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08.06 Suisse,
travail forcé: La grande distribution rassure les consommateurs
--> Exploitation
de l'homme par l'homme. Ikea donne des garanties
Devant les contradictions des différents secteurs de la
diplomatie ou de l'économie suisse, la rédaction du BAF a
voulu s'intéresser à la protection du consommateur
helvétique devant les produits issus du travail forcé.
M. Daniel Tona, vice directeur d'Ikea Suisse, qui
vient de passer ces trois dernières années au Vietnam,
comme responsable des achats pour l'Asie du Sud-Est,
pour le compte de la célèbre
fabrique de meubles préfabriqués, s'explique:
31% des produits en vente chez Ikea sont en provenance du continent
asiatique, 19% arrivent tout droit de Chine. Ikea dispose de nombreuses
usines sur place, lesquelles sont liées par une charte des plus
contraignantes. Ce types de mesures permettent une réelle
amélioration des conditions de vie en général.
Ikea n'achète pas "sur l'étagère" mais exige de
connaître ses fournisseurs et les conditions de production. Le
consommateur est ainsi parfaitement garanti de la "bonne
moralité" de ce qu'il achète.
A la question de savoir si Ikea serait intéressée
à la création d'un label anti-esclavage, M. Tona
répond assez subtilement que la marque suédoise est
déjà, en soi, un symbole fort de lutte contre le travail
des enfants, le travail forcé et pour le respect de
l'environnement.
Homme de terrain, M. Tona reconnaît toutefois que tout n'est pas
si simple et qu'il est parfois assez inopportun de vouloir renverser
certaines structures, même abusives, sans proposer d'alternative
raisonnable.
La frontière est toujours délicate entre le salut des
masses par l'apport de capitaux et la collaboration avec des
gouvernements tortionnaires. Ce qui est admissible dans la pratique,
sur le terrain, au jour le jour, l'est moins dans le principe, quand il
s'agit pour un Etat, le nôtre en l'occurrence, de
déterminer clairement sa volonté d'en finir avec le
business de l'esclavage; c'est là, précisément,
que la délégation
suisse à la CIT nous a déçus.
The Ikea Way: La charte de responsabilité |
 02.06
La diplomatie suisse n'est pas la bonne conscience des banques
SE.
Thomas Greminger, chef de la division IV, sécurité
humaine, (paix, droits de l'homme, politique humanitaires), a
donné hier
une conférence de presse conséquente aux ambassades
effectuées à Hanoï,
du 15 au 20 mai, et en Chine, du 22 au 28 mai. Le diplomate a mis les
mains dans le cambouis; selon lui, des processus concrets de
réforme
sont en cours, le Vietnam et la Chine sont désormais des
interlocuteurs
crédibles pour qui la torture ou la peine de mort ne sont plus
des
sujets tabous.
La division IV se défend d'être la bonne conscience des
banquiers suisses et, s'il conçoit que "dans
le court terme il y a de temps en temps des contradictions entre les
buts politiques 'droits de l'homme' et des buts économiques,
à moyen et
à long terme, il y a convergence des intérêts".
La
diplomatie suisse croit dur comme fer à l'idéal
marshallien du salut
par le capitalisme, sans offrir de réelles garanties sur ce qui
se
passera lorsque le fauve sera lâché dans l'arène
économique.
Certes, le travail de la division IV est un travail de fond et ne
saurait être remis en question, mais l'impression qui est la
nôtre est
celle, chez nos politiques, d'un privilège croissant de la
raison
économique au détriment de la raison humanitaire. Le
dialogue
progresse, courbettes, accolades et poignées de mains
chaleureuses, le
tout sur fond de JO 2008, mais la Chine ne cache pas, derrière
un
nationalisme galopant,
une volonté féroce de partir sur le champ à la
conquête du vaste monde.
La patience occidentale est-elle prudence ou le blanc-seing à la
Genèse d'un Empire demain incontrôlable?
Entretien avec SE. Thomas Greminger,
chef de la
division IV, sécurité humaine, (paix, droits de l'homme,
politique humanitaires) (12'46) |
 01.06
Travail forcé: Pas d'accord! Le Bureau international du Travail
(BIT) répond à la Suisse
Suite
aux déclarations
de la délégation helvétique à la
Conférence Internationale du Travail
(CIT), M. Patrick Belser, coordinateur de la recherche au sujet du
travail forcé au BIT répond: "Nous pensons qu'il faut
fixer des
objectifs... Nous sommes persuadés que ces objectifs (2015) peuvent être atteints, mais,
évidemment, seulement à la condition d'une mobilisation
générale".
