Presse, drogues et socialisme : La rentabilité de la misère

gauscismeDans son numéro du 8 octobre 2015, l’Hebdo reprend à son compte la vieille lune socialiste de la libéralisation de toutes les drogues.

Le 19 septembre dernier, comme tous les quatre ans, les jeunes socialistes suisses relançaient leur vibrant appel à l’ouverture du marché de la drogue. Deux semaines à peine plus tard, la presse romande, le doigt sur la couture, claquait des talons en rythme. Chronique d’une stratégie de l’effondrement.

Pas moins de neuf pages en quadrichromie pour préparer le chaland à l’inévitable évolutionnisme social contemporain qui vous fera passer un mal absolu pour un bien. Ce n’est pas l’intelligence qui nous sauvera de la drogue, c’est la nouveauté. La grille de présentation est assez classique : un déplacement de la notion de dommage, un constat d’impuissance, des chiffres, et, surtout, des « experts ».

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Le penchant n’est pas la cause du dommage, c’est son interdiction. Le mal n’est plus le mal, c’est sa pénalisation qui en fait un mal. La solution ? Supprimer la répression pour en faire un bien. Simple non ? « C’est l’illégalité qui pose le plus de problème », assène avec autorité le Pr. Zullino, addictologue genevois, dont la docte assurance fait écho aux certitudes de l’inénarrable Olivier Guéniat, chef de la police neuchâteloise.

Classique récurrent de la pensée révolutionnaire, la dénonciation de la norme pénale a déjà servi à de multiples reprises, notamment quand ses partisans luttaient avec ardeur pour la libération sexuelle des enfants : « Les perturbateurs des moins de seize ans ne sont pas les baisers de l’être aimé, mais les menaces des parents, les questions des gendarmes et l’hermine des juges », lisait-on dans Le Monde en 1976. La théologie de l’inversion prédomine, la répression bourgeoise est la première entrave au bonheur, dénoncer le mal, le seul mal.

La réalité finira par rattraper ces grandes âmes, à qui il faudra tout de même vingt ans pour entendre enfin les cris de leurs victimes. Ici les victimes sont des « accros » et en redemandent, la tâche est donc plus aisée.

Le déterminisme matérialiste de gauche veut bien toutefois consentir un détour par la notion de réel. Trop chère, inefficace, la répression pénale est tout simplement impossible. « En s’attaquant au deal de la rue, nous nous illusionnons », affirme Olivier Guéniat, qui interroge ainsi, sans le savoir, sa propre utilité, « les mesures de combat n’ont pas ou que peu d’impact sur la consommation, qui augmente même dans les centres urbains où la répression est la plus forte. Cherchez l’erreur ! ». Elle est toute trouvée. Logique de l’inversion là encore, qui veut faire une norme de l’abandon de la norme. L’on renonce d’abord à appliquer la loi, puis l’on réclame de l’aligner sur le défoulement des mœurs au prétexte d’adaptation aux impératifs des progressismes contemporains.

Si la répression est un tel échec, qu’attend-on alors pour éradiquer les peines de prisons fermes de Via Sicura, coucher tous les radars et renvoyer la troupe contractuelle à la douceur de ses foyers ? Quatre ans pour un excès de vitesse, 250 francs pour 5 centièmes, autant pour un stationnement à Genève, thérapie de force après 0,8 pour mille en 2016 etc. Le résultat ? Ca marche ! Et c’est avec un zèle qu’il convient de saluer que la maréchaussée a entrepris de réprimer ces 81% (chiffres 2010) de criminels en puissance que constituent les automobilistes. Comment expliquer alors que ces viriles dispositions tombent comme un soufflé devant les 4,5% de cocaïnomanes et la poignée de dealers censés les fourrager ?

Ce qui nous amène à la question des chiffres. Argument ultime de tous débats, le chiffre-preuve est la mousse carbonique qui doit éteindre la moindre étincelle de réflexion. Par une sorte de stupeur hypnotique, ce même chiffre qui appelle une riposte cinglante sur les routes, enjoint soudain de jeter l’éponge devant un phénomène pourtant fortement minoritaire. Foin de peines de prison ferme, d’amendes au centième de gramme. Mais pourquoi cela ?

