Analyse: la RTS roule à gauche

Statistiques: en 5 mois d’existence, la Matinale a favorisé sensiblement le camp de la gauche et du centre pro-européen, laissant la droite, en parent pauvre, sur le carreau. Une réalité à mille lieues des récentes protestations de neutralité et d’indépendance des autorités de la SSR.

positionnement des partis suisses (LT 6.12.17)Le Bafweb a retroussé ses petites manches pour vérifier le bien-fondé ou non de cette impression latente de favoritisme à gauche des médias de service public.

Méthodologie

Pour bien faire les choses, nous nous sommes tenus à la définition de gauche et de droite que donne le « quotidien de référence » Le Temps (cf. image ci-contre, ainsi que son classement annuel des politiciens, publiés le 6 décembre dernier). A savoir: à gauche, le PS et les Verts, au centre, verts libéraux, PDC, PBD et PLR et, enfin, à droite, l’UDC.

A noter encore que La Matinale succédait, fin août 2017, au Journal du Matin, suite au départ précipité du controversé Simon Matthey-Doret – dont la réputation militante n’est plus à faire –  pour cause d’initiative No Billag et d’image à « neutraliser », sinon à redorer. La Matinale a donc pour objectif d’être la vitrine présentable, l’appartement témoin, d’une RTS pacifiée, indépendante, arbitre impartial de la parole de tous.

La Matinale reçoit deux types d’intervenants: L’invité d’actualité, s’exprimant pendant près de 6 minutes, et L’invité de Romain Clivaz, qui parle un peu plus longtemps, soit environ 10 minutes.

Nous avons distingué les invités appartenant à un parti politique, suisse ou étranger, ou issus d’associations ou sociétés clairement identifiées comme politisées (couleurs), de ceux provenant d’associations ou sociétés qui ne le sont pas (blanc). Pour ces derniers, nous nous sommes penchés sur leurs écrits ou déclarations publiques avant de leur attribuer telle ou telle couleurs. Ainsi ne suffit-il pas d’être journaliste pour être catalogué à gauche ou professeur d’économie pour se retrouver rangé à droite.

La gauche est en rouge, le centre en jaune, la droite en bleu.

TABLEAU EXCEL

Résultat

la matinaleL’image qui ressort de l’ensemble est celle, sans surprise, d’une RTS jouant clairement à gauche et au centre en défaveur d’une droite laissée pour compte.

Ainsi la gauche, qui comptabilise 26% d’élus au Conseil national, tient-elle la tête avec près de la moitié, 46%, des invités, le centre est assez égal, 41.5% d’invités pour 38.6% d’élus, la droite, en pénitence, loin derrière, ferme la marche avec un faible 12,5% contre 30.4% d’élus.

Un résultat qui semble tracer un clivage net entre partis favorables à une mainmise de l’Etat sur le pouvoir et ceux se souvenant que, par principe, ce même pouvoir doit revenir au peuple.

A cet égard, les consignes de votes de tous les partis de gauche et du centre, unanimement opposés à l’initiative No Billag, se comprennent d’autant mieux que le fruit de la redevance leur est directement favorable et que la conception d’une taxe étatique convient parfaitement à leur culture.

Ce résultat pose encore la question du sérieux du contrôle de l’OFCOM, censé prétendument garantir la neutralité du service public ; on en est loin.

Bis repetita

A ce constat, celui d’un déséquilibre massif,  gauche contre droite, à 5 contre 1, s’ajoute la récurrence d’intervention de certains « habitués » de l’antenne publique.

En moins de cinq mois d’existence, La Matinale de Romaine Morard aura reçu:

– 4 membres du très pro-européen « Institut Jacques Delors » (ces 4 personnes ne sont pas toutes invitées en cette qualité mais, si l’on considère les milliers d’associations, fondations, instituts et groupements existants, le fait que 4 invités, en cinq mois seulement, en soient membres défie toutes les probabilités) ;

– 3 représentants d’Amnesty International ;

– 3 membres de l’IHEID (le très sorosien Graduate Institute dont nous vous parlions ici) ;

– sur 14 PLR, La Matinale parvient encore à inviter 2 fois Andrea Caroni (PLR de gauche, connu pour son combat  contre les initiatives de la Marche blanche) et 2 fois Claudine Esseiva (PLR de gauche et féministe extrémiste revendiquée) ;

– sur 5 PDC, La Matinale invitera 2 fois Dominique de Buman (PDC de gauche) ;

– 2 représentants du Centre Islam et Société (UNIFR)…

SSR: la voix de son maître

En conséquence, au regard de ce qui précède, il est permis de penser que le service public « neutre et indépendant » agit clairement selon un schéma, pour de pas dire un agenda, de pensée et d’idéologie qui n’est pas celui de la droite politique, pourtant première force élue du pays.

Loin d’être proche du peuple et de ses aspirations, la ligne de la SSR apparaît donc moralement à gauche, étatiste économiquement et profondément anti-souverainiste politiquement.

Loin de nous l’envie d’empêcher les journalistes de la RTS de penser librement, mais la prétention d’indépendance et de neutralité qui leur sert de défense aujourd’hui n’est pas conforme à la réalité.

 

Adrien de Riedmatten

Illustration: Le Temps 06.12.2017.

 

1 réponse à Analyse: la RTS roule à gauche

  1. Christian Addy dit :

    Pas mal :)’

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