Affiches UDC: de la moralité autorisée

IslamLe petit clergé des enfants de 68 ne sait plus réagir que par des litanies d’incantations morales que leurs propres aïeux auraient eux-mêmes bruyamment conspuées.

Tout comme la délicieuse affiche « Utilisez vos têtes » avait appelé mille foudres judiciaires – toutes classées sans suite -, la petite gauche mourante que le Valais compte encore croit pouvoir marquer des points en appelant de ses vœux les affres de la sanction pénale sur leurs adversaires, comme d’autres en appellent à leur grand frère au premier différend.

En préambule, passons sur l’amalgame Ensemble à Droite – UDC, qui ne sert qu’à révéler cette parfaite unité d’émotion – et de frustration – qui parcourt la gauche, du PDC aux confins du PS, comme un seul et même corps.

Concentrons-nous sur deux réactions outrées, deux rengorgements de goitre, qui, s’ils se donnent un mal fou pour éviter les mêmes épithètes, ne peuvent s’empêcher de dire deux fois, de la même manière, une seule et même chose: La droite, la vraie, n’a qu’un seul droit, se taire.

1. Morale blessée

Commençons par M. Delitroz, fonctionnaire pensionné un fois par l’instruction publique, une autre par la commune de Monthey, qui pousse une parodie de « coup de gueule« , complaisamment remorquée par les services consciencieux du Nouvelliste. En cause, l’affiche « Maria » de l’UDCVR. La réaction de l’intéressé:

« Honte à vous, Messieurs !

Honte à vous, Messieurs Freysinger et Voide. Vous avez osé publier dans le Nouvelliste du mardi 24 janvier une page publicitaire qui met en balance la misère humaine et la misère humaine, qui fait croire que la misère humaine de chez nous serait moins misérable si le Valais ne s’occupait pas de la misère humaine réfugiée. C’est sordide. C’est honteux. C’est misérable.« 

Ce cri est d’abord celui de l’impuissance d’une gauche découvrant – Internet juvante – qu’elle n’est plus la seule autorisée à parler de « misère« . Mais la profonde virulence de l’indignation vient surtout de ce refus réactionnaire de l’UDC de faire la part des choses entre la bonne et la mauvaise misère.

Le socialisme se nourrit de la misère (1), il en a besoin pour vivre, pour exister. Si cette misère peut être plus ou moins chargée sur le bât d’un capitalisme suffisamment « mondialiste » pour ne pas être « internationaliste« , alors la voilà bien vivante, dénoncée, décriée. Mais si elle a le malheur d’être la suite logique de toute politique socialiste à la surface de cette terre, le déni est total. Le drame de l’URSS est-il donc déjà si lointain que nous ayons oublié que les socialistes, toutes chapelles confondues, étaient les spécialistes incontestés de la misère ?

La misère des migrants est « réelle« , puisque fondée sur le fantasme d’un droit inaliénable de l’étranger à prétendre à la richesse de l’autochtone du simple fait qu’il ait pris la peine de se déplacer. Ainsi, ce n’est pas le statut de réfugié qui provoquerait la migration, mais la velléité de migration qui élèverait de facto à l’onction suprême conférée par le droit d’asile. La légèreté avec laquelle la gauche européenne a traité le statut effectif des migrants est certainement cause des tragédies à répétition de ces deux dernières années.

Ce qui est particulièrement glaçant, dans le pamphlet politicien de Délitroz, c’est qu’il n’accorde pas une phrase, pas un mot à cette « misère humaine de chez nous » qu’il reproche à l’UDC d’avoir « osé » exhumer des oublis de la bien-pensance. Or, l’affiche de l’UDC ne dit guère plus que cette seule et unique chose qu’un internationaliste ne peut cependant ni tolérer ni supporter: Charité bien ordonnée commence par soi-même. Le PS, lui, veut tout pour autrui, sans discernement de légitimité, à la seule condition qu’il vienne d’ailleurs et qu’il le demande. Il veut cela parce qu’il veut abattre l’exception nationale qu’il voit comme un obstacle originel à sa visée hégémonique totalitaire.

Ainsi, l’indignation de Délitroz n’était pas motivée par le fait que l’UDC ait oublié de sacrifier au dolorisme migratoire, mais que celle-ci ait osé évoquer une douleur autre que celle autorisée par le parti. Il n’y a que les migrants qui ont le droit de souffrir, toute autre souffrance est outrageusement réactionnaire.

