Pollution : Ces caves qui épandent leurs déchets industriels

Vendanges amères. Le constat effroyable de petits propriétaires devant l’avidité sans limites de certains encaveurs qui, vraisemblablement pour échapper aux taxes d’évacuation, sèment déchets plastiques et autres rebuts sur les parcelles qu’ils louent.

Les larmes aux yeux, d’une main tremblante, Jean* sort les photos des vignes de son père, de belles parcelles, bien exposées, dans sa famille depuis des temps immémoriaux. Le père les avait louées aux caves Gilliard où il connaissait du monde, « il n’y avait aucune raison de ne pas faire confiance« , ajoute-t-il.

« Sur son site, la Maison Gilliard nous parle d’héritage et de terroir, du soin qu’elle apporte à la santé des sols, au paysage. Quand je suis monté pour la première fois après la mort de mon père, ça a été un choc, une décharge à ciel ouvert à deux pas de la ville« ,  confie Jean.

Un océan de débris de plastique noir, hachés menu, de canettes écrasées, de plaques de sagex, des sacs poubelle.

« C’était là depuis longtemps, impossible qu’ils n’aient pas vu. On a dû remonter en famille pour tout nettoyer. J’ai ramassé 300 litres de déchets plastiques rien que sur les 800 premiers mètres.« 

Etranges fruits des vignes valaisannes…

Les yeux dans le vague, il continue:

« Il y avait de tout, même des enjoliveurs alors qu’aucune route ne passe à proximité. On doit amener ça à la main, à pied, il n’y a pas d’autre moyen, c’est fait exprès. Rendez-vous compte, il y avait même des sièges auto.« 

Un verre de Fendant dans une main, l’autre l’index pointé sur la photo d’une banquette automobile, Jean laisse libre cours à son indignation. Il reconnaît que les temps sont durs pour tout le monde, mais, ce qu’il n’accepte pas, c’est le mépris de la terre et, aussi, le mépris des gens.

« Quand on les a appelés, ils ont assuré n’être responsables de rien, avant de nous accuser d’avoir « fait le coup ». Des choses pareilles. Moi, ces mecs-là, c’est fini. »

Les vignes de Jean portent les séquelles de longues saisons d’abandon, mais elles sont nettoyées et donnent encore. Les hommes passent, mais notre terre, elle, reste.

*Nom connu de la rédaction

NM