Prêts pour la suite ?

A trois jours ouvrés de la concession par le Conseil national de la dernière revendication possible des lobbys « gays », à savoir l’adoption d’enfants, Le Matin, prophétique, laisse entrevoir de quoi sera fait la suite.

Avec sa tête de fils à maman abandonné et son nom de pataphysicien tchécoslovaque, Michael Kiok, casquette en tweed, le jeans mal taillé, semblant attendre, le cul sur un rail, un train qui n’est jamais passé, est, sans doute possible, la personnification de la solitude la plus logique qui soit au monde. Logique car, pour être clair en peu de mots, Michael a renoncé à la compagnie des hommes pour celle de sa chienne « Cessy ». Nous n’entendons pas donner plus de détails ici – Le Matin, qui a le goût de ce genre de choses, le fera bien mieux que nous – mais ne nous attendons pas moins à être correctement entendus.

En aparté, et tant que la chose est encore légale, il convient de préciser que Michael, dont il ne s’agit pas de discuter ici de la sincérité, a très certainement besoin d’être suivi de façon intensive dans un joli pavillon de banlieue aux murs blanchis où les pyjamas s’attachent dans le dos, les douches se prennent face au mur et les anxiolytiques par paquets de douze. Il ne s’agit là ni d’une menace ni d’une imprécation mais du constat d’un besoin réel.

Déficience immunitaire

Ce qui effraie ici, ce n’est pas tant la découverte que notre époque, transcendée par le progrès, soit à même de compter tout autant d’hérédité que les précédentes, mais la déficience immunitaire du positionnement philosophique. Voilà bien 30 à 40 ans que la rédaction de La Tribune-Le Matin gagne sa vie en singeant la réaction outrée d’un puritanisme fantasmé. C’est une saynète morale: la méthode est éculée, il s’agit d’inoculer le poison à faibles doses régulières, de mithridatiser littéralement l’opinion jusqu’à la rendre résistante à des doses de cheval et de parodier ensuite un méchant embryon de débat contradictoire, les arguments de la partie conservatrice étant toujours sélectionnés pour paraître faibles, insuffisants, inconséquents devant la marche irréversible de la déliquescence progressiste.

Emotion champêtre

La fournée du jour est un cas d’école. Voilà belle lurette que l’inspiration dayerienne a suffi à dissoudre, au Matin, toute velléité, voire capacité, de référence au droit naturel: le sexe de l’homme ne connaît pas de destination dans le sexe animal. Seulement voilà, pour reconnaître la chose il faudrait admettre que l’objectif premier de l’usage du sexe humain reste la reproduction, le plaisir sexuel n’étant ici que le moyen et non la fin dudit usage. La chose n’est plus aussi évidente 40 ans après la glorieuse libération qui a instrumentalisé les uns au désir des autres et les fins au bon plaisir des moyens. Or donc, si le plaisir devient le seul référent déterminant, la garantie d’un plaisir mutuel consenti est devenue la seule barrière de contention des moeurs. En clair, la fonction première d’un usage ne fondant plus la nécessité de réalité, la reproduction ne constituant plus le principe fondamental de la sexualité, cette réalité change et l’usage du sexe humain devient donc adéquat partout où l’on peut en tirer du plaisir. Partant, plus rien n’est vrai, et l’horreur même, le dégoût naturel que peut inspirer l’acte zoophile devient aussi subjectif que les raisons qui prétendent le justifier. C’est en supprimant la réalité de la fonction génitale que l’on en est venu, ce matin du 18 décembre, à s’interroger, dans les colonnes du Matin, sur les raisons qui empêcheraient un fonctionnaire allemand de 52 ans de s’accoupler avec un berger de la même race.

Dura lex

Si la loi a inféodé la capacité de consentement de l’enfant à sa capacité de discernement, la question se pose différemment pour l’animal, lequel aux termes de la loi, n’est pas réputé pouvoir consentir valablement. L’époque matérialiste retient essentiellement la douleur comme motif de non consentement. Chez l’homme, cette douleur, ce déplaisir, peut être exprimé en termes clairs. Chez l’animal, si la souffrance peut être supposée au vu de blessures infligées, le non consentement pour d’autres raisons reste difficile, voire impossible, à interpréter pour un être étranger à son espèce. Or, vu la tête de Michael et même si elle est son dernier espoir, il n’est pas dit que Cessy en veuille librement. Quant à celui-ci, il nous intéresse particulièrement quand il dit « respecter » les animaux, ne pas « les forcer »; sur quels critères se base-t-il et comment peut-il en être aussi sûr ? Faut-il comprendre que le fait qu’il ne se fasse ni mordre ni attaquer lui fasse office de consentement ? La chose semble moins évidente pour les chevaux, envers lesquels ce brillant séducteur confesse une irrésistible attirance, la contrainte aussi, d’autant qu’un mauvais coup de sabot est si vite parti.

Cet oubli des finalités de l’homme en ce bas monde, ainsi que de celles de ses fonctions génésiques, couplé à cette seule notion restrictive de l’interprétation du plaisir ressenti et consenti, risque fort d’être la raison du désarmement total des derniers remparts institutionnels de l’ordre établi, pour ne pas dire moral tant le mot peut faire se hérisser le poil de certains.

Partant, le refus de discriminer ce que l’on n’identifie plus comme dommageable pour l’ordre social, étant donné qu’il n’y en a plus, fera son oeuvre lente mais certaine: Retrait de la zoophilie du corpus des pathologies, reconnaissance publique, manifestations de soutien, de fierté, cours de tolérance dans les écoles, statuts légaux, mêmes droits, mêmes chances, unions civiles, mariages et, pourquoi pas, un jour… un chiot; mais pas dit que la SPA laisse faire.

 

Adrien de Riedmatten