No Billag : Les journalistes romands refusent la parole aux initiants

Le magazine des journalistes romands explique pourquoi il ne donnera pas la parole aux partisans de No Billag… puis change la version de son article sur internet. La magie d’un vieux monde.

Dans le dernier numéro d’EDITO, le magazine des syndicats de presse, Alain Maillard, rédac chef, échoué de la Ligne de cœur de la RTS, vieille carne de feu l’Hebdo, étale  son traumatisme dans un édito – forcément – au titre fleurant bon l’idéologie dominante : « Liberté et vivre ensemble« …

Non, non, vous ne vous trompez pas, ces deux locutions sont bien présentées de façon antagoniste : Soit on est libre, soit on vit ensemble. Le sujet ? No Billag.

Epreuves et tentations

« La tentation No Billag » reposerait sur un égotisme individualiste qui insupporte le journaliste de carrière, pour lequel il est clair que la notion de « vivre ensemble » s’apparente d’avantage à la résignation de tout un peuple à financer un service qui ne lui sert pas, par une redevance dont il ne veut pas.

Maillard ne comprend pas non plus qu’on ose penser que le privé puisse faire aussi bien, ou du moins tout aussi mal, que le public. Né 30 ans avant la chute du mur, il y a forcément des choses qui lui échappent. La société de l’information, internet, tout cela n’a pas voix au chapitre dans son monde, les masses dociles doivent continuer de pensionner des gens comme lui pour continuer d’être endoctrinées.

edito p2Refus et camouflage

On l’imagine suant et soufflant derrière une plume engagée, laborieuse, il faut sauver la RTS comme s’il s’agissait du dernier poste avancé de la presse libre ; un drapeau, un fortin, un homme et un destin. Tous les moyens sont bons pour atteindre à ce pieux dessein, à cette obligation morale, fût-ce la plus noire des censures.

Alain Maillard est, à ce propos, sans la moindre équivoque:

« Dans la version allemande d’EDITO, une place égale est donnée aux avis du nouveau directeur de la SSR et d’un représentant de l’initiative. Nous avons choisi ici de donner largement la parole au premier, et non au deuxième. Parce que les arguments des initiants sont aisément disponibles, et parce qu’il s’agit aussi de comprendre les leçons qu’en tirera le service public, chahuté comme jamais dans son histoire.« 

En un trait de plume, Maillard enterre la notion, l’idéal même de ce service public dont ses camarades nous rebattent tant les oreilles. Ils ne vont pas donner à leur audience le moyen de se forger une opinion neutre, en ce qu’elle n’a qu’à aller se la faire ailleurs, sur internet notamment. En une phrase, Maillard dit tout de la sclérose idéologique qui émascule, éteint, détruit, l’essence même de l’information. Sclérose qui a rongé la SSR au fond de ses membres et exige une réponse ferme de la population le 4 mars.

Mais cette phrase même, sans doute, était de trop. Elle disait trop des forces en présence, elle informait encore trop son public, elle a disparu de la version internet.

Comparez-vous même : PAPIERINTERNET.

Comme un signe que cette presse n’est plus apte à passer le cap de la modernité.

La neutralité a déserté le « Service public », il est temps de changer de modèle.

Georges Marie Dréselle

Source : Edito n°6/12.12.2017, p.2, extraits. 

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