Le PS veut nationaliser la presse et taxer l’internet

Vous étiez encore trop libre, mais heureusement le PS veille…

Nouvelle monstruosité antidémocratique en date, le document de position PS au titre assumant pleinement son paradoxe orwellien: « Pour un système médiatique compatible avec la démocratie« . Le parti socialiste cherche à palier sa perte d’influence médiatique en confisquant le nouvelle liberté d’internet et en subventionnant massivement la concurrence mainstream des sites d’information indépendants. Un futur à craindre très sérieusement.

 

Contrôle

Le diagnostic est bon, le remède, quant à lui, fatal, l’idéologie se fondant sur la foi d’une obligation faite à l’Etat de prendre en charge la qualité de l’information destinée au public:

« Le PS Suisse approuve le constat scientifique selon lesquels les médias institutionnels commerciaux et privés sont de moins en moins à même de fournir à la société un journalisme compatible avec la démocratie, précisément dans le secteur de la presse. Un journalisme compatible avec la démocratie se distingue par la pertinence, la pluralité des opinions et des fournisseurs, l’intelligibilité, la fidélité aux faits ainsi que par la distinction nette entre opinions et faits. Il faut créer les conditions permettant d’assurer un journalisme de ce type pour le plus large public possible. »

Pour ce faire, le parti socialiste propose de verser « des subventions de l’ordre de 100 à 200 millions de francs », soit entre 8 et 16% du revenu actuel de la redevance, une paille.

humanité staline

« Le PS Suisse propose trois instruments de financement qui devraient être utilisés pour abonder un fonds interdisciplinaire pour les médias et le journalisme : une taxe publicitaire, une taxe sur le trafic de données pour les services Internet qui exploitent les prestations journalistiques de tiers (tels que les moteurs de recherche ou les plateformes de réseaux sociaux) ainsi que les fonds provenant de la répartition du produit de la redevance qui seront réaffectés et éventuellement augmentés. »

Pas fou, cette généreuse subvention ne sera accordée qu’aux « médias qui remplissent certaines exigences en termes de conditions structurelles de la production journalistique. » Conditions qui restent à définir.

Plus loin on apprendra qu’une autorité sera chargée de contrôler:

« L’ancrage local et régional, la pluralité d’opinion et thématique ou la pertinence politico-sociétale des diffuseurs concessionnaires. »

Les gratuits en sont exclus, ce qui élimine déjà 99, 9% des médias sur le net.

Ils devront montrer patte blanche:

« Les éventuelles règles touchant au contenu seront déterminées par les éléments clés de la pertinence et de la pluralité connus à travers la répartition du produit de la redevance. »

Le tout étant livré aux mains d’un « machin » sub-étatique:

« Ce n’est pas à un office fédéral de décider qui sera soutenu ou non avec des fonds publics pour la production d’un journalisme compatible avec la démocratie mais à une instance largement indépendante de l’administration publique qui dispose des ressources nécessaires. Celle-ci serait constituée de représentant-e-s de la société civile tels que des expert-e-séconomistes et des spécialistes des médias. »

On connaît la chanson… Voilà qui promet toute latitude de subventionnement à certains bénéficiaires et peau de balle à d’autres sur des critères éminemment subjectifs.

A cela s’ajoute le contrôle institutionnel idéologique qui infeste déjà l’enseignement et autres profession de transmission, le contrôle continu:

« Pour le PS Suisse, la formation continue des journalistes est une condition sine qua non d’un journalisme sérieux et indépendant. La formation continue ne doit toutefois pas se cantonner aux règles professionnelles ni aux aptitudes économiques et technologiques maisl’accent doit être mis sur le renforcement d’un journalisme respectueux et promoteur de la démocratie. »

Sérieux, indépendant, démocratie, autant de termes et de principes à définir à la lumière de l’acception socialiste.

 

Concentration du pouvoir

Le document, tout en feignant de s’inquiéter de la réduction des titres et des places de travail, ignore totalement la concurrence pléthorique de la structure publique, laquelle, du haut de ses 26 chaînes de TV et radio et autant de sites internet, écrase la moindre initiative privée sans lui laisser le plus maigre espoir de survie. C’est d’ailleurs ce privilège public qui a éreinté les agences de presse et créé la situation de total monopole de l’Agence télégraphique suisse (ATS) que regrette le PS aujourd’hui. Diminuer la pression du public, que nenni, le PS veut nationaliser l’ATS:

« Le PS estime qu’il faut ouvrir des discussions pour que l’offre de l’ATS soit conçue comme un élément du service public journalistique de Suisse en transformant par exemple cette agence en établissement de droit public titulaire d’une concession d’Etat et astreint aux règles ad hoc concernant sa mission. »

Que le domaine public réunisse tous les pouvoir n’inquiète pas les socialistes, que le domaine privé en acquiert par le fait de la paresse de la profession et c’est l’alarme.