maria2. La parade légaliste

La pauvre petite chose complexée qui se répand dans l’1dex se croit frappée de génie pour être la seule de sa coterie à savoir manier la confusion des genres. Là, de nouveau, pas un mot de cette pauvreté résidente exclue de droit de cité et qui doit toutes les préséances aux fantasmes tropicaux d’un gauchisme outrancier. Dans une piètre effusion d’une imagination qui emprunte tout aux ressorts les moins surprenants de feu le Petit Journal  de Canal+ (car qu’il est bel et bien mort), l’auteur croit trouver un argument dans l’utilisation d’un portrait issu d’une banque d’images. On peut prétendre tout savoir de tout et ignorer que ces institutions sont aussi nombreuses que les étoiles du ciel et se repassent inlassablement le même matériel les unes aux autres. Qu’à cela ne tienne, l’on n’a qu’à prendre l’une d’entre elle au hasard, de préférence celle qui met dans ses conditions générales l’exclusion du débat politique, et entonner de nouvelles incantations aux mânes de la morale. Encore, toujours, elle, on ne la jamais autant entendue que depuis qu’ils nous en ont débarrassé ! Soulignons encore au passage le discret appel d’offre à l’adresse des ayant droits qui dit tout de la vraie nature et des pratiques du personnage.

La vraie question

Le message est inaudible, on tue le messager. Il n’existe pas vraiment ? On étale sa frustration, c’est logique. Il y avait pourtant, dans tout ce brouhaha, une question fort légitime, pourquoi l’UDC n’a-t-elle pas affiché de « vrais » gens ?

La réponse en est, ma foi, des plus simples. Premièrement parce que faire des photos coûte cher et que l’UDCVR est responsable de l’argent que lui confie ses adhérents. Deuxièmement – et le déferlement auquel vous assistez n’en est qu’une preuve supplémentaire – parce que céder son image à l’UDCVR peut coûter cher, très cher.

Je tiens au demeurant à saluer ces candidats de l’UDC et d’ailleurs, qui s’exposent parfois à perdre beaucoup pour gagner le droit de défendre juste un peu. Voilà pourquoi l’UDC est contrainte de tirer de nulle part de quoi illustrer ces réalité interdites qu’elle est la seule à relever. Mais ouvrez donc les yeux, pourquoi croyez-vous que les sondages se trompent ? Parce que même dans l’anonymat des instituts, des milliers d’hommes et de femmes préfèrent encore cacher leurs convictions par crainte de perdre les moyens essentiels de leur subsistance.

Comment je le sais ? Parce que je l’ai vécu dans ma propre chair, parce que mon premier salaire a été suspendu le jour même de l’annonce de ma candidature sur les listes jeunesse en 2003, parce que toute idée de carrière, universitaire, diplomatique, juridique, institutionnelle a été mise en panne à tout jamais par ces bons apôtres des misères d’outre-mer pour le seul crime d’avoir cru que l’expression était libre, vraiment libre. Votre haine de toute idée étrangère s’est changée en une persécution bien réelle au fur et à mesure que vous observiez la disparition de votre influence. Vous nous persécutez, le Berufsverbot est une réalité dans ce pays, vous persécutez nos idées, et c’est probablement pour cela que nous allons gagner, parce que vous nous avez appris à nous défendre tandis que vous oubliiez comment vous battre, former une idée. Il est déjà bien tard pour un règne qui a besoin de tant d’expédients pour se forger une conviction.

Cher Monsieur Délitroz, moi aussi j’aurais adoré être titularisé à 23 ans après un DES de 3 ans à l’université mené en cours d’emploi, et puis, perché sur mes fromages, haranguer les foules, monter des barricades pour sauver, contre la vague « immonde » de la révolution conservatrice, les vieux colifichets souillés du conservatisme révolutionnaire. Après 12 ans d’université, je sais que je ne travaillerai jamais dans le domaine que je m’étais choisi, ni dans aucun de ceux qui auraient pu me choisir. Et pourtant, M. Délitroz, qu’est-ce qui nous sépare, sommes-nous si différents ? Dites-vous bien que derrière chacun de ces UDC que vous détestez avec tant d’application, il y a un homme, une femme, qui aurait rêvé de ne jamais avoir à se battre et à qui on n’a seulement pas laissé le choix. Ce sont des gens comme vous qui nous ont fait. Voilà peut-être la raison de cette horreur qu’on vous inspire, nous sommes l’incarnation de vos injustices continuelles.

Vous voulez un vrai visage pour pouvoir lui cracher à la gueule, le conspuer, fouiller son passé pour prouver que sa misère à lui n’est ni authentique, ni  légitime, ni agrée, estampillée, autorisée ? Je vous le donne, faites-vous plaisir: Adrien, 41 ans, marié, 3 enfants, 4 diplômes universitaires, un 5e en patience, 29 mois de chômage, n’a jamais trouvé de travail fixe en Valais parce qu’il était Valaisan, de droite, et osait croire, l’innocent, qu’il en avait le droit.

Adrien de Riedmatten

 

(1) « Je n’ai jamais oublié que l’objectif inavoué du socialisme – municipal ou national – était d’accroître la dépendance. La pauvreté n’était pas seulement le sol nourricier du socialisme: elle en était l’effet délibérément recherché. » Margaret Thatcher

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *