Bébé-mouette: Les vérités de Matthias Frehner

Au rythme de quasiment une interview par jour, l’impayable mais néanmoins lourdement subventionné Matthias Frehner continue de répandre sa vision psychédélique de la réalité dans toutes les filiales Ringier des feuilles de chou d’une capitale bernoise désormais submergée par l’art, sans mauvais jeu de mot (1).

Dans la Berner Zeitung d’hier, la journaliste a tout de même la présence d’esprit de poser certaines questions intéressantes, les réponses valent leur pesant d’art contemporain:

Noter tout d’abord que le musée ne craint pas de se féliciter de l’unanimité des intervenants choisis… rien moins que par lui-même, ce sentiment nous a été répété par le conservateur; il ne faut tout de même pas manquer d’un certain toupet. Qu’ils la jouent Soviet Suprême passe encore, mais qu’ils commencent à feindre la surprise et l’étonnement, on comprend qu’ils ont trop souvent l’habitude de s’adresser à des gogos.

Bref, la journaliste exprime sa surprise, qui a été la nôtre, de ne pas nous avoir vu sur le podium. Réponse de Frehner: "Nous ne voulions pas que le débat soit concentré sur ses questions, il reconnaît par là n’avoir jamais voulu y répondre! mais plutôt développer une discussion sur des questions éthiques avec des experts et sur comment un musée est censé traiter un objet d’art comme celui-ci"

"Malgré tout, pourquoi ne pas l’avoir invité sur le podium?". "Sur le podium il y avait des spécialistes et ces spécialistes ont aussi discuté des questions soulevées par AdR. Toutefois certains participants ne seraient pas venus au podium, si AdR avait participé". On admirera l’ouverture d’esprit de ces intellectuels de pointe et l’aura de sacralité dont se trouve revêtu le terme "spécialiste". Pauvre Adrien, tu ne peux pas comprendre, c’est écrit dans les livres… Ce terme de spécialiste prend d’ailleurs tout sons sens si l’on se remémore la piètre prestation d’une "artiste" du genre de Mme Cahn, dont la seule spécialité, d’ailleurs, réside dans une série interminable d’autoportraits dans le plus simple appareil, ce qui, après plusieurs décennies de pratique des critères vestimentaires du MLF, frise la plainte pénale pour représentation de l’horreur avec préméditation.

"Pourquoi pas (pourquoi ces vénérables spécialistes auraient-ils refusé de venir) ?". "Parce qu’ils voulaient discuter de façon professionnelle et objective", comprendre sans contradiction. Non, ce n’est pas le passage sur la Loubianka du tome premier de l’Archipel du Goulag, il s’agit bien de la conception du débat, en 2005, dans une des plus vieilles démocraties du monde…

"Avez-vous peur de perdre des subventions". Tenez-vous bien, c’est là que ça devient drôle: "Non, mais cette affaire nous apprend qu’une institution peut perdre des moyens et de la confiance si elle n’est pas disposée à un discours très large (!). A mourir de rire… ou d’effroi. Pour cette raison nous avons été de l’avis depuis le début, de laisser des professionnels discuter des reproches qui nous étaient faits". Comme on laissera ensuite à d’autres le soin de régler nos erreurs. Le BAF aurait dû le comprendre dès le début, le Kuntmuseum ne saurait être remis en question de quelque façon que ce soit; cela est tout simplement impossible. Nos questions sont fatalement condamnées à flotter éternellement dans l’espace, elles n’ont pas d’existence en soi, elles ne sont pas de l’"art", quelques médias en parleront, des professionnels en débatteront, mais leur essence n’en sera pas plus affirmée pour autant. M. Frehner semble ne nous dire qu’une seule chose en somme: Ego sum qui sum!

"La majorité était pour vous, pensez-vous que c’était représentatif?". "Je pense que oui", et nous pensons, au contraire, que non. Nous pensons qu’une ou deux classes d’histoire de l’art amenées de force, les actionnaires du conseil de fondation et quelques pensionnaires de la maison de retraite du quartier libérés pour la soirée ne constituent pas forcément un panel particulièrement représentatif de la société helvétique. Nous nous contenterons de renvoyer à ceci.

Suit le désormais passage obligé sur le terrorisme islamiste – à ce propos, nous tenons à mettre un point final aux rumeurs accusant le BAF d’avoir affrété un bombardier furtif dernière génération pour contrecarrer les décisions du musée, de même que celles nous reprochant une tentative de noyer la capitale fédérale sous les flots courroucés de l’Aar (blague à part, toute notre sympathie va à nos amis Bernois et de Suisse centrale évacués ou ayant eu à souffrir des inondations) – le sketch désormais célèbre de notre soi-disante mise en accusation d’avortement forcé de Xiao Yu en personne et autres fadaises outrancières qui donnent à penser que M. Frehner a pour l’art le même amour qu’il porte à la vérité.

(1) Pour nos amis français, le fleuve qui traverse la belle ville de Berne est appelée l’Aar, et ses habitant en ont plutôt jusque-là ces temps-ci, rapport aux inondations.

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