Michel de Poncins: LA NECESSITE DES « SUPERPROFITS »

Votre argent vous intéresse

l’économie de marché expliquée à tous

J’ai déjà montré dans cette chronique comment et pourquoi le profit est moral et nécessaire. Parlons à présent des prétendus « superprofits ». 

Beaucoup d’entreprises publient leurs résultats à cette époque de l’année et, en 2006, certains résultats de grandes entreprises, notamment françaises, sont spectaculaires : on parle alors de « superprofits », terme jugé à tort comme très négatif ! Évidemment, dans la foulée, les socialistes ou d’autres évoquent la possibilité de surtaxer ces prétendus superprofits. C’est comme si la taxe éventuelle pouvait transférer aux pauvres ces supposés excès, alors que c’est tout  le contraire : plus il y aura de profits dans les entreprises, plus les pauvres en recevront  les bienfaits.

Certes, le langage de la vérité peut surprendre : quand les populations sont rassasiées au-delà du possible, ce qui est le cas d’une grande majorité des européens, il peut sembler difficile de faire admettre que les superprofits sont normaux et qu’ils permettront aux pauvres de la planète d’être moins pauvres. Et pourtant il faut le dire !  

Total, Danone, France Telecom, Bouygues, Société Générale et bien d’autres réalisent donc des profits importants, et de même dans beaucoup de pays. L’unité de compte de ces bénéfices est désormais le milliard d’euros.

D’abord constatons que la plupart de ces profits (probablement 90 %), sont réalisés à l’étranger. Ce fait montre la dégradation de la situation économique de la France, où l’on ne peut pas gagner de l’argent normalement, compte tenu des immenses impôts et charges imposés par la force publique aux entreprises. Il en résulte les délocalisations et le chômage induit.

Le profit est ce qui reste à l’entrepreneur après paiement de tous les ayant-droits : salariés, fournisseurs, banquiers, fisc, etc. C’est le résultat de choix réfléchis, du travail et des efforts de tous, de bons contrôles, d’un bon fonctionnement, d’un bon management et, par-dessus tout, de la satisfaction des clients.  

L’habitude est de calculer le profit sur une certaine période de temps par exemple l’année. Cela montre que le profit est une donnée parfaitement transitoire et fragile dans le temps et, chaque année ou chaque mois, l’entreprise doit dégager son profit. Cette remarque est valable aussi bien pour la plus petite entreprise que pour la plus grande. 

La première destination normale des profits est la satisfaction des actionnaires. Ceux-ci, en apportant leur argent et en prenant le risque permanent de l’entreprise, procurent le carburant  qui crée cette entreprise, la maintient en vie et la développe notamment en l’autorisant à prendre de nouveaux risques en investissant.  

Salariés, fournisseurs, clients, banquiers et autres n’existent que si l’entreprise progresse c’est-à-dire fait des profits. Les profits sont comme une onde bienfaisante qui se répand sur tous.  

Il est des circonstances où les profits augmentent fortement ce qui conduit à cette fausse notion de superprofits. C’est le cas, de nos jours, pour les entreprises pétrolières et les entreprises de matières premières comme les mines. L’irruption sur les marchés des pays émergents et, en particulier, de l’immense Chine a pour résultat que les matières premières et les ressources pétrolières ne sont pas, provisoirement, suffisantes et donc deviennent rares et plus chères. C’est le cas aussi pour des raisons différentes de la banque ou encore d’autres métiers. 

Mais il en résulte que ces entreprises, fort bénéficiaires aujourd’hui, doivent effectuer des investissements très importants pour trouver de nouvelles ressources. Dans le domaine pétrolier, notamment, chacun a pu observer dans le passé qu’après une période de grande pénurie de pétrole le progrès des techniques et des explorations a permis d’en trouver toujours de quoi satisfaire un marché en croissance ; les techniciens ont récupéré du pétrole dans de plus grandes profondeurs et davantage de pétrole utilisable dans chaque gisement, mais au prix de dépenses gigantesques : combien coûte une plate-forme pétrolière ? 

En guise de conclusion, rappelons que la Chine s’éveille de l’horrible pauvreté qui vient de soixante ans de  socialisme.

Pour que les Chinois commencent enfin dans leur majorité à manger à leur faim il est absolument nécessaire que l’économie chinoise trouve les matières premières dont elle a besoin et, donc, que certaines sociétés fassent ce que l’on appelle bien à tort des superprofits. 

Michel de Poncins

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