Les évêques de France s’interrogent sur la façon dont ils vont pouvoir continuer d’interdire la messe en latin

La Croix: Jeudi 26 octobre, l’ouverture du 50e anniversaire de l’Institut supérieur de liturgie à Paris a été l’occasion de nourrir au plus haut niveau le vif débat théologique en cours sur la réforme de la liturgie

 – La scène liturgique s’agite et l’Église de France est au premier rang. A Rome jeudi 26 octobre, le président de la conférence des évêques, le cardinal Jean-Pierre Ricard était reçu en tête à tête par Benoît XVI. L’archevêque de Bordeaux venait lui faire part des inquiétudes qui traversent les communautés de l’Hexagone de voir une exception se transformer en règle où tout prêtre aurait désormais le droit de célébrer la messe selon le rite dit de saint Pie V.

On rappellera quand même à Son Excellence que, lorsque l’exception liturgique qu’était le NOM (Novus ordo missae) s’est transformée cela n’avait pas posé autant de problèmes.

 – Ardent lobbying anti-messe tridentine, donc, des évêques français. Mgr Robert Le Gall, archevêque de Toulouse, a même parlé dans sa conférence des « craintes et des questions » des évêques. « Au cas où il s’avérerait qu’une telle décision soit prise, il faudrait donc trouver des moyens de régulation permettant aux évêques de jouer le rôle que leur attribuent les textes de Vatican II et le code de droit canonique. En d’autres termes, les rumeurs que nous connaissons sont beaucoup moins importantes que les conditions d’application qui accompagneraient une telle mesure, des conditions sur lesquelles nous ne connaissons absolument rien. ».

La vieille clique conciliaire tremble pour son business et se raccroche à tout ce qu’elle a pu insuffler de gallicanisme dans les textes il y a 40 pour faire entendre, plus qu’à demi-mots, à Rome qu’elle continuera de faire à sa guise, comme toujours, et de saquer la concurrence sur le marché liturgique. Bref, c’est la guerre, les barbares arrivent et l’empire romain décadent s’agite tant qu’il peut pour gagner quelques années de survie supplémentaires.

– Mgr Vingt-Trois constate de part et d’autre : « Chez nous, la liturgie a été instrumentalisée dans un débat d’un autre ordre. Sous certaines fantaisies ou certaines dérives liturgiques, on a pu reconnaître une autocélébration de l’assemblée elle-même substituée à la célébration de l’œuvre de Dieu, voire l’annonce d’un nouveau modèle d’Église« .

Dont acte, cher Monseigneur, un aveu assez rare pour être signalé… Quel était donc cet évêque, français, qui disait à qui voulait l’entendre que la nouvelle liturgie était « protestantisante » ?

« D’autre part, continue Mgr Vingt-Trois, sous couvert de la mobilisation pour la défense d’une forme liturgique, c’est bien à une critique radicale du concile Vatican II que l’on a assisté, voire au rejet pur et simple de certaines de ses déclarations. Le refus des livres liturgiques régulièrement promulgués fut suivi de l’injure publique envers les papes et couronné par des faits de violence comme la prise de force d’une église paroissiale à Paris et une seconde tentative avortée de la part des mêmes auteurs. »

Autant vous dire qu’ils n’ont pas fini de la digérer celle-là… Et oser critiquer LE concile, celui avant lequel, de toute évidence, l’Eglise n’existait pas; quelle outrecuidante audace !

– Autre son de cloche, plus modéré, le cardinal Francis Arinze, d’origine africaine, préfet de la Congrégation pour le culte divin et la discipline des sacrements, tout en adressant « ses plus chaleureuses félicitations » à l’Institut, a placé sa vocation dans la lutte contre « l’ignorance », source à ses yeux des « abus liturgiques ».

« Je ne parle pas de la France, que je ne connais pas suffisamment », a-t-il précisé, mais ces abus ont conduit à « cette froideur, cet horizontalisme qui met l’homme au centre de l’action liturgique, et aussi parfois à ce maniérisme ouvertement égocentrique que nos assemblées du dimanche sont parfois obligées de subir ».

Ca change hein ? Ce n’est pas fini

Rappelant l’importance de l’art de célébrer, il a fustigé des homélies qui seraient marquées par « des considérations d’ordre sociologique, psychologique, ou dans un style encore pire, politique ». Il a surtout insisté sur le rôle central du prêtre : «Si on affaiblit le rôle du prêtre ou si on ne l’apprécie pas suffisamment, une communauté locale catholique peut dangereusement sombrer dans l’idée qu’il est possible d’envisager une communauté sans prêtre. Or une telle pensée n’est pas conforme avec la conception authentique de l’Eglise instituée par le Christ.» Tout l’enjeu pour lui est de « rejeter la banalisation, la désacralisation et la sécularisation dans la liturgie ».

En Suisse, il y a déjà des paroisses catholiques où, le dimanche, faute de monde sans doute, se célèbrent ensemble avec les réformés des rencontres oecuméniques officiées par des femmes en « vêtement liturgique ». Protestantisante qui disait…

Illustrations: 1. Une messe sous le vocable de « saint » Bouddha

2. Le vitrail de l’église St Ambroise de Buffalo avec les représentants de toutes les grandes religion…

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