La réponse est d’un cynisme sans détour. Le propre des révolutions se résume à l’instrumentalisation de l’exercice du pouvoir à des fins privatives. Le citoyen n’est le plus le bénéficiaire de la démocratie et le dépositaire des droits mais le gibier d’une avidité sans complexe au service d’une conception hégémonique de l’Etat qui se passe et se repasse à l’envi du centre-droit à la gauche la plus radicale.

La question est d’une simplicité déconcertante, la gauche veut l’argent de la drogue pour renflouer ses conceptions déficitaires. Le PS ne comprend pas que l’argent des dealers lui échappe et propose de leur substituer ses bons offices. Depuis l’effondrement des forces conservatrices, il y a trente ou quarante ans, le matérialisme socialiste a concentré ses efforts sur un seul objectif, l’argent, rejoignant en cela le radicalisme, issu de la même révolution. La gangrène taxatrice s’est étendue au moindre besoin ou vice de l’homme, de la table familiale au fond de la poubelle domestique, en passant par la vignette ou la redevance TV, devenue obligatoire pour tous, même non consommateurs. Tabac, alcool, jeu, une addiction manquait à l’appel, la drogue. Loin de prévenir, on cultive, on entretient un niveau statistique acceptable de dépendance pour un seul et unique but, la rentabilité.

Il ne se trouve aucune décision d’ordre moral en politique qui ne tende à ce résultat. Avortement, génétique, nouvelles prestations sociétales, il y a toujours un bien ou un service à vendre. Ce pays est devenu un catalogue de boutique cadeaux pour plus offrants.

La croyance en cette toute-puissance du consumérisme repose en outre sur le postulat erroné que les bénéfices suffisent à absorber la masse de ceux qui trébuchent en chemin et pèsent sur les assurances. Mais le moteur chauffe et la classe moyenne s’essouffle. Quand la mesure sera comble et que l’inconfort de la richesse aura rejoint le confort de la pauvreté, le monde sera alors prêt pour la floraison du socialisme telle qu’une moitié de l’Europe l’a déjà connue au courant du siècle dernier, une société, économiquement, moralement, crevée, en cale sèche, couchée de flanc sur le bas-côté.

Parce qu’elle croit qu’il suffit de prendre aux riches pour donner aux pauvres, dans un partage équivalent de chantage et de dépendance, la gauche se croit sociale, humaine (« l’humain d’abord » lit-on partout). Parce ce qu’elle croit qu’il suffit de créer un système rémunérateur pour résorber, annuler, la misère, cette même gauche en vient à nier les évidences qui oseraient contredire son idolâtrie du succès matériel : Les travailleurs qui croulent sous le poids du socialisme ? Ils se trompent et ne sont pas si nombreux. La détresse des femmes après un avortement ? Elle n’existe pas plus que la personnalité de ce qu’il y a dans leur ventre. Les victimes du jeu de hasard ? Elles sont insignifiantes et celles des excès d’alcool et de tabac ne sont là que pour servir d’argument à la légalisation de la drogue.

Des nuées de toxicos invisibles viendront s’échouer contre le rempart inflexible d’un humanisme de façade, qui préfère les voir s’éteindre et s’enrichir parce que, somme toute, combattre les dealers est devenu trop difficile. Tout le menu fretin des crève-la-faim sera recraché sur le rebord de la route par un système éminemment inhumain qui ne voit que le revenu qu’il peut tirer de ce matériau qu’il regarde comme un déchet. Le bien commun n’est plus une notion morale, c’est une donnée numéraire. Toutes les sociétés qui ont mal tourné tenaient ce principe de la négation de l’autre. Et ce sont pourtant les mêmes qui ont corrigé le préambule de la Constitution pour rappeler que « la force de la communauté se mesure au bien-être du plus faible de ses membres. » Ce n’est pas qu’ils ne voient pas, c’est qu’ils ne veulent pas voir.

NM

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