C’est officiel, la TSR renonce à informer

On ne peut pas rester le dos tourné 5 minutes sans que la fine équipe de TV Kalvingrad n’en profite pour se jeter tête la première dans les travers les plus grossiers du lavage de cerveau; et quand je dis cerveau…

Dernière nouveauté en date depuis l’introduction de la nouvelle mouture du téléjournal, les fonds sonores. La tentative de s’adresser aux intelligences ayant cruellement échoué, le peuple réfléchissant, et votant, ce qui n’est pas prévu à l’origine dans le petit manuel des dictatures socialistes, la régie romande au monopole d’Etat, ultime bastion de la pensée de gausce dans un monde éperdument à droite, s’en prendra désormais à vos tripes; vous voilà prévenus.

Exit l’information pressée à froid, bonjour entrailles et petites idées réchauffés prêtes à la consommation, la boîte à images c’est le micro-ondes et le téléjournal se range désormais, entre la grande vague de pub de 19h15 et Louis la Brocante, au rang des feuilletons de la première moitié de soirée.

Magnifique exemple hier soir, ce sujet tragi-comique sur, ô holocauste climatique, la coutume de l’abattage des sapins de Noël en Valais; Valais qui, faut-il le rappeler, correspond à peu près au neuvième cercle de l’enfer réactionnaire dans l’horizon d’attente culturel du neuneu de gausce.

« C’est illégal ! », martèle la voix off, qui évite soigneusement la discussion sur le fait qu’à peu près tout ce qui faisait le quotidien de nos ancêtres est aujourd’hui défendu et que le reste est interdit; et de s’échauffer sur le fait qu’un « grand-père valaisan », soit le maximum sur l’échelle des croquemitaines de droite, ose pousser l’audace jusqu’à avoir l’outrecuidance de braver la très sainte loi. La voix off se fait désolée, l’ambiance est lourde, la neige mouillée, le temps gris, le plan filme des bottes qui s’enfoncent dans les sous-bois; on se croirait dans Fargo.

Soudain c’est le drame, l’ennemi fasciste refuse le principe de la soumission à l’Etat et commente son forfait dans son ignoble accent souverainement régionaliste à la façon de C’est arrivé près de chez vous, le bruit de la scie nous vrille les tympans, la caméra s’agite, vacille, passe, dans son ivresse, sur les visages des deux petits-enfants victimes spectatrices de l’horreur; ne manquent que le bruit de la tronçonneuse et quelques bonnes giclées de sang à l’ancienne.

« On coupe le sapin », annonce le bourreau, à cet instant précis commence la musique sombre et angoissant d’un film noir, jeu de batterie, accélération du rythme, l’arbre est abattu; on est dans les  » Les experts » ! C’est le fonctionnaire garde-forestier du coin qui jouera Horacio, main sur le coeur et l’oeil mouillant sur la scène du crime et qui, loin de relever les empreintes et d’envoyer le tout au labo, se fendra d’un petit laïus sur la fin du monde climatique et nous proposant, pour y remédier, de faire venir, à grand renfort de CO2, des sapins élevés en batterie alors même que la Suisse croule sous les arbres, que la surface forestière dépassera bientôt le tiers de la surface totale du pays et qu’il faudra élaguer à perte, le bois suisse n’étant pas le plus recherché sur terre.

La réalité du problème la TSR s’en fout, couper les sapins c’est pas bien et vous devez rester accrochés jusquà la prochaine page de pub, avant la météo; c’est comme ça que ça marche.

Pour les étapes suivantes, on s’attend déjà à voir des commentaires surlignés apparaître à l’écran à la façon des premiers Batman, « Splash, Bam, Kaboum, Wizz ! » ou encore, plus simple, à la façon d’Al-Manar, la moitié gauche de l’écran passant les images, la moitié droite dévolue au barbu de piquet qui vous dira que voir, qu’entendre et quoi penser.

A l’heure de la fusion RSR-TSR et d’une prochaine obligation incontournable de la redevance, l’on assiste, doucement bercé par les fonds sonores des sujets du téléjournal, au rapt des leviers de communication et de constructions des idées et l’on ne pourra bientôt plus compter que sur les escadrons noirs des grand-pères valaisans pour aller scier les pylônes.