Le clip de campagne qui donne envie de se suicider (politiquement)

Alors que la campagne 2019 promettait d’être seulement ennuyeuse, l’UDC invente… la communication d’épouvante. 

Il ont commis ça; et Dieu que ça fait mal…

Les mânes du regretté Dick Rivers semblent s’être conjurés pour convoquer le ban et l’arrière-ban de toutes les vieilles baudruches de l’UDC parlementaire, en rang d’oignons pour le prochain tour de manège.

Une mise en scène raffinée fait défiler, sous nos yeux ébahis, les plus belles bedaines chaloupées que l’agrarisme romand ait jamais porté au pouvoir. S’ensuivent quelques allégories naïves sur un programme tellement éculé qu’il se passe bien désormais de mots, pour terminer sur le final triomphant du club des sosies de Gilbert Montagné, battant des mains au rythme entraînant du cliquetis des hanches en titane, avec Céline Amaudruz – bien sûr, toujours – en dame de compagnie exagérément motivée.

L’UDC aujourd’hui

Outre que la droite semble avoir définitivement perdu le combat de la culture, cette éminente production – qui donne quand même un tout petit peu l’envie de réclamer l’asile politique à l’Union européenne (en se dépêchant vu le temps qu’il lui reste à vivre) – dit aussi principalement deux choses.

Premièrement, la formule qui a porté l’UDC à la première place est en bout de course. L’hyperdynamisme de guérilla s’est ossifié, sclérosé – c’est la rançon du pouvoir -, tout a fait place à la tiédeur. On a plus peur de perdre que de ne pas gagner.

La faute à cette allégeance implicite au « système » symbolisée par l’absolue sidération de toute une formation devant le coup d’Etat de la non-application du 9 février. L’UDC a cédé la victoire par peur de la défaite. Le vieux général Blocher n’est pas parti au feu, ils ont tous obéi sans comprendre. Ce qui s’est passé là est plus grave que la perte du secret bancaire, la Suisse a avorté son propre Brexit et enterré jusqu’au principe même de sa souveraineté populaire. Nous ne sommes plus un pays libre et nous avons tué la démocratie directe pour des générations, et ce clip n’est que la somme visible de toutes les frustrations d’une armée débandée qui voudrait crier qu’on abrège ses souffrances et n’ose même plus.

L’UDC n’a plus rien de révolutionnaire à proposer ; sans mauvais jeu de mots, elle a perdu l’initiative. Le socio-libéralisme ayant pris soin de poutzer les centre de requérants, les plages de Méditerrannée et les statistiques du chômage le temps des élections, elle n’a plus rien à dire sinon à tenter de remâcher l’agenda écologiste sur l’air du protectionnisme. Le coup d’envoi de la campagne est à l’image de ce qui nous attend, du bruit pour remplacer le vide, un long râle d’agonie avant le couteau du boucher.

Et c’est presque dommage, car, pour ceux qui votent encore, il n’y avait plus grand-chose d’autre à voter. C’est fait, aujourd’hui, l’UDC est devenue un parti comme les autres.

AR