De l’effroyable malhonnêteté de certaines conversions «sans contrainte »

Deux journalistes américains kidnappés à Gaza par un groupe terroriste palestinien ont été relâchés pendant le week-end. Voici la rançon:

http://www.youtube.com/watch?v=I2Sx9YCZW_g 
[vidéo qu’un problème passager m’empêche d’intégrer directement]

Bien entendu, ils ont été forcés à se convertir à l’Islam et à faire ces déclarations, comme le dit l’un des rescapés avec beaucoup de tact:

I have the highest respect for Islam … but it was something we felt we had to do because they had the guns and we didn’t know what the hell was going on.

L’une des fables couramment avancées sur l’Islam est l’absence de contrainte en matière religieuse qu’il entretiendrait. Ce mythe est basé sur un verset coranique (2:256) ordonnant: «Nulle contrainte en religion!» C’est une fable pour trois raisons:

D’abord, ce verset est censé avoir été prononcé à une époque où l’Islam était encore très jeune et ne possédait que quelques centaines d’adeptes, tout au plus. Le sens évident de ce verset est donc de permettre la libre conversion à l’Islam, et certainement pas hors d’Islam.

Ensuite, au-delà des textes et de leur logique, il y a le témoignage historique. L’interprétation de cette petite phrase a largement varié au cours de l’histoire.

Elle a ainsi été considérée comme:

  • abrogée. Le passage a été annulé par des versets coraniques ultérieurs (tels que 9:73: «Ô prophète, lutte contre les incroyants et les hypocrites, et sois dur avec eux»).
  • purement symbolique. La phrase est descriptive, et non impérative. La vérité de l’Islam est si manifeste que d’obliger quelqu’un à devenir un Musulman ne fait pas appel à la «contrainte»; ou encore le fait d’avoir à embrasser l’Islam à la suite d’une défaite militaire n’est pas considéré comme une «contrainte».
  • spirituelle, et non concrète. Les gouvernements sont en droit d’imposer les attributs extérieurs de l’allégeance à la foi musulmane, mais ne peuvent naturellement influer sur les pensées des Musulmans.
  • limitée dans le temps et dans l’espace. Elle ne s’appliquait qu’aux Juifs de Médine, au VIIe siècle.
  • limitée au non-Musulmans vivant volontairement sous le règne de l’Islam. Certains juristes disent qu’elle ne s’applique qu’aux «Gens du Livre» (Chrétiens, Juifs et Zoroastriens), d’autres pensent qu’elle concerne l’ensemble des infidèles.
  • excluant certains non-Musulmans. Les apostats, les femmes, les enfants, les prisonniers de guerre, entre autres, peuvent être contraints (c’est là l’interprétation standard, appliquée dans la majorité des lieux et des époques).
  • limitée à tous les non-Musulmans. Les Musulmans sont tenus de respecter les dogmes de l’Islam et ne sont pas autorités à faire acte d’apostasie.
  • limitée aux Musulmans. Les Musulmans peuvent passer d’une interprétation de leur foi à une autre (par exemple de la version sunnite à la version chiite), mais ne peuvent pas quitter l’Islam.
  • appliquée à tout un chacun. L’acquisition de la foi authentique requiert diverses expériences, divers tests, et la contrainte entrave ce processus.

Enfin, la réalité la plus tangible, celle dont témoigne la loi islamique, c’est-à-dire la règle suivie par les éléments de la société musulmane capables de concrétiser unilatéralement leur volonté (l’armée, la police), est que l’Islam ne tolère pas l’apostasie, et donc prêche la contrainte la plus formelle en matière de religion.

Les différentes écoles de jurisprudence ne sont ici en désaccord que sur le degré de légitimité de la peine de mort pour apostasie. Les unes lui accordent le statut de houdoud (péché contre Dieu), ce qui en fait un ordre divin direct, les autres le lui refusent car le Coran lui-même ne leur paraît pas suffisamment explicite à ce propos et préfèrent se référer pour cela à la tradition du prophète, laquelle, il est vrai, est on ne peut plus claire et, juridiquement, tout aussi valable que le Coran.

Comme toujours, dans ces affaires que tant de Musulmans et d’apologistes tiennent à présenter comme fort complexes alors que leur logique tient dans un dé à coudre, il faut se demander ce que les gens savent vraiment: il est parfaitement tolérable d’être ignorant, bien sûr, mais déjà moins de s’ériger en savant sans s’instruire, et pas du tout de persister après avoir été instruit.

ajm sur precaution.ch

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