Francis Richard : Le développement du râble.

universite-paul-cezanne.jpg Depuis bientôt 30 ans maintenant le « développement durable » est la tarte à la crème des écolos, des média et d’hommes politiques en mal de reconnaissance par les deux groupes précédents. Le malheur est que l’expression elle-même ne veut rien dire. Aussi bien sont-ce les expressions qui ne veulent rien dire qui rencontrent le succès le plus … durable. Je pense entre autres à l’expression « les choses étant ce qu’elles sont » qu’affectionnait feu le général de Gaulle…

La définition du « développement durable », admise par tous les moutons noirs et blancs, est celle qu’en donne le fameux, et fumeux, Rapport Brundtland, publié en 1987, et fruit de l’orwellienne Commission mondiale sur l’environnement et le développement. Au cours de l’Université d’été de la Nouvelle Economie, qui s’est déroulée du 26 au 29 août 2007 à Aix-en-Provence, Gérard Bramoullé, professeur à l’Université Paul Cézanne et maire-adjoint de la ville d’accueil, a fait une conférence le 28 août sur cette définition mondialiste pour en faire ressortir toute l’absurdité.

Attachez vos ceintures. Voici la définition qui recueille l’unanimité durable des moutons blancs et noirs, sans distinction :

Le développement durable est « un développement qui répond aux besoins des générations du présent sans compromettre la capacité des générations futures de répondre aux leurs. »

La plupart des commentateurs s’arrêtent là. Ils ont tort. Car la définition mondialiste a une suite qui vaut son pesant de cacahouètes :

« Deux concepts sont inhérents à cette notion : le concept de « besoins », et plus particulièrement des besoins essentiels des plus démunis, à qui il convient d’accorder la plus grande priorité, et l’idée des limitations que l’état de nos techniques et de notre organisation sociale impose sur la capacité de l’environnement à répondre aux besoins actuels et à venir ».

Gérard Bramoullé remarque d’abord que cette définition se trouve à l’intersection de l’économie, du social et de l’écologie, puis qu’elle repose sur trois notions :

–         la notion de besoins

–         la notion de limites

–         la notion de durabilité

La notion de besoins est très intéressante. En effet qu’est-ce qu’un besoin sinon quelque chose d’éminemment subjectif. Les besoins sont propres à chaque individu. Chacun choisit parmi certains besoins, et par là même renonce à d’autres. C’est pourquoi il est bien difficile de connaître les besoins des plus démunis. Les besoins ne sont pas non plus les mêmes aujourd’hui qu’hier. C’est pourquoi il est également bien difficile de connaître les besoins des générations futures.

La notion de limites est malthusienne. Elle part du principe que les ressources en stock pour satisfaire les besoins des hommes sont limitées. Or les ressources n’existent que dans la mesure où les hommes leur trouvent une utilisation. Les limites d’aujourd’hui ne sont pas celles de demain. L’histoire montre que le progrès technique a permis de repousser les limites. Si nous avions écouté les bons esprits il y a trente ans il n’y aurait plus eu de pétrole disponible depuis des années et le nombre d’hommes en proie à la famine aurait augmenté avec l’augmentation de la population mondiale.

La notion de durabilité est appliquée curieusement ici à développement. Or un développement ne peut exister que dans la durée. Il s’agit donc d’un pléonasme. Il y a là certainement confusion entre croissance et développement qui sont pourtant des notions bien différentes. En fait il s’agit de procéder à des allocations inter-temporelles des ressources, ce qui est on ne peut plus arbitraire.

Comme on peut le constater le concept de « développement durable » n’est pas défini. Il se prête donc à toutes les interprétations possibles. Il est l’alibi de politiques arbitraires et contraignantes, qui peuvent elles s’inscrire dans la durée.

Gérard Bramoullé, en surfant sur la Toile, a trouvé une phrase exprimant avec humour le ras-le-bol de ceux dont on rebat les oreilles avec ce concept :

« J’en ai plein le dos du développement du râble ».  

Francis Richard

1 réponse à Francis Richard : Le développement du râble.

  1. Jeff dit :

    Je suis totalement en accord avec votre vision de ce soi-disant développement durable, mis à toutes les sauces. D’autant plus que la traduction littérale est « développement soutenable », ce qui n’est du tout pareil et nettement moins médiatique et encore moins politiquemet ou écologiquement correct.
    L’absurdité de cette situation embrouille le paysage de l’environnement, met les entreprises en mauvaise posture et au final ne contente personne, sauf ceux qui se gargarisent des mots…
    Pourtant l’idée de faire reposer le développement des entreprises et de notre société de gaspillage sur un respect de l’environnement en tenant compte du rôle social des hommes pour dégager une croissance douce, car il ne peut être question d’une croissance forte dans le respect des contraintes, semble une bonne chose car l’Homme est de tempérament suicidaire… Et tous les jours la Bourse nous le prouve… sans respecter pour autant le développement durable…
    Merci pour cette réflexion…

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