Plainte contre Le Matin: Le Conseil de presse a refusé de recevoir les preuves

Dimanche dernier, l’hebdomadaire Le Matin Dimanche se félicitait de la décision du Conseil de presse de ne pas entrer en matière sur la plainte qui le visait. Qu’en a-t-il été vraiment ?

Le feuilleton de l’Affaire Rossini continue. Avant-hier, Le Matin Dimanche célébrait sa victoire, claironnant sur le rejet, par non-entrée en matière, de 5 plaintes sur les dix regardant cette affaire, dont celle qui le visait directement. Une occasion grossière d’en remettre une couche, pour matraquer le plaignant et bien lui faire comprendre qui est le patron ici.

sms citroniLa plainte portait essentiellement sur le fait que le pigiste du Matin, Fabiano Citroni, avait prétendu contacter l’intéressé, lequel aurait refusé de répondre, ce qui est faux. Flemmard au possible, Citroni s’est, en fait, arrêté à la permanence de l’UDCVR.
Nous avons vu les pièces, on y voit le ci-devant assurer ne pas vouloir courir « après le Nouvelliste » pour obtenir un numéro de téléphone pourtant aisément accessible sur Google qui plus est.

La suite se devine, pour ne pas passer pour plus branque qu’il n’est, Citroni mettra le refus d’un tiers sur le dos de celui qu’il a refusé de contacter. Le reste tient de l’enlisement, Le Matin écrivant mal mais se défendant bien, l’allergie contre tout droit de réponse qui pourrait laisser entendre que cette feuille graveleuse est en plus inexacte s’est manifesté par une avalanche d’allégations et de courriers de la patronne.

Rien que de très classique de la part du Matin et de sa clique de journaleux mainstream sur le retour, tout le monde en conviendra…

Oui, mais de la part du Conseil de presse, la surprise est totale.

prolixeLe fait est que le Conseil de presse a changé. Les contre-vérités du Matin méritaient une réponse circonstanciée. Elle vint le 12 avril, dans une plainte d’environ 13 pages, il fallait au moins ça pour dépêtrer le sac de nœud que Citroni avait élaboré, sans doute plus pour se défendre devant sa direction que devant une improbable justice. Une courte enquête a révélé que, le 20 avril 2017, le plaignant a reçu un courrier du Conseil de presse refusant la plainte au prétexte que celle-ci était trop « prolixe »; en clair, trop ‘complète’.

Pas de pièces, pas de preuves. Pas de preuves, pas d’affaire.

Ainsi, quand Le Matin Dimanche écrit, avec des trésors de précautions :

Notre journal avait écrit qu’Adricn de Riedmatten avait été contacté avant la parution de l’article, mais qu’il n’avait pas souhaité nous répondre. Dans sa plainte, l’UDC affirmait au contraire qu’il n’avait pas refusé de répondre à notre journal. Le Conseil suisse de la presse estime « qu’au vu même des éléments contenus dans la plainte, on ne saurait faire le reproche au journaliste du « Matin Dimanche » de ne pas avoir cherché à atteindre le plaignant ». Le Conseil suisse de la presse estime ainsi que la plainte est « infondée »

Il oublie de préciser qu’aucun élément ne vient confirmer le mensonge de Fabiano Citroni quand il assure avoir fait son métier de journaliste en appelant la personne qu’il accuse de menaces de mort, et il oublie surtout que le Conseil de presse a refusé de recevoir ces éléments mêmes « au vu » desquels il rend sa décision.

La jurisprudence est fixe à présent, n’importe qui peut s’exprimer à votre place dans les affaires qui vous concerne. Maintenant, vous savez comment un mensonge peut devenir vérité.

Que Le Matin, se congratule d’avoir su tromper ses lecteurs sans avoir été attrapé ne surprendra personne. Le Conseil de presse, en revanche, en retire une réputation blessée et la conviction certaine que, pour être défendus, les consommateurs de médias devront désormais prendre leur destin en main… Un certain 4 mars, par exemple, pourquoi pas ?

Noël Macé

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