Le multiculturalisme des imbéciles – par Jérome Rivière

Le texte date de décembre 2005.
Notre climat intellectuel, rongé par la culture de l’excuse, est paralysé par les tabous politiques. Cette lâcheté ordinaire atteint aujourd’hui ses limites. L’immigration que nous connaissons est-elle réellement une chance pour la France, ou seulement une colonisation à l’envers ? Il est temps de se poser sérieusement la question.

Sommée par ses minorités de faire repentance et de renier son histoire, la France apparaît comme une nation en état de coma culturel dépassé. Certaines périodes de notre passé ne peuvent plus être évoquées sans que se dressent les revendications agressives, les complexes historiques revanchards et les réflexes victimaires parfois concurrents, sauf sur un point : la détestation de la France et de son identité. Le sens du ridicule ne gêne pas ces iconoclastes haineux, qui s’acharnent à judiciariser la mémoire pour demander des comptes à nos ancêtres. Après des Croisades prétendument « génocidaires » et une oeuvre coloniale forcément négative, il faudrait aujourd’hui que les Français jettent Napoléon aux poubelles de l’histoire.

A la voirie, nos épopées nationales « ringardes », nos siècles chrétiens « obscurantistes », les soldats de l’Empereur « esclavagiste », les médecins au service du continent africain, les bâtisseurs de l’Empire. A la poubelle la France, cette « garce » dénoncée dans les textes de rap de nos banlieues. Les lueurs des incendies de novembre, les écoles et les églises incendiées, les pompiers caillassés, les bibliothèques brûlées, le racisme anti-Blanc ordinaire préfigurent un conflit culturel qui n’épargnera rien.

Au lieu de défendre notre identité que l’on suicide, on préfère diaboliser les élus qui s’inquiètent de l’avenir. Comme si la continuité française et l’avenir de nos enfants ne nous intéressaient plus. Par lâcheté ou par indifférence, selon la tranquillité toute provisoire de sa ville ou de son arrondissement, on chante les vertus d’un multiculturalisme mal défini. Lui-même d’origine africaine, l’archevêque de la ville d’York, en Angleterre, l’affirmait pourtant récemment : « Le multiculturalisme autorise les autres cultures à s’exprimer, mais il empêche la culture de la majorité d’exprimer ses victoires, ses combats, ses joies, ses souffrances. » Toutes les nations sont déterminées par une culture structurante, qui participe de la beauté et de la diversité du monde et sur laquelle les peuples conjuguent, à chaque génération, les fondements de leur identité. Nous vivons en France, pays héritier d’une histoire et d’une civilisation plus que millénaires, dont les joyaux de notre patrimoine, de notre langue, de nos coutumes nous rappellent sans cesse les merveilles renouvelées. Je soutiens que le multiculturalisme ne peut être qu’un état instable de transition entre deux cultures concurrentes.

A l’heure de la mondialisation, les cultures, les racines, les appartenances sereines et fortes sont les meilleurs remparts contre le racisme. Un pays sûr de son identité peut s’ouvrir aux autres sans peur. Pourquoi l’Amérique intègre-t-elle ses immigrés ? Parce que son identité et ses valeurs, appuyées sur une histoire pourtant récente, restent fortes et respectées. Ce n’est pas le cas de la France, dans laquelle trente ans de repentance et de masochisme soixante-huitard ont étouffé toute fierté, toute conviction sereine d’être soi-même. J’ajoute une chose : même si cela était, il existe un seuil d’immigration à partir duquel un pays se regarde dans le miroir sans se reconnaître. Faut-il balayer la définition de l’identité française d’après de Gaulle : « Nous sommes quand même avant tout un peuple européen de race blanche, de culture grecque et latine et de religion chrétienne » ? C’est Giscard d’Estaing qui parlait d’« invasion », Mitterrand de « seuil de tolérance », Rocard de l’impossibilité d’accueillir « toute la misère du monde ». Paroles de bon sens, vite noyées dans le flot des aveuglements laxistes. Les Français, qui ne furent jamais consultés sur l’immigration de peuplement, subissent ces changements avec surprise et sans adhésion. Leur colère éclatera un jour ou l’autre.

La France est, depuis plus de mille ans, un pays d’héritage judéo-chrétien. A titre personnel je ne veux pas qu’elle devienne une « terre d’Islam ». Nos 100 000 demandeurs d’asile par an (chiffre 2003), qui pour la plupart s’évaporent dans la nature, et les 130 000 arrivées régulières formées pour l’essentiel du regroupement familial ou de leur lien de famille avec des Français (l’étranger naturalisé qui va chercher son épouse dans son pays d’origine), sans parler des clandestins, viennent profondément modifier la nature de notre société. Mais les effets directs de l’islam sur la société restent inexplicablement tabous. A rebours des endormeurs médiatiques, je suis néanmoins persuadé que cette situation préoccupe gravement nos concitoyens. Leurs craintes concernent la place de l’islam à l’école, dans les administrations, mais aussi sa conquête de la rue et de la vie de tous les jours. La plupart des décideurs y font référence à la marge, sans aucune mise en perspective. Comme si l’islam, projet politico-théologique « totalisant », était un sujet neutre.

Comme si la vague migratoire extraeuropéenne, associée à la présence grandissante des musulmans en France, ne remettait pas brutalement en question le destin même et l’identité pluriséculaire de ce pays. Quant aux solutions proposées, elles ne résolvent rien. On parle d’immigration « choisie », sans voir que nous priverions ainsi ces pays de leurs élites, les maintenant dans une situation où l’émigration est une nécessité : hypocrisie. La mode de la pensée unique est à la discrimination positive, à la représentation exigée des minorités dans l’entreprise, les médias… alors même qu’il reste interdit en France de demander à l’occasion des recensements l’origine ethnique ou la religion des personnes interrogées : hypocrisie encore. La polygamie est interdite en France, mais largement pratiquée, et payée par nos impôts : hypocrisie toujours.

Notre société change, et c’est bien ainsi. Qu’elle s’enrichisse des apports de ceux qui souhaitent vivre chez nous et que nous acceptons librement ! Mais il ne faut pas oublier que vivre avec nous, c’est aussi vivre comme nous. Le premier devoir des immigrés est de respecter la culture du pays qui les accueille. Et ce n’est pas négociable. Nos « minoritaires ethniques » nous le rappellent : nous sommes, nous restons des « Gaulois ». Aussi, il doit être possible d’affirmer qu’exercer librement sa religion dans des lieux de prière ne signifie pas pouvoir construire de nouveaux minarets, étendards d’un islam conquérant et d’une charia contraire aux lois de la République. Le débat sur ce sujet doit s’engager sereinement mais publiquement, dans le respect mais sans hypocrisie. Que les censeurs francophobes hurlent donc, qu’ils éructent, qu’ils fulminent leurs fatwas : les Français ne les écoutent plus. Ils l’ont montré le 21 avril. Continuons à nous excuser d’être nous-mêmes, et ils nous le montreront à nouveau.
(pas de lien – l’article a été publié dans le Figaro du 30/12/05) – PM

1 réponse à Le multiculturalisme des imbéciles – par Jérome Rivière

  1. meg dit :

    Bravo à Jérome Rivière ! un député courageux et qui aime son pays!

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