Bébé-mouette: Petit tour du côté des contradictions du Kunstmuseum

Ras-le-bol des contre-vérités de M. Frehner et compagnie, fatigué de lire toujours les mêmes erreurs dans les médias Ringier? Petit digeste des inexactitudes de la communication du Musée des Beaux-Art.

Art:
L’installation Ruan est de l’"art", mais tous les "experts" du symposium s’entendent pour dire que l’oeuvre de Xiao Yu représentant deux souris vivantes cousues l’une à l’autre n’est pas de l’"art". Cf. art BAF 09.08 et 23.08.

Censure:
1. Notre plainte serait une vulgaire entreprise de censure: M. Bernhard Fibicher, reconnaît dans l’émission Forum du 09.08 (dès 28’25) n’avoir subi aucune pression et que le retrait temporaire est conséquent à "une décision du Musée lui-même et du Conseil de Fondation". Néanmoins cela ne l’empêche pas  de déclarer dans la foulée "Je ne parlerais pas de censure, mais, disons, c’est un cas d’autocensure sous pression (les mêmes pressions niées la minute d’avant)". Cf. art BAF 10.08.

Une plainte n’est pas une censure, notre volonté n’était pas de censurer mais, au contraire, de prévenir une censure ultérieure (cf.  sf1 08.08; tsr 09.08), malgré nos déclarations, l’accusation de censure a été reprise par les médias Ringier, cf., par ex., art. Le Temps 10.08: "Le fœtus, la mouette et le censeur" etc.

2. Le soir du symposium, M. Matthias Frehner a nié  (cf. enregistrement du symposium Teil 2 n° 107-112) avoir censuré la presse, la Berner Zeitung en l’occurrence (petit article tout au fond). Cf. art. BAF 16.08.

Diffamation:
1. Le Kunstmuseum aurait posé plainte pour diffamation contre nous. L’annonce en est faite le samedi 13 août, via communiqué de presse. Le mardi 16, Mme Ruth Gilgen nous assure par téléphone que la plainte a été déposée la veille, se dit prête à nous communiquer le texte de la plainte mais, finalement, n’en fait rien. A ce jour, absolument aucun document ne nous est parvenu, le délai est étonnamment long.

A notre sens, cette annonce d’une plainte pour diffamation tient de la manoeuvre pour discréditer notre discours et relève de la dénonciation calomnieuse et de l’atteinte à l’honneur.

2. A de nombreuses reprises depuis l’annonce de ladite plainte, MM. Frehner et Sigg nous accusent de diffamer les responsables du Kunstmuseum et l’artiste chinois Xiao Yu. Le soir du symposium du 22 août et le lendemain, dans une interview accordée à la Berner Zeitung, M. Matthias Frehner nous accuse de diffamer Xiao Yu en lui reprochant d’avoir contraint une femme à l’avortement en vue de l’obtention de la désormais célèbre tête du fameux bébé-mouette: "Herr de Riedmatten hat auf seiner Homepage zeitweise diffamierende Vorwürfe gegen den Künstler erhoben, die auch uns betroffen haben. Er hatte behauptet, Xiao Yu habe eine Frau zur Abtreibung gezwungen, um an den Fötus heran zu kommen. Das ging für mich eindeutig zu weit, das hat mich sehr betroffen gemacht". En date du 27.08, Martin Haslebacher, de la rédaction en chef de la Berner Zeitung, publie une correction qui mérite qu’on s’y arrête un peu: Non seulement la rédaction reconnaît que nous n’avons jamais ni dit ni publié semblable accusation, mais elle s’enquiert auprès de M. Frehner de ses sources. Ce dernier prétend avoir lu l’énoncé diffamatoire dans le texte de notre plainte. La rédaction, bien obligée de constater qu’il n’en est rien en conclut alors que M. Frehner… ne dit pas la vérité.

N’empêche que cette accusation a fait sensation le soir du symposium. Cf. art. BAF 24.08.

