Envoyer les femmes au turbin pour lutter contre l’immigration

Pour l’ancien président du PLR, qui combat l’initiative de l’UDC pour une déduction plus juste des frais de garde d’enfants, les femmes seraient un vivier de main-d’oeuvre tout juste bon à repousser l’immigration économique:

Le deuxième paradoxe de cette initiative qui décourage les mères de prendre un emploi est qu’elle est issue de forces politiques qui en même temps demandent avec force de freiner, ou mieux encore de diminuer, la présence d’étrangers en Suisse. Qui, sinon les femmes des nouvelles générations, célibataires mais aussi mariées et mères, peut contribuer à faire baisser en Suisse la demande de forces de travail étrangères ?

Qui, bien sûr, sinon leurs propres enfants, ces jeunes dont le chômage et la déroute professionnelle vont croissant et qui auraient bien besoin de ces places de travail.

Outre le fait que mettre toutes les femmes de ce pays, considérant l’excellent niveau d’éducation de celles-ci (il les qualifiera plus loin, avec largesse, de « normalement bien formées »), à rang d’égalité avec une demande étrangère concernant des emplois généralement de moindre qualification soit particulièrement révélateur de l’attitude du PLR envers les femmes, M. Pelli ne devrait pas feindre d’ignorer qu’une hausse de la natalité reste le seul moyen de renforcer la résistance physiologique d’un Etat face à des phénomènes d’immigration de masse.

Prison domestique

Mais la vision de M. Pelli est sombre à dessein, qui peint un monde où époux seraient concurrents, adversaires:

Le premier paradoxe de cette initiative est que si elle semble être une initiative en faveur des femmes, elle est en réalité une initiative en faveur des hommes: comme les femmes qui prennent soin personnellement de leurs enfants ne disposent pas d’un revenu, la déduction promise par l’initiative est en réalité appliquée au revenu de leur mari. L’initiative dite pour les familles promet donc une prime aux maris des femmes qui renoncent au travail pour rester à la maison.

Et quand il dit mari, il pense évidemment à l’alcoolique non repenti qui, après avoir fauté avec sa secrétaire, rentre au foyer pour agrémenter sa régulière de quelques coups de ceinturon bien sentis. C’est ce qu’il en coûte de passer plus de temps dans sa famille politique que dans sa vraie famille, on voit tout sur le mode de la guerre et de la détestation. Il y a aussi de gentils maris qui gagnent simplement et avec beaucoup d’amour l’argent nécessaire au ménage. Il va de soi que l’initiative ne fonde en aucun cas une obligation des femmes à rester vissées au foyer, il s’agit bien au contraire de ne pas sanctionner fiscalement la liberté des femmes qui ont fait le choix de s’occuper du bien-être de leurs enfants. Car oui, que cela plaise ou non, il y a encore des femmes qui veulent faire des enfants et s’y consacrer totalement. Enfin, rappelons-le, cette initiative ne va aucunement à l’encontre de la déduction des frais de garde en crèche et de la décision de certaines femmes de poursuivre une carrière professionnelle.

Perte de repères au PLR

Mais le PLR n’est plus à une exagération près, l’on se souvient qu’il y a peu, la secrétaire générale des femmes radicales, Claudine Esseiva, martelait avec force qu’il fallait « arrêter avec ce rêve, papa, maman, deux enfants, tout va bien ». Hier, Fulvio Pelli franchissait un pas supplémentaire qualifiant, à peu de mots près, le modèle familiale traditionnel d’esclavagiste:

L’initiative incite donc les femmes à choisir un système familial qui les fera dépendre de leur mari et soustrait au monde du travail des femmes suisses ou résidentes, normalement bien formées, qui ont la volonté et la capacité de travailler, tout en pouvant en même temps être d’excellentes mères, en faveur d’autre (sic) femmes ou d’hommes qui viennent de l’étranger.

Les connaisseurs apprécieront la conclusion d’une xénophobie tout à fait odorante…

Dans cette dernière phrase, M. Pelli veut sous-entendre qu’offrir une défiscalisation des frais de garde de ces propres enfants revient à contraindre la volonté des femmes; c’est habile mais ce n’est pas exact. La déduction se pratique en Valais depuis 2011 et la proportion de mères de famille traînant boulet au pied n’a pas augmenté d’un pouce ! Enfin, refuser de considérer la production et la cadence des mères au foyer comme un travail et un travail requérant d’immenses capacités (pour preuve, Fulvio Pelli n’a jamais été admis à ce poste) relève du mépris des femmes le plus confondant. Mépris qui confère au sexisme le plus flagrant, qui n’ose pas imaginer une seconde qu’un homme puisse vouloir lui aussi profiter, à temps partiel ou plein, de l’aubaine. L’époque n’est pas si lointaine où nos mères se voyaient affublées du titre de « ménagères » sur les courriers de l’administration…

M. Pelli erre enfin qui qualifie de « bonne chose  » la déduction des frais de garde par des tiers et de mauvaise celle des frais de garde par ceux qui sont les plus propres à prendre en charge l’éducation d’un enfant, ses parents. Ce dont M. Pelli ne veut pas en somme, c’est de l’égalité, empêcher cette déduction c’est contraindre plus de familles qu’on ne pense à reprendre le chemin des petits boulots précaires pour satisfaire à la charge fiscale. Jeudi dernier, la Conseillère fédérale Simonetta Sommaruga demandait officiellement pardon pour le scandale des enfants placés. Entre arracher des enfants à leurs parents pour les placer de force dans des internats et contraindre ces mêmes parents à les placer eux-mêmes en crèches pour aller gagner plus d’argent pour payer taxes et gabelles, qu’on nous explique la différence.

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