Cannabis: L’élixir du socialisme

Vendredi dernier, le cadavre du lobby du chanvre, fatigué du pissenlit, s’est fendu d’un rappel devant la coupole à l’occasion de la remise des 105.000 signatures, en lieu et place des 500.000 annoncées préalablement, du comité d’initiative pour la libéralisation du cannabis, dont le site, tenez-vous bien, s’intitule « protectionjeunesse.ch », ce qui ne laisse plus aucun doute sur le taux de THC circulant dans les veines de ses instigateurs.

Surfant sans complexe sur cette nouvelle déferlante de démagogie opportuniste, on retrouve, fidèles au poste, la (plus très) verte Anne-Catherine Ménétrey-Savary et la conseillère nationale-socialiste Géraldine Savary, deux obsessionnelles compulsives de la dépénalisation, hyperactives, il y a peu, dans la campagne de libéralisation dure de l’avortement; et nous verrons que cela n’est pas sans rapport.
On vous fait grâce de l’argumentation fumeuse de ces deux Mères courages de la politique qui fait rire, laquelle se résume en deux points qui n’ont rien de franchement limpide: 1. Le cannabis c’est mauvais, c’est pour cela qu’il faut dépénaliser. 2. Ce n’est qu’une fois le cannabis dépénalisé que l’on pourra faire de la prévention.
Mme Savary est en effet convaincue que les boutiques de fumette thérapeutique feront de la prévention, tout comme elle doit être convaincue que les rave party sont des centres de désintoxication et le Sénégalais du hall de la gare un stagiaire de Médecin sans Frontières; on pourrait s’attarder longuement sur les ravages du socialisme sur le cerveau humain et les complexes oniriques du socialo-dépendant, persuadé que le monde entier ne saurait penser autrement que sous l’influence de ce puissant hallucinogène.
On vous fera grâce, de même, des circonvolutions scientifiques brassées en guise d’excuses par une droite presque navrée d’oser ne pas être d’accord, la capacité de rétention du THC par les graisses du cerveau et autres vérités essentielles, pour nous concentrer sur un point unique: Mais à qui donc profite le crime?

Un argument a fait long feu sur les prospectus de cette secte de botanistes festifs, l’exemple de la Hollande: Les Pays-bas ont en effet réduit considérablement leur dette nationale en taxant lourdement les ventes de chanvre dans ces fameux coffee shops connus de toutes nos chères têtes blondes en voyage de classe sur les traces de Brueghels père et fils et autres Van Gogh. Argument discrètement écarté depuis parce que trop froidement utilitariste, autoriser ce qui est mauvais sous prétexte de recettes faisait trop « salaud de capitaliste ». N’empêche que la perspective de nouvelles rentrées fiscales exerce un pouvoir aphrodisiaque bien réel sur tout psychisme politique contaminé par le bacille du gauchisme. Instinct de reproduction, fiscale, et instinct de survie, la taxation universelle étant la seule façon de permettre au système de se maintenir en démocratie: promettre l’impossible avec de l’argent qui n’existera jamais.
Cela dit, l’argument fiscal se mord la queue, le marché clandestin a 40 ans d’avance sur l’Etat, quand on connaît les appétits de celui-ci, qui à part quelque touriste amusé ira chercher sa boulette de shit à 250% dans les débits autorisés?

