Francis Richard : Pauvres médias suisses ! Ils ne savent plus que faire contre l’UDC

courrier-international.jpgIl ne reste que trois jours avant de connaître le résultat des élections fédérales. « Courrier International » dans sa dernière livraison, spéciale helvétique, parle de « Pauvre Suisse ! » Il faudrait plutôt dire : « Pauvres médias suisses ! » Dans leur lutte contre l’UDC, ils  en sont réduits  à appeler à la rescousse les médias étrangers, de gauche pour la plupart, et, en désespoir de cause, à se livrer au petit jeu des pronostics, non sans arrière-pensées.

A tout seigneur tout honneur commençons par ce que dit « L’Hebdo » de cette semaine. Le petit Jeannet a laissé sa place, pour l’édito, à Mario Sessa, son rédacteur en chef-adjoint. Lequel se console comme il peut du peu d’effet de la campagne anti-UDC menée pendant ces dernières semaines par l’hebdomadaire romand : « Bien que rien ne soit encore joué, il ne fait aucun doute que le parti de Christoph Blocher restera le premier du pays au soir des élections du 21 octobre. Mais il se pourrait aussi que l’UDC n’améliore en rien sa position, mesurée à l’aune du nombre de sièges de députés et de sénateurs décrochés. Et même que, au bilan final, le parti populiste perde jusqu’à trois fauteuils! A l’instar des socialistes et des radicaux. »

Il est vrai que les sondages sont une chose, et en cela Mario Sessa a raison quand il le rappelle. J’ai souligné ici que la marge d’erreur était telle, 2,2%, qu’il fallait être très prudent sur le résultat final. Il est vrai également que c’est au niveau des cantons, comme le souligne Mario Sessa, que les choses se jouent réellement. Mais « L’Hebdo » souhaite tellement que l’UDC perde des plumes que son analyse pourrait bien être démentie par les faits, ce qui d’ailleurs importe peu. Car en attendant le but recherché aura été de semer le doute chez les derniers indécis, ce qui ne mange pas de pain.

D.S. Miéville dans « Le Temps » de ce jour émet un autre pronostic, dicté par les propos de Christoph Blocher de dimanche dernier. Ce dernier a évoqué le renvoi du PS dans l’opposition. Tout fier de sa trouvaille, Miéville prophétise : « C’est ce que pourrait proposer l’UDC dimanche sur le plateau de la TV alémanique, en retournant la situation et en tentant de jouer au PS le tour que le PS prétendait jouer à l’UDC. On imagine tout à fait Ueli Maurer faire cette proposition. »

Pour en arriver à ce pronostic le journaliste du « Temps » affirme que l’UDC est « prisonnière de son style » et qu’elle ne peut que frapper un grand coup « pour mettre les autres partis devant une forme de fait accompli ».

L’évocation par Christoph Blocher du renvoi du PS dans l’opposition n’est certainement pas le fruit du hasard, et en cela Miéville a raison. Ce serait faire injure à ses qualités de stratège. Mais cela ressemble plutôt à un avertissement, avec frais, destiné à ceux, tels que les Verts et les Socialistes, qui tentent toujours de l’évincer du Conseil fédéral. C’est en quelque sorte la réponse du berger des moutons blancs à la bergère attendrie par les moutons noirs.

En attendant, Miéville, par ses propos, laisse accroire, à destination des indécis, que l’UDC est résolument hostile à la concordance, alors que jusqu’à présent elle a toujours démontré le contraire dans les élections au Conseil fédéral. Ce qui non plus ne mange pas de pain.

Ces pronostics, qui, de prime abord, apparaissent bénins, ont toujours le même but inavoué : celui de nuire encore et toujours à l’UDC. Mais est-ce plus efficace que les salves envoyées précédemment ? Réponse le 21 octobre.

Francis Richard