Michel de Poncins: L’ENTREPRISE : UN PHARE DANS LA NUIT

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l’économie de marché expliquée à tous

Traiter de l’entreprise en quelques lignes est une gageure. Il faudra y revenir. Pour aujourd’hui, restons à l’essentiel.

Les contempteurs du capitalisme critiquent l’objectif unique de l’entreprise qui est et ne peut être que le profit. En écrivant « unique », je sais que j’attire des foudres : et le personnel, ne faut-il pas assurer son bien-être ? Il est nécessaire cependant de maintenir la formule : d’autres objectifs respectables ne sont que des objectifs seconds, voire des moyens et le seul objectif est le profit qui, par voie de conséquence, autorise la satisfaction d’autres buts.

Définir ainsi l’entreprise, c’est mettre le doigt sur le principal qui montre comment l’entreprise crée la richesse, laquelle seule au bout du compte nourrit et les riches et les pauvres.

Quelle que soit la forme de l’entreprise, société ou petit commerce, quelle soit sa dimension, firme de 100 000 personnes ou affaire artisanale, l’on trouve toujours dans son dessein initial et ensuite dans son fonctionnement quotidien, le rassemblement de moyens qui sont épars.

Les moyens peuvent être des hommes, des clients potentiels, des fournisseurs, des terrains, des machines, des immeubles, des procédés, des relations diverses et bien d’autres encore. Ces moyens ont une valeur quelconque lorsqu’on les considère séparément avant la création de l’entreprise et on peut théoriquement,  bien que ce soit compliqué, évaluer leur valeur totale.

Le fait nouveau est que l’entrepreneur les rassemble et, par la magie de leur rassemblement autour d’un but commun, ils acquièrent une valeur plus grande pour la collectivité, dans la mesure évidemment du succès, c’est-à-dire des services rendus aux clients potentiels.

C’est la différence qui fait le profit c’est-à-dire la richesse nouvelle. Le profit total pour la collectivité peut être très différent du profit affiché dans les comptes, lequel obéit aux principes comptables qui sont réglementés par la loi ou  l’usage.

Sous cet angle, l’entreprise est comparable aux contrats qui eux aussi créent de la richesse par leur existence même. L’entreprise est une pyramide de contrats.

Bien entendu, pour assurer le succès, il faut que dans le temps, la magie continue : si les salariés sont malheureux, les meilleurs quitteront l’entreprise, les clients se lasseront, le château de cartes tanguera et parfois jusqu’au dépôt de bilan. Si, au contraire, le talent de l’entrepreneur sait retenir les salariés, intéresser les fournisseurs, les banquiers, les clients, l’entreprise grandira jusqu’aux  exemples fameux que toute l’histoire économique nous offre de tous temps.

L’économiste autrichien, Ludwig von Mises, disait que « l’entrepreneur avait le coup d’œil plus prompt que la  foule ». C’est exact, mais au coup d’œil il doit ajouter une foule d’autres qualités et talents : meneur, négociateur, commerçant… .

L’entreprise a deux besoins essentiels pour réussir : la liberté et la sécurité juridique. Si les pouvoirs publics ne lui offrent pas ce terreau, elle ne joue plus son rôle ou le joue imparfaitement.

La liberté, c’est la faculté de réaction immédiate et totale. Dans un univers éternellement mouvant, l’adaptation doit être très rapide. La sécurité juridique c’est l’assurance que les efforts seront récompensés, le chef d’entreprise décidant ensuite librement de l’affectation des profits. Dans les textes de la doctrine sociale, l’Eglise, les Papes ont beaucoup insisté sur la nécessité de la sécurité juridique.

L’on mesure alors l’inanité de la politique industrielle de la France, telle que le président Chirac vient de la confirmer en désignant des secteurs qui seraient soi-disant protégés et où les investisseurs étrangers ne pourraient pas venir ou, sinon, avec de grandes difficultés. Cela veut dire, que dans ces secteurs très importants, les entrepreneurs n’auront plus ni la liberté ni la sécurité juridique. Le résultat sera l’inverse de celui qui est recherché : les personnes qui s’intéressent à ces secteurs déserteront la France pour aller opérer ailleurs.

La floraison des immenses progrès techniques réalisées par les hommes depuis les diverses révolutions industrielles ont toutes été le fait d’entrepreneurs et jamais le résultat du travail de fonctionnaires.

L’entreprise est une communauté intermédiaire très performante au service du corps social.  Elle joue d’une façon étonnante et permanente un rôle de découverte à la recherche de nouveaux possibles : c’est un phare dans la nuit.

Michel de Poncins

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