"La
Suisse et
d'autres pays industrialisés doivent prendre conscience que ce
problème
(le travail forcé) existe, qu'il est sérieux et qu'il
peut être
éliminé, comme dit dans notre rapport, d'ici à
2015; c'est notre
conviction".
Le
BIT et la Suisse
ne parle décidément pas le même langage. Berne
semble avoir penché pour
la conservation de ses intérêts financiers au
détriment d'une certaine
forme d'éthique de l'économie. Entre libérer des
millions d'esclaves et
sauver les monuments de la Paradeplatz, notre pays a choisi.
Entretien avec M. Patrick Belser, coordinateur de la recherche au
sujet du travail forcé au BIT (5'55) |
 01.06 Genève: Ouverture de
la 93e session de la Conférence international du Travail.
La Suisse face au travail forcé
Le 19.05 dernier, le
BAF signalait la
publication du rapport du
Bureau
international du Travail (BIT) sur le travail forcé: 12
millions d'esclaves.
La 93e session de la Conférence international
du Travail (CIT) s'est
ouverte hier à Genève: 4 000
délégués, des chefs d'Etat, des ministres
du Travail et des dirigeants d'organisations de travailleurs et
d'employeurs en provenance de 178 états. A l'ordre du jour, le
travail
forcé.
Le dernier rapport du BIT ne marque aucune amélioration de la
situation en comparaison du premier, paru en 2000.
En prévision de l'intervention que fera son chef le 7 juin
prochain, la
délégation gouvernementale suisse a fait part à la
presse de la
position qui sera la sienne lors de ladite Conférence:
La Suisse se dit tout d'abord "extrêmement
préoccupée par le fait que 40 % à 50 % des
victimes du travail forcé
sont des enfants et que 75% du travail forcé dans les pays
industrialisés, en transition, au Moyen-Orient et en Afrique du
Nord,
est le résultat de la traite des êtres humains".
Bref, le Moyen-Age menace et personne n'a bronché depuis le
premier coup de sonnette d'alarme il y 5 ans
"Il faut se garder également
de ne pas confondre le travail forcé avec un travail dont le salaire est peu
élevé et les conditions mauvaises. Le travail
forcé se définit
en effet par la nature de la relation entre un
“travailleur” et un “employeur” et non par le type d'activité
exercée, aussi dure et dangereuse qu'elle puisse être". Il s'agit donc bien
ici d'exploitation et d'esclavage, et non de banales revendications
d'ordre syndical.
"Tout en félicitant
l’OIT pour son action contre le travail forcé au cours de
ces quatre dernières
années, la Suisse soutient dans leur principe les actions
à mener pour les
quatre prochaines années, notamment le fait de constituer des
alliances contre le
travail forcé, de renforcer l’action nationale et mondiale
contre la traite
d’êtres humains, de combattre les formes modernes de
travail forcé liées
à la mondialisation et d’impliquer plus activement les
organisations d’employeurs
et de travailleurs qui ont un rôle fondamental à jouer.
Ces mesures s'inscrivent dans
le cadre du suivi promotionnel de la Déclaration de 1998". Une chose est le soutien de
"principe", une autre le calendrier des missions économiques du secrétariat d'Etat à l'économie
(SECO):
3 visites en Chine, prévues d'ici à décembre 2005,
toutes sous la
direction du Conseiller fédéral Joseph Deiss. Les
économistes de Berne
déroulent le tapis rouge aux pieds du gouvernement communiste
totalitaire chinois, ce histoire d'assurer un avenir prospère de
leurs
intérêts dans la très prochaine explosion de
croissance du marché
asiatique. Pensez donc, avec ses 9,5 millions de travailleurs
forcés,
l'Asie est on ne peut plus concurrentielle. L'usine de demain? un vaste
goulag!
A ces 3 visites viennent s'ajouter La Lybie et la Turquie, grands
défenseurs des droits de l'homme devant l'Eternel. Gageons que
la
première préoccupation de nos représentants sera
d'admonester les
dirigeants de ces puissances plutôt que de profiter cyniquement
d'une
main-d'oeuvre aussi docile et rentable que celle que ces pays offrent
si gracieusement à l'Occident en échange de sa...
'coopréhension'.
"La
Suisse n’est pas
entièrement convaincue de l’opportunité de fixer
une date (2015) pour
l’élimination de toutes les formes de travail forcé
dans la mesure où si,
à cette échéance, le but n’est pas atteint,
seul l’échec sera retenu et pas les éventuels progrès
réalisés dans le domaine".
Ces messieurs les esclaves sont priés prendre leur mal en
patience, le
temps de trouver un débouché rentable à leur
libération. D'ici là,
prière de ne pas saigner trop fort.