Deuxième point, si la droite se complaît dans une dialectique du « réveil » citoyen, la gauche ne se plaît, elle, que dans les volutes baroques d’une totale anesthésie. Guère étonnant alors qu’elle se soit emparée en premier de l’école et de l’artillerie médiatique, histoire de mieux brûler les nerfs, d’insenbiliser dès l’enfance, d’écraser dans l’oeuf toute velléité de réaction.
Evolution d’une pensée socialiste qui a compris, après 70 ans de barbelés que la souffrance réveillait, alors que l’hédonisme soumet. Après avoir goûté à la coupe du monde libre, Soljenytsine aura cette amère constatation: « On asservit les peuples plus facilement avec la pornographie que par des miradors ».
Le cannabis n’est qu’une arme de plus sur la liste des addictifs dans le plan d’un retour forcé en enfance du citoyen -la Ritaline du peuple, en quelque sorte- une arme puissante vers le renforcement de la dépendance vis-à-vis de l’Etat d’un citoyen trop occupé à jouir, ou simplement à vivre, pour se soucier de la chose publique, qu’il confiera alors volontiers au grand timonier du moment, seul responsable de l’ordre social.
Une société d’êtres clos, fiscalement adultes mais politiquement enfants, tenus d’une main de fer par une presse, un enseignement, un milieu culturel et intellectuel aux ordres, écrasés par un Etat trop lourd et trop policier pour que l’on puisse, ou même veuille, se passer de son intermédiaire.
C’est la prise en otage de la liberté politique par la succession d’embûches administratives où la seule issue possible devient la volonté d’un Etat anarcho-tyrannique; c’est la fin de la démocratie directe, des hommes libres, le début d’un nouveau servage politique, en un mot, le socialisme.

Des individus stressés, dont la sécurité professionnelle, affective, matrimoniale ou financière est fortement compromise, travaillant pour l’Etat près de trois mois par an, et dont le souci n’est plus que de tirer un peu d’oubli de cette angoisse permanente, seront trop occupés pour faire la Révolution. Un gamin, perdu dans la nébuleuse des familles éclatées, obsédé par les programmes de propagande sexualistes des écoles d’Etat, sollicité à tout point de vue par les marchés de cible, entre sa console de jeu, la vidéo-pizza et le kéké de huit heures, sera trop défoncé pour « changer la société ». Le citoyen pré-programmé, pour ne pas dire précuit, ado ou adulte, préférera toujours le confort de sa cage dorée où une jouissance, même médiocre, est garantie, plutôt que de goûter à l’incertitude de l’au-delà de la "matrice" (tout est dans ce qu’offre la pilule). L’expérience a été tentée avec les plus libres des fauves, tous ou presque sont rentrés dans leur cage; dépendance…

Un enfant, dont la mère biologique, nourricière et légale peuvent être trois personnes distinctes, dont la famille peut changer à plusieurs reprises à tous moments, sans père et sans ascendance, sans nation, sans race et sans appartenance, sans origine et sans histoire, une larve anonyme de plus dans la ruche du village-monde, n’aura plus aucune revendication et devra tout ce qu’il a, tout ce qu’il est, à l’Etat – Etat mère, Etat total – dans une relation à sens-unique de dépendance, le contraire même de l’amour, relation mutuelle de liberté volontaire.

C’est dans cette seule perspective hégémonique que l’Etat socialiste a démonté, pièce par pièce, l’Etat social, gérant le peuple comme du bétail, légiférant sa fertilité, ses lois, ses traditions, ses institutions, réécrivant l’ordre naturel comme si la gravité pouvait s’annuler d’un trait de plume, et c’est devant l’effondrement du psychisme social que l’Etat a recours à tous les anesthésiques et antidépresseurs existants; une vache, même zombie, peut continuer d’être traite.

Dans l’étonnant premier volet, le seul valable, de la trilogie Matrix, l’agent Smith révèle à Morpheus l’intention première des robots de plonger les hommes dans un paradis terrestre virtuel, mais que ce projet avait dû être abandonné, les êtres humains mourant tous de façon inexpliquée. L’humanité, en chute libre, se consume au contact d’une réalité que sa nature ne peut soutenir, comme un corps céleste au contact d’une atmosphère; mettre une perf de morphine à un homme en feu n’a pas grande utilité. S’il peut être imaginé, le socialisme, tel qu’il est pratiqué et défini par ses partisans, reste irréalisable, et s’il est agréable d’y rêver, il est dangereux d’y venir, car ce n’est pas une idée à la mesure de l’homme mais seulement à la mesure du rêve que certains ont fait pour lui.

Le socialisme, paradis artificiel, a besoin des drogues pour être supporté. Les drogues, paradis matérialiste, ont besoin du socialisme pour nier leurs conséquences, leurs buts.

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