Au Havre, le faux hall sème la discorde

Construire pour les jeunes un hall factice avec une fausse entrée avait pour but de diminuer la tension à Graville-la Vallée. Le succès ne saute pas aux yeux.

hallVITRES cassées, coups de pied dans les parois, boîtes aux lettres éventrées… Il a tenu un mois et demi, pas une journée de plus. Le hall d’immeuble sans… immeuble installé dans une cité difficile du Havre est-il une bonne idée ?

Ce week-end en tout cas, le conteneur de marchandises transformé en vrai-faux hall a été vandalisé. Comme un vrai hall finalement. « Un acte isolé, un simple incident de parcours », assure Jean Moulin, le président d’Alcéane, l’office public de HLM de la ville du Havre qui gère les immeubles de Graville-la Vallée, habituellement surnommés « Chicago ». Douze mètres de longueur, des fenêtres d’une cinquantaine de centimètres de hauteur, une porte d’entrée avec digicode, un faux escalier, un mur de boîtes aux lettres et même une porte d’ascenseur. Tout y est, mais tout est factice dans cette boîte métallique rouge installée à une trentaine de mètres de l’entrée d’un bloc de plus de quatre cents logements. Bientôt, ceux-ci bénéficieront de la manne financière de l’Agence nationale de rénovation urbaine et seront réhabilités.

Mais depuis quelques jours, c’est le faux hall qui est au centre d’une déferlante médiatique, dont l’effet, selon Alcéane, serait de perturber la vie du quartier. « C’est n’importe quoi, on veut nous entasser comme des sardines dans des boîtes de conserve », estime Kevin, un jeune du quartier. « Il n’y a jamais personne dans cette boîte », ajoute un autre. « Mais c’est faux, remarque-t-on chez Alcéane. Les jeunes ont mis sur Internet des vidéos les montrant dans le hall. »

«Le temps de s’implanter» 

Aujourd’hui critiqué « par ceux des autres quartiers qui viennent s’en mêler », le faux hall a été conçu avec les jeunes eux-mêmes, mais aussi leurs éducateurs. « Pendant trois mois, nous y avons réfléchi », explique le président d’Alcéane. « Nous avons lancé une expérience, il faut lui laisser le temps de s’implanter », estime-t-il. Le vandalisme ne changerait rien pour l’instant à la détermination du bailleur social… ->

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