3. Dans le Bund du 27.08, M. Sigg reprend à son compte les accusations infondées de propos diffamatoires publiés sur notre site web et nous reproche d’avoir crée un climat de menace pour l’oeuvre ("US: Mit verschiedenen Diffamierungen auf seiner Internetseite hat er ein Klima geschaffen, das für diese Arbeit eine Bedrohung darstellt. B: Sie haben Angst davor, dass «Ruan» zerstört werden könnte? US: Das könnte zum Problem werden"; énôrme!). Nous pensons, quant à nous, que le premier facteur d’exposition de l’oeuvre n’est pas notre réaction mais bien son exposition.

Foetus:
1. Ce n’est pas un foetus: "Nous ne sachons pas que cette oeuvre contienne la partie d’un foetus humain. Personnellement, je trouverais aussi cela problématique si tel devait être le cas", déclare M. Matthias Frehner, le 07.08 aux journalistes de la DRS (sf1 08.08), lequel ajoute, deux jours plus tard, devant les caméras de la TSR: "Personnellement, j’ai pensé qu’il s’agissait d’une fausse tête de foetus que l’artiste, selon la tradition, avait modelé en cire pour faire illusion" (tsr 09.08).

"Pour moi, le doute persiste: j’y vois aussi la tête d’un petit singe", déclare Bernhard Fibicher, au Matin du 08.08. (cette autre déclaration dans le même article: "Je préférerais que l’artiste ne réponde pas clairement à notre question", laisse songeur quant aux intentions réelles du Kunstmuseum d’apporter des réponses à nos questions)

Comment MM. Frehner et Fibicher expliquent-ils leurs doutes alors que la nature humaine de la tête du foetus était clairement définie dans le catalogue de la Biennale de Venise (2001) par la Pr. Monica Dematté, conservatrice au musée d’art contemporain de Shanghaï, laquelle parle sans détour de "foetus prématuré"? Cf. art. BAF 09.08 avec photocopie du catalogue.

2. Autre fait marquant, quand le journaliste du Bund affirme qu’il a toujours été de notoriété publique que la tête du bébé-mouette était celle d’un foetus, Uli Sigg lui répond qu’en effet, c’est bien la vérité, "Je connais bien l’artiste et me suis entretenu avec lui de ce travail" (B: Herr Sigg, Ihnen war doch immer klar, dass das Kunstwerk «Ruan» Teile eines echten Fötus enthält. US: Das ist richtig. Ich kenne ja auch den Künstler und habe mit ihm über diese Arbeit diskutiert).

On s’interrogera alors sur l’opportunité des déclarations au point 1., comme on s’interrogera sur la prétendue ignorance et sur la conviction de leurs auteurs.

3. Dans le Bund du 09.08 on lit ceci: "Für Frehner ist klar, dass für eine Installation mit einem echten Fötus kein Platz in der Ausstellung sei: "Es gibt in der Sammlung Sigg ein paar Objekte von Künstlern, die mit Tabus spielen. Auf diese Werke haben wir ganz bewusst verzichtet"". Remarque d’ailleurs critiquée dans le même quotidien, en date du 27.08, par le collectionneur Uli Sigg. M. Frehner reconnaît par conséquent qu’un foetus n’a rien à faire dans une exposition et que certaines oeuvres ont été écartées selon des critères tout autres qu’artistiques. Nonobstant l’évidence de cette déclaration, M. Frehner n’a pas craint de nier, devant plus de 400 personnes, avoir tenu de semblables propos (cf. enregistrement du symposium Teil 2 n° 118-122. N° 122, faute de micro, on entend à peine la réaction indignée d’un auditrice qui lui rappelle exactement ses propos, la médiatrice lui demande alors de se taire). Cf. art. BAF  19.08 et 24.08.

