Pédophilie : L’étrange combat du conseiller Reynard

 

Depuis son accession au parlement, le conseiller national socialiste Mathias Reynard s’est employé a lutter contre les initiatives de la Marche Blanche avec une constance et une persévérance qui suscitent l’admiration de ses pairs et l’effroi de tous les autres. Récapitulatif.

Les lecteurs du Baf connaissent la relation pénible que le parti socialiste suisse entretient, depuis ses origines, avec la revendication de dépénalisation de la pédophilie (ici, ici, ici) ; ce n’est pas tout de détruire la famille, il fallait encore briser l’enfance.

Dès son entrée en 2011, le benjamin du Conseil national n’a malheureusement pas fait exception, votant benoîtement les mots d’ordre du parti sans une once de regard critique.

Un peu d’histoire

Au début de ce siècle, en réaction au scandale de l’affaire Dutroux, une femme courageuse, Christine Bussat, lance la Marche Blanche pour réclamer une plus grande protection des mineurs face au fléau de la pédophilie.

En 2004, la Marche Blanche dépose son initiative « pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine« , laquelle aboutit en mars 2006.

La même année encore, Oskar Freysinger, Christophe Darbellay et Chiara Simoneschi-Cortesi déposent trois initiatives parlementaires pour lutter contre les pédophiles.

En 2005, le conseiller national socialiste Carlo Sommaruga marque, pour la première fois, l’opposition systématique de son parti en exigeant en commission qu’une distinction soit faite entre « pédophilie et pédocriminalité« .

Dès 2008, le PS, dénonçant le « populisme pénal » (TdG du 6 mars 2012) de la Marche Blanche, se battra comme un beau diable pour obstruer la moindre ligne de texte demandant que la pédophilie soit réfrénée et annuler un à un les effets des initiatives de la Marche Blanche (détail ici). L’un des combats majeurs de Carlo Sommaruga sera de faire admettre la puberté « légale » dès… 10 ans pour exclure toute qualification de pédophilie dès cet âge révolu (texte, vidéo). C’est à cette sombre entreprise que Mathias Reynard apportera son concours.

Jeune loup aux dents longues

On ne fait pas carrière sans céder une livre de son âme à ce genre de tentations. Ainsi, c’est un jeune homme de 24 ans qui se fera le fer de lance de la lutte contre le châtiment des bourreaux d’une enfance dont il sort à peine.

L’initiative « pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants » aboutit en mai 2011, Reynard est élu en octobre.

En mars 2012, l’initiative « pour l’imprescriptibilité des actes de pornographie enfantine » retourne au Parlement. Le PS se bat pour faire baisser l’âge de la protection et pour que l’imprescriptibilité ne touche pas tous les « auteurs de délits d’ordre sexuel« .

Ainsi, dans ce contexte, Mathias Reynard :

– vote pour la modification du catalogue des délits.

– vote contre l’ajout de la mention des actes d’ordre sexuel avec des enfants (art. 187 ch. 1), de la contrainte sexuelle (art. 189), et du viol (art. 190) audit catalogue.

– s’abstient sur la question de la fixation de l’âge des victimes à 16 (majorité sexuelle) ou 14 ans.

– vote pour l’abaissement de l’âge des victimes de 14 à 12 ans.

– vote contre l’abaissement à 16 ans de l’âge des auteurs d’actes pornographiques sur des enfants. Ainsi un pédophile de moins de 18 ans ne peut pas être un pédophile.

– vote en faveur du projet de loi tel que modifié par les interventions de son parti.

Dépitée, la présidente de la Marche Blanche réagira en ces termes : « Il est bien triste de voir qu’un mineur de 14 ans n’est pas considéré comme un enfant. C’est la suite logique, lâche-t-elle. Si les élus qui avaient combattu notre texte en masse avaient pu fixer l’âge à 6 ans, ils l’auraient fait !« 

En juin 2012, il vote pour le projet de loi final, dont le résultat s’est considérablement éloigné de l’esprit de l’initiative populaire acceptée en 2008.

En mars 2013, l’initiative de la Marche Blanche « Pour que les pédophiles ne travaillent plus avec des enfants » arrive au Parlement.

Alors, Mathias Reynard :

– vote pour l’entrée en matière sur le contre-projet de Carlo Sommaruga

– vote pour que l’interdiction ne concerne que les fauteurs majeurs et que sa durée puisse être déterminée par un juge (contre la proposition de la minorité I qui demandait un minimum de 10 ans).

Positionnement qui aura pour effet de provoquer le retrait des minorités II et III qui demandaient que l’interdiction de travailler en contact avec des enfants concerne tous les pédophiles et qu’elle soit systématique.

– vote une nouvelle fois pour l’ensemble de ces modifications.

– vote en faveur du rejet de l’initiative, lequel pédophilie parlement mars 2013manque de passer à trois voix et 14 abstentions. L’initiative a le soutien du Conseil national.

Lors des débats de cette session de printemps, la gauche aura prononcé les mots: « triste, horrible intolérable, scandaleux » à de multiples reprises à propos de la pédophilie et voté à 100% contre l’initiative…

Dans le peu regretté Le Matin, Christine Bussat témoigne de sa satisfaction: « Ce vote redonne confiance en la politique !« , déclare-t-elle.

Mais c’était sans compter la ténacité de Mathias Reynard.

Le 10 juin 20013, Carlo Somaruga reprend la parole pour la commission, redonne un coup d’encensoir à sa motion en passant et réitère son soutien au contre-projet du Conseil fédéral – succession de mesures propres à protéger la sphère privée des pédophiles – et son opposition à un contre-projet indirect qui irait dans le sens de l’initiative.

Ainsi, fort docilement, Mathias Reynard :

– vote contre le renvoi du projet à la commission « avec mandat d’examiner le projet en tenant compte du résultat de la votation populaire sur l’initiative« , ce qui est tout de même un comble en démocratie.

– vote pour permettre la levée de « l’interdiction complètement ou partiellement concernant une activité, le contact ou l’interdiction géographique, ceci soit à la demande de l’autorité compétente, soit à la demande de la personne concernée. » al. 4.

– idem, al. 5.

Votant ici contre un effet contraignant des dispositions mêmes que Sommaruga avait proposées dans sa motion, en dévoilant ainsi et le véritable but et le sens…

– vote contre la mention d’un ajout d’une « peine privative de liberté d’un an au moins ou d’une peine pécuniaire« .

vote contre l’institution d’un registre spécialisé des pédophiles.

– vote contre le maintien des inscriptions au casier judiciaire.

– vote contre le maintien du profil ADN des pédophiles.

– vote une nouvelle fois pour entériner l’ensemble de ces modifications.

Mgauche soutient pédophileais ce n’est pas fini, en septembre, Reynard vote contre l’entrée en matière sur l’inititiative.

– vote pour le rejet de l’initiative, soit pour le retrait du soutien qui avait été accordé en mars par le Conseil national. Le vote donnera 88 voix contre 88 et 14 abstentions. La voix de la présidente, la Verte Maya Graf, comptant double en cette occurrence, le rejet entre en force (voir article complet à ce propos). Il revotera pour continuer le rejet de l’initiative par le Conseil national (voir plus à ce propos).

Voilà l’homme qui, par une obéissance aveugle à son parti, aura voté, en à peine deux ans, plus de vingt fois pour obstruer, jusque dans le moindre détail, la défense des victimes de pédophiles et garantir les droits « fondamentaux » de leurs bourreaux. Vous cherchiez une définition de l’action du socialisme au parlement, la voici.

Noël Macé

 

Voir aussi

Mathias Reynard : Surtout n’oubliez pas de voter antisémite