Michel de Poncins: L’ENRICHISSEMENT PAR LES CONTRATS

Votre argent vous intéresse

l’économie de marché expliquée à tous

Bernie Ebbers était l’incarnation du rêve américain :  il avait, avec un simple diplôme d’éducation physique, créé, à force de travail de chance et de talent, une firme dans les télécom dont la valeur a atteint le chiffre incroyable de 200 milliards de dollars : c’était World Com. Mais il se laissa aller à faire de  faux bilans et fut condamné à 25 ans de prison. Le 17 octobre, sans doute après des essais de ses avocats pour le sortir du pétrin, il a passé sa première nuit en prison.

Ce fait montre une fois de plus l’importance des contrats et du respect des contrats dans une économie de marché. Il n’a pas respecté le contrat de société qui implique la clarté dans les bilans et fut durement sanctionné.

L’économie de marché est formée de millions, de milliards de contrats dans tous les domaines, en tous lieux, à toute heure et chacun de ces contrats augmente la richesse des contractants et donc la richesse générale. Un premier contrat peut conduire à bien d’autres contrats. 

Quand on évoque les contrats, on pense d’abord au contrat de base : achat-vente. Quelqu’un produit des tomates, elles sont au bord de la route et si un autre ne les achète pas, elles seront perdues; la vente se réalise et déclenche l’enrichissement mutuel, le producteur étant  satisfait et le consommateur aussi : la richesse générale a augmenté.  

Remarquons dès maintenant que la richesse augmente non seulement par la satisfaction mutuelle, mais aussi par la spécialisation. Si le producteur de tomates peut se spécialiser dans ce travail, c’est parce d’autres, menuisiers ou charcutiers eux-mêmes spécialisés, viendront acheter des tomates. La possibilité de se spécialiser est un immense facteur de richesse, le travail étant fait de mieux en mieux.  

Au-delà de ce contrat de base, il en existe des milliers, des millions  de natures diverses : location, contrats de société, contrats de recherche, contrats de travail. A chaque fois, il y a un plus. Si un propriétaire donne en location un appartement, il obtient un loyer qui l’aide à vivre ou à investir et il  fait plaisir à quelqu’un qui se trouve logé !  

La preuve d’un contrat varie à l’infini, selon les périodes historiques, les lieux, les métiers. Sur telle foire ancienne, le « tope-là » formait le contrat et cela se pratique encore sur certaines foires. Dans les anciennes habitudes des agents de change en France, tout reposait sur la parole.  Dans la Chine d’aujourd’hui qui découvre le capitalisme, beaucoup de contrats reposent sur la parole : des acheteurs occidentaux réalisent des affaires importantes avec leurs fournisseurs chinois sans contrats écrits.  

En France aujourd’hui c’est généralement l’écrit qui forme preuve avec parfois la nécessité de « date certaine » dans un formalisme précis. On voit se développer aussi les contrats par internet avec validation de signature.  

L’effet de richesse provenant d’un contrat ne se vérifie pleinement que si la liberté de choisir et de contracter existe sans entraves. La grande distribution d’aujourd’hui nous offre, en particulier grâce à la mondialisation, une immense possibilité de choix, d’où une adaptation très fine et  permanente aux besoins détaillés de chacun.  

Kravchenko, l’auteur de « J’ai choisi la liberté » et qui paiera de sa vie ce choix, raconte que, la première fois qu’il alla aux USA et qu’il visita un grand magasin, il fut tellement sidéré de l’abondance des choix qu’il crut que le magasin était réservé aux « chefs », comme les « magasins spéciaux » qu’en URSS seuls les membres de la Nomenklatura pouvaient fréquenter.   

L’absence de choix conduit à l’absence de liberté et à un appauvrissement du contrat. Quand, par exemple, des fonctionnaires ou élus interviennent dans le contrat, ils en vicient la nature et diminuent l’effet richesse; Balladur, vrai socialiste camouflé en homme de droite, avait donné une prime pour acheter des appareils ménagers : la « balladurette ». Les bénéficiaires ne savaient pas que le même Balladur leur enlevait par les impôts pour nourrir le système plus que la prime ! Mais, surtout, ils étaient conduits à acheter des appareils ne leur convenant pas forcément ou à une date qu’ils n’avaient pas choisie.  

La liberté conduit à la responsabilité. L’économie de marché est un univers de personnes responsables et qui se grandissent comme tels. Ce facteur est en soi une cause de richesse : voyez les H.L.M souvent dégradées. Pourquoi les habitants en prendraient-ils soin, dès lors qu’ils les reçoivent sans contrats ou avec des contrats biaisés ?  

Les contrats n’ont de  valeur véritable que si la justice poursuit ceux qui ne les respectent pas. Cela implique que la justice existe, qu’elle soit bien rendue  à une vitesse raisonnable, et que les faibles y aient accès facilement.  

Cette description est inquiétante pour la France, car aucun de ces critères n’y est observé et bien des pays voisins doivent être logés à la même enseigne.  La dégradation de la justice est une des causes majeures bien que rarement  citées de la paupérisation.  

A l’opposé de l’économie de marché se trouve l’économie administrée qui, en sa forme ultime, est le communisme. La vérité économique est définie par en haut avec le secours de la force publique. A la base, c’est le mensonge : personne n’est content ou satisfait, l’économie s’écroule, les plus malins cherchant à se débrouiller par la corruption et le marché noir.  

Les milliards de contrats librement débattus sont la base de la pyramide de la richesse.

Michel de Poncins

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