Niger: Les enfants meurent de faim

Tout le monde savait depuis neuf mois que les pays du Sahel étaient menacés d’une crise alimentaire majeure. Le moins que l’on puisse dire est que les mesures de prévention mises en œuvre n’ont pas été à la hauteur… « Nous n’aurions jamais dû laisser autant d’enfants mourir au Niger », s’indigne Jan Egeland, le coordonnateur humanitaire des Nations unies. 

La tragédie qui frappe le Niger était parfaitement prévisible. L’imminence d’une grave crise alimentaire dans l’ensemble du Sahel – à cause de la sécheresse et d’une invasion acridienne (sauterelles) – avait été annoncée dès le mois d’octobre 2004.

Au Niger, le déficit céréalier atteignait à l’époque 223 000 tonnes, soit 7,5 % des besoins du pays. Neuf mois plus tard, dans ce pays vulnérable et enclavé (il est classé par l’ONU à l’avant-dernier rang mondial en matière de développement humain), près d’un quart de la population, soit 3,5 millions de personnes, est confrontée à une pénurie alimentaire qui a pris des proportions catastrophiques.

Environ 150 000 enfants affamés risquent de mourir si rien n’est fait dans les prochaines semaines. « Depuis le début de l’année, révèle Johanne Sekkenes, la chef de mission de Médecins sans frontières (MSF) au Niger, nous avons pris en charge plus de 12 000 enfants, mais au moins 10 % d’entre eux sont morts. Et la situation s’aggrave de jour en jour. Avec l’arrivée des pluies, des maladies comme la diarrhée et le paludisme ont fait leur apparition. Les enfants malnutris en sont les premières victimes ». Il s’agit, selon l’ONU, de la deuxième famine la plus grave dans l’histoire du pays.

Les dirigeants ont beaucoup trop tardé à réagir. Préoccupés par la préparation des jeux de la Francophonie, en décembre prochain à Niamey, ont-ils tenté de minimiser la catastrophe humanitaire en cours ? Dans une interview accordée à la radio La Voix de l’Amérique, au mois de juin, le président Mamadou Tandja allait jusqu’à accuser certaines ONG internationales de dramatiser la situation.

Il a fallu attendre la visite de Mohammed VI, le roi du Maroc, le 19 juillet, pour qu’il se rende enfin sur le terrain, à Maradi d’abord, puis à Tahoua et Agadez. Quant au Premier ministre Hama Amadou, ce n’est que le 28 mai, dans son discours de politique générale, qu’il a publiquement lancé « un appel angoissé » à l’aide internationale.

Certains spécialistes mettent en cause la pertinence des systèmes d’alerte, qui privilégient la stabilité du marché et surveillent davantage le déficit céréalier que l’état sanitaire des populations. Or la malnutrition ne dépend pas uniquement de l’accès à la nourriture, mais aussi de l’accès aux soins. Confrontés à une pauvreté endémique, 63 % des Nigériens vivent avec moins de 1 dollar par jour et 40 % des enfants souffrent d’une malnutrition chronique. La famine toucherait actuellement 3,5 millions de personnes au Niger, selon l’Onu.

L’aide internationale commence à arriver, mais trop lentement et trop tard, certains cas de malnutrition devenant très préoccupants. Philippe Douste-Blazy, ministre français des Affaires étrangères, dénonçait ce week-end encore «l’indifférence et l’avarice maladive des pays riches».

«Regardez, voilà ces enfants dont tout le monde se fout!», s’était exclamé samedi Bernard Kouchner, cofondateur de Médecins sans frontières, en visite dans le pays. Loin de l’autosatisfaction manifestée par les pays riches lors du dernier sommet du G8 à Gleneagles, la tragédie nigérienne traduit une nouvelle fois l’incapacité de la communauté internationale et des gouvernements locaux à répondre aux urgences humanitaires en Afrique.

Les Nations unies annoncent depuis plusieurs années la mise en place d’un Fonds mondial de 500 millions de dollars destiné à financer immédiatement les distributions de vivres. Mais ce n’est encore qu’un projet. Malheureusement, rien ne dit que le Sahel ne fera pas à nouveau l’actualité l’année prochaine…

Ne serait-il pas temps de rendre aux pays d’Afrique l’entier de leurs ressources pour les mener, une fois pour toutes, à une totale indépendance?

L’Intelligent/La Libre Belgique

Info envoyée par Tam-Tam, merci à Simon

1 réponse à Niger: Les enfants meurent de faim

  1. simon dit :

    merci aussi à la rédaction !

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