Vignes : Comment Sion taxe illégalement les propriétaires

La viticulture va mal, c’est le moins qu’on puisse dire.  Des terres sans locataires, à l’abandon, jonchées de déchets, aux murs effondrés, le parc viticole sédunois a des allures de terrain vague. Avant même le COVID, on craignait déjà que la récolte ne reste sur pied. Qu’à cela ne tienne, la commune continue de se payer sur la bête et de multiplier les bordereaux au mépris de la plus élémentaire légalité. Il faut que l’argent rentre.

Il y a dix ans, des maisons comme Gilliard faisaient des ponts d’or, aujourd’hui elles menacent : un défoncement à 15 francs du mètre ou la résiliation. Bienheureux celui qui trouve encore un locataire à 30 cts, sur un coteau qui le cède un peu plus chaque année au béton des villas et au bleu criard des piscines. C’est un monde, le vieux Sion viticole, qui s’éteint lentement.

La commune a pris son parti de laisser les propriétaires se débattre seuls avec la nuée de bobos qui protestent à chaque sulfatage et prétendent interdire le passage agricole. Les subventions à la réfection des murs en pierre sèche sont de ces vieilles légendes oubliées, on en a bien entendu parlé mais qui les a vues ? La situation est intenable, les abords de route sont de véritables décharges, enjoliveurs, restes de pique-niques, et même sièges de voiture ; la voirie renvoie… à la responsabilité du propriétaire. Bref, la ruine.

L’or bleu de l’œnotourisme

A Sion, on n’a qu’une idée en tête, se profiler en capitale des Alpes et du vin. Objectif, promener le chaland le verre à la main pour des apéros à dix balles le déci. La vieille ville, le vignoble en terrasse, tout y passe. Mais hors de question de payer pour la carte postale. Les propriétaires devront cracher au bassinet, pour un bénéfice dont ils ne verront pas le premier sous, le ramassage des déchets en prime.

La martingale ? Une taxe sur l' »irrigation ». On facture l’eau, même quand elle n’arrive pas, pour financer l’entretien de ces bisses, au long desquels les touristes iront lâcher lingettes et bouteilles en PET contre un selfie à la sauvette.
Parce que l’eau n’a pas besoin  d’arriver pour être payée. A la commune on vous répond qu’en effet, le coût de l’acheminement revient, une fois encore, au propriétaire ; 4 cts du mètre pour… rien. Les siphons et autres consortages prennent au moins autant, quand ils existent encore et n’ont pas été récupérés, en douce, par la commune. Le business de l’eau est forcément juteux.

Ajoutez à cela les impôts fonciers, les taxes de ci et de mi, les grilles d’évacuation des eaux de ruissellement. Au bout du compte, il faut lâcher un loyer à l’Etat pour rester propriétaire.

Dura lex

Pas de crime sans loi dit le proverbe, mais pas de taxe non plus. Quand on interroge ladite commune sur la base légale qui fonde cette trouvaille, la réponse est soudain moins prompte que le bulletin rose.
Dans les faits, l’obligation de régler la taxe d’irrigation remonterait à une décision du Conseil municipal du 12 septembre… 1974.

Extrait du PV de séance du Conseil municipal de Sion du 12 septembre 1974

Or, s’il n’y avait qu’une chose à retenir des cours d’éducation civique c’est bien que, si l’exécutif exécute, c’est le législatif qui légifère. Les décisions du Conseil municipal ne concernent que lui, ses règlements doivent passer devant le Conseil général, puis, pour validation, devant le Conseil d’Etat.

Dans l’intervalle, les réclamations restent lettres mortes et la commune continue, impassible, de multiplier factures, commandements de payer et intimidations en tous genres dans le seul but de renflouer une taxe tout à fait illégale.

Et ne songez même pas à l’idée de protester, le président de la Ville/OIKEN pourrait bien vous couper l’électricité.

NM

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