Bébé-mouette: Quid du symposium?

Tout d’abord signalons l’invitation, présentée dans la presse comme une largesse, qui ne nous pas été transmise autrement que par communiqué. Communiqué qui, d’ailleurs, place à côté de notre nom l’accusation peu vraisemblable de diffamation. Procédés petits et mesquins, qui relèvent à la fois d’un manque crucial d’éducation ainsi que d’une étourdissante étroitesse d’esprit. Nous n’avons pas à faire des gentlemen, nous nous en doutions, maintenant nous le savons.

Carton d’invitation ou pas nous irons quoi qu’il arrive, voilà près d’un mois que nous demandons des réponses à nos questions et nous espérons bien en obtenir cette fois-ci. Nous écrivons "espérons", parce que la composition de ce fameux symposium semble venir confirmer nos inquiétudes (alibi) de la semaine dernière.

Le symposium intitulé, "les limites du représentable", ce qui n’est guère présentable, réunira les personnes suivantes:

Miriam Cahn, artiste
Matthias Frehner, directeur du Musée des Beaux-Arts de Berne
Ursula Pia Jauch, professeur titulaire de philosophie et d’histoire de la culture à l’Université de Zurich
Irene Neubauer, théologienne et spécialiste en science des religions, rédactrice à la revue « Wendekreis ». Andrea Riemenschnitter, sinologue, professeur au séminaire de l’Extrême-Orient de l’Université de Zurich
Beat Sitter-Liver, professeur de philosophie pratique à l’Université de Fribourg, membre de la commission fédérale d’éthique pour la biotechnologie
Peter Studer, juriste, ancien rédacteur en chef à la télévision suisse ainsi qu’au Tages-Anzeiger, président du Conseil suisse de la presse.

Remarquons plusieurs choses: Pas un seul Romand, c’est un détail, mais, et surtout, pas un seul scientifique "matérialiste", pas un embryologiste, pas le moindre anatomiste, pas même un docteur voire un vétérinaire. Or l’essentiel des questions que nous nous posons ne relève pas de vagues notions d’art ou d’éthique, mais bien de principes d’ordre matériel: "De quoi, de qui s’agit-il, est-ce un foetus ou déjà un prématuré, que lui est-il arrivé, comment etc.?".

Nous posons une question simple, concrète, médicale et on réunit des artistes et des théologiens pour y répondre. Nous persistons à dire que, dès le départ, on se refuse à écouter et à comprendre les interrogations légitimes qui sont les nôtres. Légitimes? Parfaitement, dans le quotidien Der Bund du 09.08, au début de l’affaire, M. Matthias Frehner reconnaissait effectivement qu’un foetus n’avait rien à faire dans un musée des Beaux-Arts. Précisons que la direction en était alors à nier le fait que la tête du bébé-mouette était celle d’un foetus humain. Légitimes encore parce que le premier réflexe de la direction du musée a été de partager le sentiment commun d’horreur qu’inspire les mauvais traitements infligés à ce malheureux foetus. Après avoir noyé l’affaire dans la construction d’un fantasme d’ogre fondamentaliste, nourrissant des liens occultes avec des terroristes islamistes de Genève (ben voyons!), noyé le bébé-mouette dans le formol et la dignité humaine dans l’oubli, le Kunstmuseum de Berne cherche tout simplement à noyer le poisson.

Nous avions proposé des scientifiques, des membres d’Amnesty International, des représentants de l’art chinois contemporain et nous voilà avec un panel d’amis choisis, parmi lesquels, M. Peter Studer, président du Conseil suisse de la presse – et qui doit, par conséquent, entretenir les liens qu’on imagine avec le groupe Ringier, dont M. Uli Sigg, le collectionneur, est toujours vice-président – et ancien rédacteur en chef du Tages-Anzeiger, et qui a exprimé publiquement dans les colonnes de ce même journal un avis diamétralement opposé au nôtre; son impartialité est, par conséquent, à reconsidérer. En outre, la présence d’un membre de la commission fédérale d’éthique pour la biotechnologie, M. Sitter-Liver, n’a absolument aucun sens, c’est un membre de la commision nationale d’éthique en matière de médecine humaine qu’il fallait inviter.

Que va-t-il se passer? Le musée va se donner bonne conscience sous l’oeil complaisant des caméras de Ringier et décider, de son propre chef, comme toujours, de remettre en place l’oeuvre "censurée"; les islamistes genevois à cause desquels on l’avait si subitement retirée ayant annoncé leur intention de faire grève dès le 22 août prochain.

Nous continuons de penser que le symposium n’est ni neutre ni même représentatif des opinions en lice. Nous continuons de penser que, dès le début, les autorités du musée n’ont pas joué franc-jeu mais ont usé de toutes les manoeuvres possibles et inimaginables pour se dédouaner coûte que coûte. Nous continuons de dire que nous nous rangerons aux raisons données par MM Xiao Yu et Uli Sigg sur les origines et le transport des composants de l’oeuvre que lorsque ceux-ci auront fourni des preuves tangibles à l’appui de leurs assertions.

Vous êtes tous cordialement invité à venir vous exprimer, le lundi 22 août dès 19h00, au musée des Beaux-Arts de Berne (à deux pas de la gare Hodlerstrasse 12), une fois n’est pas coutume alors profitez-en.

1 réponse à Bébé-mouette: Quid du symposium?

  1. jacques dit :

    Manque d’éducation ? Il faut se méfier de ce genre d’évaluation qui peut se retourner ensuite !
    En tout cas, une réunion à haut risque.

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