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 31.05 Situation en Chine: Les
précisions d'Amnesty international Suisse
Avortement forcé, travail
forcé, des femmes avortés de force pour pouvoir
être exécutées ensuite, tout un peuple
muselé... silence des puissances occidentales, complicité
des multinationales. Mme Manon Schick, porte-parole d'Amnesty Suisse,
tire la sonnette d'alarme et dit ses inquiétudes devant
l'indifférence croissante des pays occidentaux face au
problème chinois, "séduction" et conquête du
très prometteur marché asiatique oblige.
La Suisse, aussi débonnaire avec le dragon chinois qu'elle est
sévère avec le petit Ouzbékistan, a encore de
grands efforts à fournir en matière d'exigences de
garantie des droits de l'homme et, surtout, de la femme de la part de
ses nouveaux partenaires économiques. L'excuse traditionnelle du
soutien continu aux populations civiles ne peut suffire à
disculper notre gouvernement de certains soupçons de
complicité.
L'ambassadeur Thomas Greminger, chef de la division politique IV du
DFAE (paix, droits de l'homme, politique humanitaire) rendra compte des
relations sino-helvétiques à l'occasion de la
conférence de presse organisée demain à Berne
suite au retour des représentants de sa division, en
délégation en Chine la semaine dernière. Le BAF y
sera!
Entretien avec Mme
Manon Schick d'Amnesty international Suisse (9'13)
Une solution? Protester avec Amnesty!
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30.05 Amnesty
international, rapport 2005: Planning familial, la Chine continue de
persécuter les femmes.
--> Mao
Hengfeng, avortée de force dans un camp chinois, et ses filles
devant le Bureau des plaintes de Shanghai. Une sacrée bonne
femme!
L'avortement obligatoire est toujours
une réalité en Chine, dénonce Amnesty
international dans son rapport 2005, présenté à
Londres vendredi dernier. La politique de l’enfant-unique
imposé de façon violente et les avortements de force
continuent d’être monnaie courante dans l’Empire du
milieu; et ce malgré les promesses répétées
de Pékin de « lever le pied ».
« En 2004, selon les informations reçues par Amnesty
International, la mise en œuvre du planning familial a
continué de donner lieu à de graves violations
perpétrées contre des femmes et des jeunes filles,
notamment des avortements et des stérilisations forcés.
En juillet, les autorités ont publiquement
réaffirmé l’interdiction de pratiquer
l’avortement sélectif des filles afin de
rééquilibrer la proportion des naissances, celles-ci
étant marquées par un excédent masculin croissant.
Les femmes placées en détention, notamment de très
nombreuses pratiquantes du Fa Lun Gong, restaient exposées aux
actes de torture, en particulier au viol et à d’autres
violences sexuelles.
En janvier, les autorités ont adopté une nouvelle loi
visant à empêcher la police d’infliger aux
prostituées des amendes payables immédiatement.
Toutefois, elles recouraient toujours à un système dit de
«détention et éducation» pour priver de
liberté – sans inculpation ni jugement – des femmes
soupçonnées de se livrer à la prostitution, ainsi
que leurs clients présumés.
En avril, Mao Hengfeng a été astreinte à dix-huit
mois de «rééducation par le travail» dans un
camp parce qu’elle persistait à adresser des
requêtes aux autorités. Elle protestait contre
l’avortement forcé qu’elle avait subi il y a quinze
ans du fait de la politique chinoise de contrôle des naissances.
Au camp de travail, Mao Hengfeng aurait été
ligotée, suspendue au plafond et sauvagement battue. Dans le
passé, elle a été internée à
plusieurs reprises dans des unités psychiatriques, où
elle a été soumise contre son gré à un
traitement aux électrochocs », dénonce le
rapport 2005.
A cette heure, peu de
gouvernements ont choisi de suivre l'exemple des
Etats-Unis et de refuser, purement et simplement, le financement du
programme du Fond des Nations-Unies pour la population (FNUAP),
basé sur un soutien inconditionnel des mesures coercitives en
matière d’avortement décidées par le
régime de Pékin.
