Le Conseil suisse de la presse en chute libre ?

10 plaintes, 200 pages d’écriture, balayées en 2 pages de considérants.  10 mois d’attente, entre renvois inexplicables, défections, récusations ou leur oubli, la fin d’une procédure, la fin peut-être, aussi, d’un symbole d’éthique journalistique.

La cause est longue, le candidat malheureux aux dernières éléctions, Adrien de Riedmatten, attendait beaucoup du Conseil de presse dans le règlement de l' »affaire Rossini » ; une étincelle partie sur un montage de Gilles Berreau et la promesse d’une plainte qui n’est jamais venue.
La rédaction expresse de ses plaintes avait permis d’éteindre le feu du lynchage qui le visait en sa qualité de membre de l’UDC. Il espérait encore obtenir ce droit qui ne devrait même pas se réclamer en démocratie, celui de pouvoir répondre à de graves accusations.

Après le refus de sa demande de droit de réponse par un juge concubin d’une chroniqueuse du Nouvelliste, Riedmatten savait ne devoir attendre qu’une multiplication de frais de justice sans résultat. C’est comme cela que se défend le système, et ça marche. Chaque journal en a fait de même, avocats, juristes, la grosse artillerie pour impressionner.

Devant ce rempart infranchissable, il a fallu faire la preuve de chaque mot, de chaque phrase. Le fardeau de la preuve revient toujours à celui qui n’est pas journaliste, au clampin qui ne sait rien du pouvoir. Par exemple, Fabiano Citroni, du Matin Dimanche, qui avait grossièrement menti en prétendant avoir contacté l’intéressé, alors qu’il s’était arrêté au président des UDC, fut sans doute celui qui se débattit le plus ; plus c’est gros plus ça passe.

rts avantaprèstotalDes règles simples

L’éthique journalistique, la charte du Conseil repose sur une règle claire, la recherche de la vérité. Le Conseil n’est pas un vrai tribunal, il ne connaît pas de voie de recours, ses membres sont tous d’anciens journalistes. Les règles sont claires, toute personne faisant l’objet d’une reproche grave (une menace de plainte par exemple) doit être entendue, toute personne visée par des informations erronées doit pouvoir demander des corrections, ces corrections doivent être signalées.

Les preuves sont réunies. Premier hic, le conseil les refuse, trop « prolixe ». Pourtant, ces pièces permettaient de confondre un à un les mensonges de Citroni ; qu’importe, le Conseil les refuse sans discussion. Résultat des courses, Citroni est blanchi. Berreau, du Nouvelliste, promet de rappeler en cas de plainte, la plainte arrive, suscitée, d’ailleurs, par son intervention, il oublie de rappeler, puis se mêle les pinceaux dans les propos qu’il attribue à celui dont il monte l’accusation ; on refuse la correction, aucune importance. La RTS corrige 3 fois en 2 jours, refuse de signaler ses corrections, pas grave. Joël Cerruti annonce sur Facebook son intention de s’en payer une tranche avant de tailler sa plume, ce n’est rien, bagatelle que tout cela. Filippin, de Canal 9, découvre avec la plainte l’existence du droit de réponse à la TV, c’est normal, tout va bien…

Pour la première fois dans la jurisprudence du Conseil de presse, l’erreur originelle du premier journal suffira à dédouaner toutes les autres. A partir de cette décision deux choses changent, un journaliste n’est pas en cause pour un défaut de vérification si un autre journal a publié l’erreur avant lui, un droit de correction n’est plus obligatoire en cas d’erreur « commune ». Voilà tout.

L’AIEP, l’Autorité indépendante d’examen des plaintes en matière de radio-télévision le « tribunal » de la SSR, était tombée, en 2004, sous les coups de la jurisprudence « Soupe est pleine« , celle du Conseil de presse s’effondre aujourd’hui sous le poids de l' »affaire Rossini« . La décision est nulle, creuse, elle ne juge pas, elle débarrasse, tant pis.

Nombreuses irrégularités

Prévue d’abord pour le mois d’août, la constitution du jury est repoussée sine die, puis fixée au mois d’octobre, puis novembre, puis à nouveau remise sans raison. Il faudra attendre l’intervention de la présidence pour obtenir le résultat que l’on sait. Tensions internes, embarras, pressions ? Une telle situation ne s’est jamais vue. Une telle décision non plus, l’ennui domine, 3 lignes par plainte ; ce n’est plus du droit, c’est une brève d’agence, on dirait du robotisé. Le président du Conseil, Dominique von Burg, qui se récusera face au Courrier, dont il est membre de l’association éditrice, ne bronchera pas dans le cas RTS, dont il a pourtant été un employé assidu pendant des années. Ca ne dérange personne, c’est comme ça, on se presse.

Adrien de Riedmatten ne se dit pas particulièrement déçu, quoique tout de même étonné, ne soupçonnant pas un tel degré de révérence chez des professionnels pourtant déjà, pour la plupart, au placard. Il reconnaît aussi avoir profité d’un effet extincteur, la rédaction des plaintes ayant bien refroidi ses assaillants. Il sait, par exemple, que certains médias ont donné l’ordre de ne plus prononcer ni écrire son nom, les Beaux Parleurs ont même annulé, le matin même, un sujet entier sur ce qui reste, aux yeux de l’intéressé, une opération de mise à mort, de sniping en règle, sur commande, en période de campagne électorale.

Intéressé qui dit aujourd’hui avoir pris une assurance juridique pour ne plus manquer le coche de la justice et ne plus jamais se retrouver en infériorité numérique face aux écuries de juristes des grands médias. Il regrette surtout l’influence néfaste de ces méthodes sur les esprits faibles, dont certains sont impliqués dans des menaces pédophiles adressées à son bébé d’un an ; affaire où aurait d’ailleurs mouillé un dirigeant du PSVR. Ces gens se trouvent encouragés par les cibles que leur désignent les journaux et se désinhibent totalement, laissant libre cours à une haine entretenue à dessein.
Il dit encore voir cette décision du Conseil de presse comme une médaille, un trophée, le monument de la défense héroïque d’une petite corporation finissante à l’aube de ses derniers instants. Instants qu’il appelle ardemment de ses vœux.

Georges Dréselle

2 réponses à Le Conseil suisse de la presse en chute libre ?

  1. Berclaz dit :

    Voter oui à la suppression de l’impôt dit de Billag est une nécessité

  2. Kilian Rubner dit :

    À quand une initiative populaire pour dissuader les médias de traîner les gens dans la boue impunément ?

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