Eloge de la déprime des fêtes

Voilà bientôt deux ans que je passe ma vie sur internet, et vous n’avez pas idée de ce que la télématique et l’audiovisuel en général peuvent avoir de corrosif et de liquéfiant, je m’adresse ici au bafeurs catholiques, pour la vie intérieur.

Si les radiations du soleil peuvent avoir un effet vieillissant pour la peau, celles de l’écran sont un puissant facteur de vieillissement de l’âme. Certes, vous êtes toujours en avance d’au moins trois jours sur l’information et les gens ne vous en écoute que mieux, mais ce qui prétend vous rattacher au monde finit un jour ou l’autre par vous en couper.

Esprit léger d’une liqueur subtile, ultime aiguillon de la cellule de récompense, l’audiovisuel colonise vos sens et tyrannise vos habitudes, comme la drogue la plus douce qui soit, pour s’imposer un jour sans partage. Comme les mains du forgeron, de l’ouvrier, du paysan prennent des cales pour mieux se défendre contre les assauts de leur art, le cerveau du blogger en prend lui aussi qui déforment sa vision du monde, vision globale à l’excès qui finit par isoler le sujet et le condamne aux limbes brumeuses d’un paradis virtuel, échappatoire compulsif d’une réalité sans intérêt, sans images couleurs et sans divertissement continuel.

Le blogger lambda finit par préférer le cocon ouaté de son netoscaphe et se retrancher de la dure réalité dans une forme d’anti-ascèse qui grignote toute force volontaire et toute notion de verticalité. Quand on vous arrache le cerveau, le plus souvent la colonne vertébrale vient avec. Le cyber-dépendant devient une sorte d’anti-ermite de la société moderne, ayant quitté le monde non pour se donner mais pour se réserver, se garder de lui et s’économiser.

Pour parler de mon expérience, j’ai moi-même été particulièrement surpris de la violence avec laquelle je me suis jeté sur les atours festifs et éthilogargantuesque des « fêtes de fin d’année », et à quel point les aspects religieux, mystiques et sacrificiels desdits évènements ont pu me sembler pesants.

Je n’apprendrai rien à personne en déclarant que le but premier de l’audiovisuel, avant même le désir d’instruire, est de nous divertir (du latin divertere, détourner) de l’essentiel.

Ainsi la bulle médiatique n’est que le caisson d’isolation de l’humanité, une cage en fait pour nous empêcher de sentir et, surtout de savoir (de sapere, le même étymon que pour savourer); coupé de l’essentiel, la vie devient un enfer de désespoir, insupportable sans une forte dose quotidienne d’anesthésiant.

Certes la presse alternative est nécessaire, elle constitue une trop rare lucarne dans les ténèbres de la bulle, mais elle reste, de par sa nature même, si loin de cet indispensable essentiel, de cette source intarissable et indicible de savoir.

Profitons de cette nouvelle année pour se reconnecter avec la réalité, redevenir nos propres maîtres, visitez le Baf si ça vous chante mais évitez toute addiction (hmm bien des bafeurs et une bafeuse se reconnaîtront), sachez fermer la boîte à images et partir à la chasse aux papillons, à la quête des choses sensibles. Chassez la brume pour retrouver ce soleil indispensable au salut de l’âme. Le média n’est rien sinon par ce que l’homme lui consacre de temps et d’énergie. Quand l’homme se sera affranchi de la surdépendance à l’information, peut-être alors seulement reprendra-t-il goût à la vérité. En bref, la Bonne Nouvelle doit primer sur toutes les mauvaises.

Et puisque nous voilà aux résolutions de Nouvel-an, voici les miennes, j’ai décidé de m’inscrire dans un club de sport (badminton… d’où le côté chasse aux papillons), horreur ultime pour le cyber-drogué que je suis devenu, et de ne plus boire que du bon… c’était la résolution de l’an passée et je suis plutôt fier de pouvoir dire que je m’y suis tenu (et comment !); exemplaire non ?

J’attends les vôtres !