En décembre passé, Arthur Dewey, adjoint au
secrétaire d'Etat des Etats-Unis pour le bureau de la
population, des réfugiés et de l’immigration a
déclaré que: "Le soutien du FNUAP et sa participation aux
activités de contrôle de la population du gouvernement
chinois permet audit gouvernement de mettre en application de
manière plus efficace encore son programme d'avortement
coercitif, et, de ce fait, tombe sous le coup de l’interdit de
Kemp-Kasten, lequel condamne toute organisation qui soutient ou
participe à la gestion d'un programme d'avortement coercitif ou
de stérilisation involontaire". Résultat: Les Etats-Unis
ont retiré leur subvention au FNUAP depuis ces trois
dernières années. On se souvient de la réaction
unanime et simultanée, d’un bout à l’autre de
la planète, de l’intelligentsia de gauche pour
dénoncer ce « retour en arrière »
imposé par les vues rétrogrades de M. George W. Bush;
sans commentaire…
"La loi de planification des naissances chinoise et son
règlement d’application maintiennent
sévèrement des éléments de coercition dans
la loi et la pratique. L'avortement et la stérilisation
obligatoires sont des violations insignes des droits de l'homme et
devraient être une préoccupation majeure de la
communauté internationale, comme des Chinois
eux-mêmes. Malheureusement, nous n'avons pas
rencontré suffisamment de bonne volonté chez les autres
membres de la communauté internationale pour se dresser avec
nous sur ce créneau de la défense des droits de
l’homme".
Le Canada est parmi ces "autres membres" qui ont refusé de
changer leur politique malgré l'évidence accablante des
abus commis contre les femmes. Bien au contraire, le gouvernement
canadien a profité de la visite du président Bush, en
novembre dernier, pour annoncer augmentation 67 millions de dollars US
(sur quatre ans) à sa contribution annuelle de 13,1 millions
(U$) au FNUAP.
Selon l'ancien secrétaire d'Etat Colin Powell, "Le FNUAP aide
à améliorer l'administration des bureaux locaux du
planning familial, lesquels accordent, d’une part, de larges
allocations et, d’autres part, de nombreuses
pénalités qui contraignent très efficacement les
femmes à l’avortement".
Le soutien, discret mais nourri, de la communauté internationale
en faveur de la politique de l’enfant unique chinoise, et ce en
pleine connaissance des atrocités commises, peut-être
très clairement assimilé à une forme de
complicité.
En février de cette année un requérant
d’asile originaire de Chine, ayant officié en tant que
directeur de planning familial, était débouté par
une cour canadienne, laquelle avait reconnu que forcer des femmes
à avorter contre leur gré constituait un crime contre
l'humanité. Li Min Lai avait en effet confessé
avoir imposé agressivement la politique de l’enfant unique
sur son lieu de travail. Il avait même été
jusqu’à camper devant la maison d’une de ses
employées afin de la pousser à avorter son
bébé au septième mois de grossesse. Le juge
Sandra Simpson, de la cour fédérale, a confirmé la
décision du conseil des réfugiés du Canada, lequel
a statué, l'an dernier, que le rôle de Lai dans ces
avortements forcés contrevenait à la convention des
Nations-Unies concernant le statut des réfugiés.
Exigez la libération de Mme Mao Henfeng
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 23.05 DDC, aide au
développement et réalités politiques
Le
17.05 dernier, la direction du développement et de la
coopération (DDC) de la Confédération annonçait son intention de
reconsidérer l'aide à destination de l'Ouzbékistan en raison de la violence
de la répression des manifestations d'Andijan. On est un peu
surpris de la rapidité de cette déclaration quand on
connaît la mesure de la prudence helvétique
vis-à-vis de gouvernements d'Asie autrement plus crispés
tels que la Chine communiste ou la Corée du nord.
Certes,
cesser de
soutenir un régime totalitaire sans abandonner les populations
civiles reste une gageure difficile. M. Thomas Jenatsch, porte-parole
de la DDC pour les pays de l'Est, qui a bien voulu répondre
à nos questions, souligne l'importance d'un discernement de
l'aide aux pays en voie de développement et apporte ce qui
pourrait bien être une lumière nouvelle sur la
façon dont cette même aide est dispensée, voire
instrumentalisée: En Ukraine, l'aide au développement a
clairement contribué à la victoire de l'opposition contre
le régime établi, dit en substance le porte-parole.
A
l'heure
où le "monde libre" se rue sur les restes de l'Union
soviétique à grands coups de "révolution orange",
démocratie à l'occidentale clé en main, dans le
seul but de faire de toutes ces nations d'Eurasie centrale les sacs de
sable qui lui permettront de soutenir les premiers assauts de
l'expansion économique sino-asiatique, cette nouvelle
façon de faire de l'aide devient une arme diplomatique des plus
affûtées, à condition, bien sûr, de ne pas
jouer dans le pré-carré de ses grands voisins. Les
populations chinoises, tibétaines, nord-coréennes,
birmanes, cambodgiennes, vietnamiennes etc., vont devoir attendre leur
révolution orange encore un certain temps.
Entretien avec M.
Thomas Jenatsch, porte-parole de la DDC (4'04) |
19.05
12 millions d'esclaves
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