Suisse-Afrique du sud: Les pros de la repentance se plantent

Dans la lignée des rapports Bergier et autres tartufferies censées convaincre la Suisse de battre sa coulpe à grands coups de dommages et intérêts, le dernier rapport du Fonds national croit faire une révélation en déclarant, à grand renfort de relais médiatiques, que la Suisse a soutenu l’Afrique du Sud pendant le régime d’apartheid.

La chose n’a jamais été dissimulée et il ne s’agit même pas d’un secret de Polichinelle. La Suisse, hors de l’ONU à cette époque et donc peu concernée par sa politique de sanctions, a même été la seule nation occidentale à afficher ouvertement ses relations économiques avec un pays considéré comme allié dans la lutte contre le communisme. Argument dont a beau jeu de se gausser l’auteur dudit rapport, Sébastien Guex, professeur d’histoire que nous avons eu le bonheur de subir à l’université de Lausanne, et dont c’est peu dire que les faveurs vont essentiellement à la gauche de l’extrême-gauche.

Or, dans une discussion que nous avions eu avec ce même M. Guex, à l’époque où la Confédération faisait encore de la rétention sur certaines archives, il est apparu clairement que le mandat du gouvernement sur ce rapport imposait pour conditions sine qua non l’absence de toute conclusion permettant aux victimes de l’apartheid de réclamer des dommages et intérêts; on venait de subir les fonds juifs et on ne voulait en aucun cas d’un rappel. En un mot: Fais ton boulot de gauchiste, critique l’idéologie du gouvernement vieux-capitaliste des années 60-70 tant que tu voudras, mais démerdes-toi pour que l’on ai rien à payer à la fin, sinon tintin pour ton cachet. Sébastien Guex n’a pas dit non, un mandat du Fonds national, gloire, richesse, conférences et petits fours, ça ne se refuse pas. Au final, on a ceci dans les journaux: "Suisse-Afrique du Sud: apartheid "favorisé" mais pas prolongé" (SwissInfo), qui ne veut strictement rien dire sinon peut-être que l’apartheid n’a pas duré plus longtemps à cause de la Suisse, infime détail dialectico-politique, mais qui permettra aux tribunaux saisis de mettre Ed Fagan dans le premier charter avec un bon coup de pompe dans l’oigne et les salutations distinguées de la patrie.

Bref, première tentative, premier échec pour Sébastien Guex dans sa jeune carrière de pourfendeur d’injustices historiques. Ce n’est pourtant pas faute d’avoir été aidé, le rapport est cosigné par l’éminent historien d’origine algérienne, Bouda Etemad, un vieux de la vieille qui, lui, a su se faire un nom et un crédit sur la repentance post-coloniale.

On n’insistera même pas sur le peu de valeur objective à accorder à ces vérités historiques "commandées" par l’Etat et le peu de fruit de ces courageux exercices, à plusieurs décennies de distance, de critiques du passé à l’aune des oeillères du présent.

L’apartheid est un principe abominable et, pourtant, ce n’est pas tant cela qui dérange les auteurs du rapport. L’apartheid n’est somme toute que le levier, des uns comme des autres, pour tenter de débusquer, pour les uns une chance de créer un fonds de dédommagement, pour les autres l’idéologie patriotico-nationaliste anti-rouge qui a fait tant de tort et causé tant de retard à l’avènement du socialisme en Suisse. En stratégie militaire, il convient d’appeler cela une "opération de déception": Le citoyen élève dont on sablera soigneusement le cortex de raccourcis de ses rapports ne pourra plus concevoir son Etat-nation que comme un repaire de salopards collabo-fascistes et ne pourra supporter le poids de sa culpabilité que dans l’abandon de cette structure inhumaine qu’est la démocratie souverainiste au profit des systèmes salvateurs et purificateurs que sont l’Europe et l’internationale socialiste.

De même que pour la seconde guerre mondiale, rares sont les nations qui peuvent se payer le luxe de jeter à la Suisse sa première pierre, des membres de l’ONU, parmi ceux mêmes qui avaient demandé lesdites sanctions contre l’Afrique du sud, USA, Grande-Bretagne, Israël, ne se sont pas privés de livrer des armes ainsi que du matériel nucléaire contre de l’or, des diamants ou d’autres de ces petits "cadeaux" qui savent si bien entretenir l’amitié entre peuples du "monde libre". En ce qui concerne la Suisse, le business de la repentance tardive n’est que l’arbre chétif qui cache la forêt des accords actuels avec les dictatures communistes asiatiques ou notre blanc-seing à faveur des mesures esclavagistes pratiqués par ces mêmes "partenaires". Pour mémoire, la déclaration de la délégation helvétique à la conférence internationale du travail, le 7 juin 2005: "La Suisse n’est pas entièrement convaincue de l’opportunité de fixer une date (2015) pour l’élimination de toutes les formes de travail forcé dans la mesure où si, à cette échéance, le but n’est pas atteint, seul l’échec sera retenu et pas les éventuels progrès réalisés dans le domaine"… 

1 réponse à Suisse-Afrique du sud: Les pros de la repentance se plantent

  1. jtm dit :

    excellent article!! très bien écrit, bravo Adrien!! Ca fait plaisir de voir des gens qui ont le courage (pour ne pas être vulgaire) de taper sur l’hydre socialiste…

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