Menace:
Pour justifier du retrait de l’oeuvre, les autorités du musée ont très vite argué de menaces téléphoniques d’hypothétiques islamistes genevois, menaces jamais démontrées au demeurant (par ex: Blick 09.08, Embryo auf Möwenkorper, der Bund du 12.08 et Bernhard Fibicher dans Forum [dès 28’25] du 09.08). Ces accusations sont dénuées de toute vraisemblance, a-t-on jamais vu des actes de terrorisme islamiste dans les musées ou contre l’art pour des objets ne s’en prenant pas directement à l’Islam? Ces accusations ont surtout servi à faire l’amalgame entre fondamentalisme islamiste, chrétien du sud des Etats-Unis et notre personne. Nous serions curieux de connaître quelques exemples de terrorisme chrétien dans les musées suisses… Cf. art. BAF 13.08

Plainte (v. aussi Diffamation):
1. Lors du symposium, M. Matthias Frehner a assuré à l’assemblée que notre plainte avait été jugée irrecevable par la justice bernoise (information reprise telle quelle par l’émission Forum [dès 37’30] du 23.08). Aujourd’hui, soit six jours plus tard, cette "information" reste toujours invérifiable. Ni la rédaction du BAF, tout de même la première concernée, ni notre avocat avons été informé de ce fait. M. Frehner aurait-il des liens privilégiés avec la justice (Le musée et le tribunal sont voisins de palier sur la Hodlerstrasse)?

2. Lors du même symposium, M. Peter Studer a démonté de façon arbitraire la légitimité de ladite plainte en évitant soigneusement de mentionner les avis de droit de MMee Bonnant et Bruchez et en accordant une confiance aveugle, mais néanmoins absolue, dans les justifications de l’artiste Xiao Yu nonobstant son degré d’implication.

Si l’on considère l’avis de Me Bruchez, mais, et, surtout, la qualification de "foetus prématuré" par la Pr. Monica Dematté, l’on est alors en droit de considérer le foetus du Kunstmuseum comme un être humain ayant vécu et pouvant bénéficier, par conséquent, des dispositions attachées à l’art. 262 du CPS définissant le droit à la paix des morts.

Réaction/Scandale:
1. Les responsables du Kunstumuseum (par ex. M. Bernhard Fibicher dans l’émission Forum [dès 28’25] du 09.08) et M. Uli Sigg (par ex: der Bund 27.08) prétendent dans de nombreuses interviews que l’exposition de l’installation Ruan lors de la Biennale de Venise en 2001 n’avait alors suscité aucune réaction. C’est faux, La journaliste Charis Dunn-Chan qui a couvert l’exposition de la 49e Biennale de Venise pour la BBC a rédigé un article, daté du 17 juin 2001, intitulé "Dark visions at Venice Biennale", "Sombres visions à la Biennale de Venise": "Les corps de rongeurs avec des ailes d’oiseau sont extraordinairement inconfortables.  Mais avec (arrivés à celui qui a) une vraie tête de foetus sur l’un d’eux, certains visiteurs couraient vers la sortieL’éthique de son travail semble très discutable (l’intégral en anglais ici). Cf. art BAF 10.08.

2. Les mêmes prétendent que notre réaction à l’exposition est la première voire la seule (par ex. swissinfo 22.08). C’est faux, "on a très vite remarqué qu’il y avait vraiment des réactions", nous confie Mme Ruth Gilgen, porte-parole du Kunstmuseum, qui mentionne en outre, dans notre interview audio du 03.08,  la réaction d’un visiteur, lequel aurait demandé le retrait de cette oeuvre, et celle d’une classe d’élèves qui auraient éclaté en sanglots devant le foetus à corps de mouette. Cette dernière information est confirmée au quotidien le Matin en date du 07.08.

En outre, les sujets télévisés publiés à ce propos montre bien les réactions du public: Cf.  sf1 08.08; tsr 09.08.

2 bis. Dans le Bund du 12.08, ainsi que le soir du symposium, M. Matthias Frehner a déclaré que contrairement à nos "allégations" jamais aucun élève n’avait fondu en larmes devant l’oeuvre ("Entgegen der Behauptung von Adrien de Riedmatten sind in Bern keine Schulkinder vor dem Werk in Tränen ausgebrochen"). Cf. art. BAF 13.08.

3. Au chapitre des réactions, le musée a soigneusement oublié de mentionner celles de la SPA du canton de Vaud et de MM. Visson, Buache et Frey.

En conséquence, nous en concluons que tant les autorités du Kunstmuseum que M. Uli Sigg ont une conception extrêmement personnelle de la vérité.

[Correction du 30.08: lundi 15 a été corrigé en mardi 16]

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *