Le gouvernement russe trouve aussi que ses policiers sont des rustres

Après un "raid d’inspection" dans les régions de Volgograd, de Voronej, de Saratov et de Tambov, le ministre de l’intérieur russe et premier flic du pays, Rachid Nourgaliev, s’est déclaré choqué par le nombre d’infractions à la loi commises par ses subordonnés et leur aspect moral et vient de publier en réaction un Message spécial intitulé "Code d’honneur du milicien (policier, ndlr)".

->  [photo]: Selon leur propre ministre, les policiers russes n’auraient pas grand-chose sous la casquette (pourtant fort spacieuse).

Le ministre exige des miliciens qu’ils fassent preuve de courtoisie et de sollicitude, qu’ils cessent de tourmenter les citoyens avec des contrôles inutiles, qu’ils apprennent l’éthique et donnent par tous les moyens une image positive de la milice.

Publié sur le site officiel du ministère de l’Intérieur, ce document laisse pourtant entrevoir l’aspect véritable de la milice. Le général Nourgaliev reconnaît que la structure fait appel à des gens "ayant une culture personnelle étriquée et un niveau d’instruction peu élevé". On trouve même dans la milice "des personnes qui ont fait de leur mission une source d’enrichissement illicite". Le ministre exige de ses subordonnés "qu’ils considèrent que leur mission première est la protection de la vie, de la santé, des droits et des libertés des citoyens, de la propriété, des intérêts de la société et de l’Etat face aux atteintes criminelles". Et bien ça promet!

Le ministre souligne en même temps le "caractère inadmissible des comportements illégaux, cruels ou dégradants, indépendamment des objectifs poursuivis, des circonstances et de la personnalité du criminel présumé".

Les sondages auprès de la population sont catastrophiques. L’institut de sondage Levada-Centr, révèle que les Russes placent les miliciens et surtout la police de la route en tête de leur liste des "professions criminelles", juste devant les bandits, les trafiquants de drogue et les terroristes.

38% des Russes interrogés disent que les miliciens exercent "le métier le plus criminel", et près de 60% des interrogés pensent que les actes de violence de la part des miliciens sont pratique courante.

Arbitraire, grossièretés, refus cynique de remplir leurs obligations professionnelles, rançonnement sont monnaie courante. Vladimir Poutine, dans son Message annuel au parlement du pays, a attiré l’attention sur le problème : "Nous avons besoin d’organes de sécurité dont tout honnête citoyen puisse être fier au lieu de passer de l’autre côté de la rue en voyant des policiers". Ces propos datent du mois de mai, mais rien n’a malheureusement changé depuis. 

En Ukraine, le président Youchtchenko a supprimé la police de la route locale dont les agents rançonnaient presque ouvertement les conducteurs de véhicules. En Russie, ce problème préoccupe depuis longtemps des députés et les défenseurs des droits de l’homme, ainsi que le Comité anticorruption, dirigé par le politologue Gueorgui Satarov. Pourtant, le caractère fermé du ministère de l’Intérieur, le niveau intellectuel extrêmement bas de beaucoup de miliciens vouent à l’échec toute tentative de réforme dans cette structure.

Dans la situation actuelle, commentent les analystes de l’agence Ria Novosty, le "problème de la milice" dont le danger ne cesse de croître aussi bien pour la société que pour le pouvoir est en mesure non seulement de tourner en déception cruelle pour le "parti du pouvoir" aux législatives de 2007 mais aussi de provoquer une vague spontanée de protestations et de désobéissance civile. En un mot, la milice qui est restée depuis sa naissance l’"organe punitif" de l’Etat doté d’une structure intérieure de type "soviétique" s’est avérée incapable de servir les intérêts de l’individu et pourrait bien être remplacée par une police qui emploiera des d’experts civils. Et cette idée a déjà été débattue en Russie au niveau le plus élevé. Seulement, pour la réaliser, l’Etat manquait de ressources dans le passé. Ce qui n’est plus le cas aujourd’hui.

Ria Novosty

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *