Au 19e siècle, le féminisme était pro-vie, il peut bien l’être encore aujourd’hui!

Mary Dwelley, présidente des Féministes pour la Vie New-York, répond, en date du 2 janvier, dans le Albany Times Union, à la lettre d’une certaine Lois Shapiro-Canter, personnalité féministe américaine, défiant le féminisme pro-vie des militantes du 19e siècle. Une correspondance des plus intéressantes (nous avons fait ce que nous avons pu pour la traduction):

J’écris en réponse à la lettre du 13 décembre de Lois Shapiro-Canter, dans laquelle elle brocarde le féminisme pro-vie des femmes du 19e siècle. Comme présidente des Féministes pour la Vie de New-York, je me sens concernée au premier chef sur cette question.

L’auteur est des plus précis lorsqu’il brosse le tableau des femmes de ce temps. Le mariage "contraignait leur droit à la propriété et au revenu. Les enfants (de sexe féminin) étaient considérées comme la propriété du père, lequel pouvait en accorder la garde à n’importe qui autre que la mère en cas de décès de celle-ci".
Parce qu’Elizabeth Cady Stanton (icône féministe américaine du 19e, cf. photo, ndlr), mère de sept enfants, croyait si fort en l’égalité des droits qu’elle avait sur ses enfants, elle ne pouvait pas imaginer excuser l’avortement. Sa lettre du 16 octobre 1873 à Julia Ward affirme: "Alors que nous considérons que les femmes sont traitées comme une propriété, il serait dégradant pour nous, femmes, de traiter nos propres enfants comme une propriété dont nous pourrions nous débarrasser à notre convenance".

Mme Shapiro-Canter est toujours très précise quand elle déclare que Stanton et Susan B. Anthony (autre grande figure du féminisme américain du 19e, ndlr) ont soutenu "la maternité volontaire". Ceci, cependant, est à mille lieues d’un quelconque soutien au "droit" de prendre la vie d’un enfant à naître. On trouve des preuves évidentes de leur opposition à l’avortement sous la plume des historiens qui se sont penchés sur le sujet. Tous ceux qui ont étudié l’histoire de la reproduction en Amérique au cours de ces 30 dernières années arrivent à la même conclusion: Les militantes féministes du 19e siècle se sont opposés à ce qu’elles ont invariablement qualifié d’"infanticide, d’avortement, et de meurtre d’enfant", comme autant d’exemples de la perte d’une vie et d’une lésion de la propriété supportée par les femmes.

A ce point Carl Degler, dans "At Odds: Women and the Family in America from the Revolution to the Present", écrit que: "L’argument contre l’avortement eut grand poids, même auprès de celles dont on aurait pu croire qu’elles soutiendraient l’avortement en raison de leur intérêt pour les droits des femmes". Linda Gordon, dans "Woman’s Bodies, Woman’s Rights", conclut que: "Pendant tout le 19ème, féministes et partisans de l’union libre condamnèrent l’avortement de concert parce qu’il détruit un être humain". Elisabeth Griffith, dans "The Life of Elizabeth Cady Stanton", a su démontrer que "Stanton considérait l’avortement et tout acte lié à l’infanticide comme des crimes dégoûtants et dégradants".

En effet, Stanton et Anthony, co-éditrice du journal The Revolution, refusèrent toujours de publier de la réclame pour des abortifs. Plusieurs des articles qu’elles publièrent dans cette revue féministe affirment et assument sans complexe une opposition catégorique à l’avortement. A titre d’exemple, les numéros des 29 janvier 1868; 12 mars 1868; 9 avril 1868; 8 juillet 1869; 2 septembre 1869; etc.

Le manque de place exclut l’évocation de plus nombreuses sources disponibles à l’appui de cette position originelle du féminisme, à savoir la défense de la vie. Je me permettrais donc d’inviter l’auteur à retourner aux livres d’histoire qu’elle emploie pour favoriser une interprétation plus exacte. Les féministes pour la Vie n’ont pas pour ordre du jour de récrire l’histoire pour maintenir simplement le projet pro-femme et pro-vie que les premières femmes, mères du mouvement, ont approuvé et que nous approuvons toujours aujourd’hui.

MARY DWELLEY, president Feminist for Life New York

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