Revenu de base inconditionnel: Pour les migrants aussi !

Le Conseil fédéral a déclaré hier son intention de présenter en votation populaire, le 5 juin prochain, l’initiative Pour un revenu de base inconditionnel.

Déposée le 4 octobre 2013 par un groupe indépendant (et plutôt anonyme), l’initiative propose de modifier la Constitution pour contraindre la Confédération à reverser, « à l’ensemble de la population » de quoi « mener une existence digne et de participer à la vie publique » (al. 2).

Modèle économique

Vous l’aurez compris, il s’agit bien d’un RMI à la française, tant il est vrai que l’économie de notre brillant voisin est un exemple de réussite à suivre absolument. Incitation au débrayage (5% d’augmentation par an), le RMI a connu le sort de toutes les entreprises de redistribution forcée de l’histoire du socialisme, le découragement des moteurs de l’économie et l’enraiement à long terme de toute idée de croissance. Instauré en 1988, le revenu minimum d’insertion (1,2 millions de bénéficiaire en 2007), n’a bientôt plus suffi et a été élargi, en 2009, au RSA (2,3 millions de bénéficiaires en  2013, +25% par an en trois ans). Revenu de solidarité active, destiné avant tout aux Working poors, soit aux travailleurs qui ne gagnent plus assez, ce qu’il faut voir comme une conséquence logique d’une politique de subvention de 25 ans. Le travailleur français n’est plus concurrentiel que sous perfusion publique continuelle. En Robin des Bois schizophrène, l’Etat français pense pouvoir retenir les riches et contenir les pauvres en dispensant main-d’oeuvre et allocations à prix cassés aux uns et aux autres. L’appauvrissement généralisé qui s’ensuit explique entre autres la frénésie avec laquelle les Etats qui pratiquent la chose se ruent sur l’Eldorado évadé des banques helvétiques. Le dépôt de bilan menace, les potences se dessinent à l’horizon, et il faut bien aller chercher l’argent là où il se trouve. La Suisse ayant échappé au pot commun de l’Union européenne, elle ne pouvait se soustraire au culte de l’idole socialiste toujours plus avide de l’argent d’autrui. Il ne faut pas chercher ailleurs la raison de la crise bancaire de ces vingt dernières années.

Mondialisation de la solidarité

Il n’aura échappé à personne cette forme d’obligation morale d’accepter, bras ouverts, yeux fermés, des centaines de milliers de migrants, indépendamment de la réalité de leur prétention à l’asile et du simple fait de leur volonté de se rendre chez nous. Dans cette guerre à mort que se mènent les économies de ce siècle, il apparaît clairement que le phénomène tient de la stratégie concertée pour grever les finances européennes.

gr-f-01.02.01.02.15e-suLa Suisse, qui semble avoir résisté jusqu’ici, pourrait bien être abattue par l’alinéa 2 de cette nouvelle initiative:

Le revenu de base doit permettre à l’ensemble de la population de mener une existence digne et de participer à la vie publique.

Population ? « Population résidante permanente« , cela va de soi (v. Message du Conseil fédéral, FF 2014 6314). Soit, depuis 2010, tous les étrangers en Suisse depuis 12 mois au moins, requérants d’asile compris. Tous !

Amusante coquetterie qui n’avait pas échappé à l’UDC vaudois Jean-Pierre Grin, qui déclarait, le 23 septembre 2015 : « Un revenu de base inconditionnel de 2500 francs par mois exercerait un fort pouvoir d’attraction sur les populations de nombreux pays étrangers« , concluant, avec le bon sens paysan qui le caractérise, que si « tout travail mérite salaire« ,  à plus forte raison « tout salaire mérite un travail« .

A 2500 francs par mois et par adulte et 625 francs par enfant, le Conseil fédéral chiffre la plaisanterie à la bagatelle de 208 milliards de francs par an (FF 2014 6314), 35% du PIB; excusez du peu. Cela sans compter que, très vite, de charitables âmes avanceront avec raison que 2500 francs ne sont pas assez et qu’il faut augmenter l’allocation.

Le contrat suisse

En Suisse, la garantie des « moyens indispensables pour mener une existence conforme à la dignité humaine » est déjà dans la Constitution. Subtilité, dans la plupart des cantons, l’aide sociale est remboursable dès retour à meilleure fortune. Le contrat suisse, s’il prend acte du malheur qui peut frapper l’un de ces concitoyens, se refuse à le considérer jamais comme un assisté à perpétuité, un abonné de l’Etat, lié, tenu, par cette sorte de servage de l’assistance qui incite à tout sauf à relever la tête. L’assistance est une bonne chose, une chose indispensable, quelles que soient les fautes ou les responsabilités de chacun. Mais enchaîner un homme à la nécessité, lui faisant miroiter que son esclavage est plus accessible que sa liberté, est-ce vraiment cela lui permettre de « mener une existence digne » ?

Le problème de la démocratie socialiste, de la gauche en général, c’est qu’elle a basculé du côté de l’argent, de la fascination qu’il exerce. Inévitable destinée des idéologies matérialistes. La véritable dignité de l’homme  n’est pas l’argent, mais la liberté de vivre du fruit de son travail. Or c’est précisément ce que genre d’initiative se propose de supprimer.

Noël Macé

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