 

Dénigrement de la concurrence

Les médias privés sont forcément réacs, sexistes, capitalistes:

« Il existe cependant aussi des acteurs qui ne veulent pas entendre parler d’une crise des médias et du journalisme. Les réactions de certains éditeurs et managers (presque exclusivement des hommes) des groupes de médias subsistants méritent d’être soulignées. Ils contestent les problèmes de qualité et de pluralité du journalisme en raison de leurs propres intérêts financiers. »

Mais le parti socialiste a compris, qui va les éclairer pour avancer vers un monde nouveau:

« Ils n’ont pas non-plus su déceler à temps les défis que réserve aux entreprises la conversion au numérique ni axer leur groupe sur cette évolution avec de nouveaux modèles d’activité. Parallèlement, une partie du (de l’ancien) « public » n’a pas grand-chose à gagner des plaintes sur la fin des médias classiques et du journalisme. »

Car, il faut le savoir, la liberté d’internet représente un danger pour la démocratie:

« Pourtant, à y regarder de plus près, même le soi-disant pays de cocagne numérique a seszones d’ombre. Il est évident que l’opinion publique connaît une « démocratisation » inédite grâce à Internet mais si les masses considérables d’informations et de contenus de communication produits sur le réseau par ce qu’on nomme les « prosommateurs » génèrent une dynamique du bas vers le haut, elles induisent aussi le risque d’une « censure démocratique ». Il est certes facile de devenir producteur ou productrice sur Internet en créant une offre mais il est difficile d’attirer l’attention sur l’offre en question quand le « budget temps » du public potentiel ciblé est limité. Les expériences médiatiques collectives de personnes au sein d’un certain espace (politique au sens large) du monde réel se raréfient compte tenu de la foultitude d’informations où il y en a pour tous les goûts. C’est particulièrement vrai pour les sociétés d’abondance occidentales. Les démocraties sont face à un problème sérieux. Paradoxalement, l’individualisation croissante de l’utilisation des médias affaiblit d’une part la fonction d’intégration (de haut en bas) de l’opinion publique et d’autre part la vraisemblance d’un changement politique « par le bas ». Cela ne permet pas d’exploiter le potentiel émancipatoire d’Internet« .

En clair, l’abondance de choix a dispersé les masses très au large de la propagande socialiste, les rendant inaccessibles au lavage de cerveau institutionnel en place depuis tant d’années. C’est là que des médias privés subventionnés doivent intervenir pour ramener cette clientèle au bercail:

URSS_sello_Pravda_1982_4k« Ainsi, les médias journalistiques demeurent importants pour la démocratie à l’ère du numérique et gagnent peut-être même encore en importance. C’est à eux qu’il appartient de canaliser les flux d’information et de communication. Ils sont censés contribuer largement à la transmission d’un horizon du savoir partagé et rendre ainsi possible le débatsur les questions politiques du vivre ensemble et du développement de la société. La Suisse, démocratie directe par excellence, a justement besoin d’un paysage médiatique caractérisé par la pluralité institutionnelle et des organisations médiatiques performantes dans les secteurs commerciaux, publics et de la société civile. L’idée du service public dans le domaine médiatique, en particulier, doit non seulement être défendue mais aussi étendue et développée à l’aide de modèles novateurs allant au-delà de la SSR et de la diffusion hertzienne. »

Le poulpe visqueux du média d’Etat doit lancer un tentacule de plus sur le monde électronique.

 

Divers

Le reste de cette déclaration d’intention plaide, entre autre, pour une imposition obligatoire de la redevance à tous les citoyens, indépendamment de leur goût ou de leur volonté affirmée de ne pas subventionner la SSR:

« Une redevance généralisée est justifiée : en inscrivant l’article sur la radio et la télévision dans la Constitution, la Confédération a eu pour mission d’établir un système de diffusion hertzienne contribuant à l’éducation, à la formation d’opinion, à l’épanouissement culturel et au divertissement. C’est là une mission de service public établie démocratiquement dont l’accomplissement bénéficie directement ou indirectement à tout le monde, y comprisaux personnes qui consomment rarement voire jamais des programmes radiotélévisés. »

Ce qui constitue une violation caractérisée de la liberté de conscience. Quel média au monde est en position de contraindre la population à acheter ses produits ?

S’il y a encore quelque véritable amoureux de la démocratie au parti socialiste, non pas de l’hégémonie d’un parti ou d’une idéologie sur la démocratie, mais de la vraie démocratie, en son principe, qu’il considère que ces façons de penser sont éminemment dangereuses et corrosives pour les libertés individuelles. La nécessité d’un service public, d’un service au public, est indéniable, mais l’érection de cette échelle d’argent, montée sur des critères aussi injustes qu’arbitraires, emprunte à la logique du profit bourgeois son principe, son fondement, ses méthodes. Des documents tels que celui-ci sont à la liberté journalistique, à la démocratie, ce qu’Haussmann fut aux avenues, de grandes lignes pour enserrer le peuple.

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