Droit de réponse: Le Matin Dimanche menace de plainte pénale

Le Matin Dimanche et le groupe Tamedia ont menacé de plainte pénale un chômeur qui réclamait un droit de réponse et se plaignait de censure. Quand l’establishment vous intime l’ordre de vous taire.

Vieille histoire. Il y a bientôt deux ans, au fond d’une brève sans génie A. est accusé d’incitation au meurtre. Il perd son emploi dans les jours qui suivent. L’article assure l’avoir contacté, lui avoir donné la parole. Tout est faux, il n’a jamais menacé quiconque, on a appelé quelqu’un d’autre; rien à faire, au Matin, un truc comme ça, ça leur va.

Il entame la longue, la très longue et très chère marche du droit de réponse. Il est toujours au chômage. Le tribunal d’arrondissement de Lausanne rend un copier-coller de la détermination du groupe Tamedia SA; apparemment très influent dans la région. A. fait recours.

Surprise, le tribunal s’est trompé dans le délai. Le Matin n’hésite pas, le recours doit être annulé, tant pis pour le péquenaud. Mais dans le doute, pour être sûr qu’il la ferme à tout jamais, on assortit d’une menace de plainte pénale. Oui, l’ignoble, le crasseux, le gilet jaune de Province a osé, l’impudent, commettre une simple phrase au fond de son recours.

Au cours de l’audience, le juge avait proposé un simple courrier des lecteurs, A. était d’accord, le Matin a refusé avec dédain. A. quittance alors:

« Enfin, Le Matin Dimanche, lors de l’audience du XX.XX.XXX a écarté sans la moindre considération la proposition du président de permettre au moins un simple courrier des lecteurs. Preuve est donc faite qu’elle veut pouvoir continuer de diffamer le requérant sans avoir à craindre la moindre confrontation, aussi brève soit-elle, à la réalité des faits. »

Il faut savoir qu’il s’agissait en fait du deuxième article du Matin, qui se défend qu’il n’y a pas diffamation quand on accuse quelqu’un de tentative d’assassinat pour la deuxième fois… Je n’invente rien.

Pour Me Alain Alberini, de sigma legal, à Genève – sans doute n’y a-t-il pas assez d’avocats à Lausanne  – ces vérités sont « inacceptables » et « constitutives d’une infraction pénale« . Tamedia SA, nous apprend-il « se réserve d’agir par toute voie de droit utile si A. ne devait pas les retirer. »

Face à l’Etat, aux médias, un seul droit, se taire. Assez !

Noël Macé