7 réponses à Eloge de la déprime des fêtes

  1. Piotr dit :

    Je ne suis pas un de vos chers bafeurs catholiques, seulement un pauvre parpaillot. Cependant, je me réjouis d’apprendre que vous ne buvez que du bon. Je vous souhaite une année pleine de réalités, avec seulement ce qu’il faut de virtualités.

    N’oubliez pas de faire le départ entre la virtualité et l’Espérance, entre le visible et le réel.

    P.S. : J’aime bien le style un peu Dantec de votre texte, je fais ce que je peux pour suivre et relancer. Dieu vous prenne en sa sainte garde.

  2. Olivier dit :

    Le gif animé mis en illustration est assez horrible…
    Mais le corps de l’article est évidemment très juste: internet a tendance à asservir et incite à une forme lénifiante de passivité.
    Sachons donc ne pas tomber dans l’excès et garder l’essentiel du temps libre à la famille, aux enfants, à la culture et au sport.
    Reste qu’en période électorale, et celle qui s’annonce sera très « chaude », et qu’il faudra tenir le créneau sans faiblir. Heureusement, les collages et tractages, diurnes et nocturnes, sauront nous sortir la tête des écrans!
    Bon courage et très bonne et sainte année.

  3. Polydamas dit :

    Comme résolution j’avais choisi de m’inscrire dans un cours de sport de combat, le krav-maga, l’un des plus violents…..

    Ça reste à mettre en oeuvre mais Je crois que ce sentiment d’appauvrissement est réel, pour ne pas dire dangereux.

    Le problème, c’est que entre ça ou le boulot, avec lequel on perd sa vie à la gagner pour les moins veinards, je crois que je préfère encore les blogs….

  4. David Fontey dit :

    Bonjour
    J’ai été trés touché par ce que je viens de lire, pour la bonne et simple et raison que je vis la même chose: « Si les radiations du soleil peuvent avoir un effet vieillissant pour la peau, celles de l’écran sont un puissant facteur de vieillissement de l’âme. Certes, vous êtes toujours en avance d’au moins trois jours sur l’information et les gens ne vous en écoutent que mieux, mais ce qui prétend vous rattacher au monde finit un jour ou l’autre par vous en couper. »
    Mes résolutions? Je suis décidé à ne pas passer plus d’une heure par jour à travailler pour le blog. Retour à un chapelet quotidien, une heure de lectures spirituelles méditées. Recentrage total sur le Christ et sur les miens. Pour ce qui est du sport, je ne me vois pas reprendre le Krav, mais un bon jogging tôt le week end, pourquoi pas…
    Bonne année aux bafeurs

    DF

    [MOD: Argh, moi aussi je vais tâcher de me remettre à prier… Pardon Seigneur, le baf est pourtant pavé de si bonnes intentions…]

  5. Papillon dit :

    « La Bonne Nouvelle doit primer sur toutes les mauvaises ». Très bien vu. Comme tout le reste de l’article d’ailleurs… le risque de l’addiction c’est aussi le risque de la désespérance (en sorte de spirale de violence d’abord intérieure puis s’insinuant dans les relations avec les proches en manquements à la patience/sociabilité, en fatigue etc. toujours plus visibles). Vive le Sacrement de Réconciliation!!! Les Résolutions de l’année? on priait ardemment hier le bien aimé St François de Sales (patron des genevois et des journalistes…) d’intercéder si raisonnable! Bonne et sain(t)e année à tous! (Incidemment, Le Médoc est réputé pour aider à y contribuer)

  6. abdel dit :

    ton site avant ou aprés etait toujours null je te le garonté je vai t’aidé
    de publié ce site dans le monde de la mésire au maroc et dans nos forum
    tu va voir les vrais déscution dans ces commentaire tu va voir les vrai philosophe jeune qu’en pas de moindre chance mais je te prévient que tu va crévé avec leur langue comme moi mdr!!

  7. sopotec dit :

    Vous avez bien raison, mais continuez quand meme. Vous faites du bon boulot….

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