Université de Fribourg – de l’ancien au nouveau logo: La croix gommée

Dans son émission Forum (dès 43:40) du 14.02, le journaliste RSR Pascal Décaillet reprenait à son compte la comparaison que le Baf avait déjà faite des deux derniers logos de l’université de Fribourg. Le premier associait le globe crucifère aux couleurs du pays, le second évoque la maçonnerie en triangle de la façade du bâtiment dit de "Miséricorde", un accident de bétonnière qui connut son heure de gloire dans les années 30, symbole éminemment fribourgeois s’il en est…

Curieux de nature et tout aussi féru de contexte historique que s’est plu à le prétendre le recteur Altermatt, le Baf a voulu en savoir un peu plus:
Le nouveau logo voit le jour en 2001, suite à une mise au concours remportée par le graphiste Guy Tornay. Le numéro 7 du 12 avril 2001 de la revue universitaire Unireflets, traite en première page du "symbole" et de ses "arguments":

"Le nouveau logo de l’Université de Fribourg, peut-on lire, a été choisi pour la qualité de son graphisme et l’image de l’institution qu’il véhicule. Il est caractérisé par une symbolique pertinente: il associe le «F» de Fribourg à un motif typique de l’architecture du site de Miséricorde; il dessine des marches, représentation allégorique de l’accès à la connaissance, du dynamisme et de la recherche de qualité; il suggère également une croix (la croix chrétienne comme la croix suisse); la couleur bleu foncé reprend celle utilisée depuis quelques années par l’Université; l’inscription en latin, enfin, finit d’identifier le logo".

Beaucoup de blabla pour pas grand-chose, de franchement visible on ne trouve que le «F», les marches donnent plutôt l’impression de descendre, quant à la croix, qu’elle soit chrétienne ou suisse (distinction?), il faut se lever tôt pour la trouver. Selon les plus optimistes parmi les membres de la rédaction, il s’agirait de deux demi-quarts de croix suggérés par les deux creux internes du «F», lesquels font d’ailleurs plus volontiers penser à deux crètes d’un «M»; de là à en conclure que le rectorat se foutait déjà de la geule du monde à cette époque… 

Le drôle de carré noir semble n’être là que pour donner une dimension carrée à l’ensemble (6,3 cm de côté sur l’original) et permettre de tirer une seconde arête vers le sommet, cela étant pour l’élévation, "l’accès à la connaissance" par degrés -les marches- qu’ont semblé vouloir recréer auteur et commanditaires.

Unireflets pose une question intéressante: "Le Rectorat a-t-il choisi le nouveau logo en réaction à l’ancien?". Paul-Henri Steinauer, recteur de l’époque et prédécesseur d’Altermatt, répond : "L’idée était de moderniser l’ancien logo et d’en trouver un qui corresponde mieux à la situation actuelle". Autrement dit, une situation bouchée par un mur bétonné dans les années 30, une allégorie de l’avenir des plus riantes pour les étudiants fribourgeois.

"L’ancien logo, poursuit Steinauer, exprimait une alliance entre le Canton de Fribourg et l’Eglise pour une Université ouverte sur le monde. Aujourd’hui, ce qu’exprimait l’ancien logo demeure, mais l’Université est aussi soutenue par la Confédération et par les autres cantons (déjà les arguties d’Altermatt… 5 ans plus tôt; ça tient du clonage!). Le bilinguisme a également pris une dimension plus importante. Il ne s’agit donc pas d’une réaction contre l’ancien logo, mais bien d’une d’évolution vers une image plus actuelle".

Unireflets: "Peut-on aussi parler d’une petite révolution?"
Steinauer: "On change un logo, on ne change pas l’Université. C’est une façon nouvelle d’exprimer ce qu’est l’Université aujourd’hui en tenant compte de son passé et de son avenir". Bref, à l’aube du XXIe siècle, la langue de bois claquait déjà sec dans les palais rectoraux.

Si l’on n’apprend pas grand-chose en fin de compte sur ce qui a bien pu motiver l’élaboration de cette héraldique bancale  – dont l’appréciation semble rester l’apanage d’une poignée d’initiés – le nouveau logo ne laisse pas d’évoquer une architecture volontairement affranchie de toute référence au christianisme. Sous ce nouveau pavilllon, les étudiants, on ne s’en aperçoit que trop depuis l’affaire de la bénédiction, se retrouvent comme les enfants d’une veuve, l’université, privée de Celui qui a fait la joie et la splendeur de sa jeunesse, le Christ. On apprend pas grand-chose, mais l’on apprend tout de même à la lecture d’Unireflets que 2001 célébrait le 150ème de la loge la "régénérée" et, par la même occasion, de la naissance du laïcisme sectaire dans le canton; un évènement qu’il convenait, bien évidemment, de marquer…

[illustration: JN]

Si vous avez manqué le début 

cat: Pérolles II

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