois, nous les appelons « les shaddoks », en référence aux oiseaux de Claude Piéplu… Ils pompent, ils pompent toujours…… Fatigué aussi de leur insolence. Hier dimanche, aux Bains de Lavey, des Français se plaignaient du prix d’entrée et de la « malbouffe chère » de la Suisse…

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