50 ans de Planning Familial

Le magazine Le Monde 2, fête les 50 ans du planning familial et retrace les "combats" de l’association à travers trois générations de femmes.

La Fondation du Mouvement français pour le planning familial s’est créée en 1956 et le premier centre d’accueil s’est ouvert à Paris en 1961. Pour contourner la loi qui interdit l’avortement et la contraception, le but officiel de l’association est d’améliorer la santé des mères et des enfants, de lutter contre les avortements clandestins en planifiant la croissance de la famille. En adhérant au Planning, les femmes reçoivent des contraceptifs. En 1967, la loi Neuwirth autorise la vente de contraceptifs.

La bataille suivante, souligne Simone Iff, militante des premières heures, âgée de 81 ans aujourd’hui, fut celle de l’avortement. Certains centres de planning pratiquent des avortements clandestins : "c’était clairement une bataille politique. On bafouait la loi pour forcer le gouvernement à céder. On invitait même les journalistes…" Danielle Gaudry, alors jeune étudiante de 18 ans en médecine, avant de devenir gynécologue-obstétricien, raconte comment, dans les locaux du Mouvement de Libération de l’Avortement et la Contraception (MLAC), elle pratiquait, sans anesthésie, des avortements clandestins par aspiration à ses "copines de militance". "L’ambiance était très politique. Les femmes qui venaient avorter se rendaient compte qu’elles n’étaient pas seules, et se mettaient elles aussi à militer". En novembre 1974, la loi Veil est votée et reconduite à titre définitif 5 ans plus tard. En 1982, la loi Roudy permet le remboursement de l’IVG par la Sécurité Sociale.

A la fin des années 80, le sida apparaît. Le Planning a mis du temps à réagir à cette problématique qui nécessitait de "complètement changer de discours sur la sexualité. Nous avions toujours voulu l’associer à la liberté, au plaisir, à l’égalité, et l’éloigner de tout discours médical. Là, il fallait de nouveau parler risques et contraintes…", explique Danielle Gaudry. Elle qualifie les années 90 désespérantes car "on ne se battait plus pour des droits nouveaux mais simplement pour maintenir l’existant". Aujourd’hui, elle se dit déçue car "le thème de la fidélité revient. La femme se retrouve à nouveau sous l’emprise d’un seul homme, recommence à se mettre très jeune en couple stable". Elle s’étonne que lorsqu’elle "reçoit des jeunes filles de 18-20 ans qui partent sans leur copain en vacances, j’ai l’habitude de leur suggérer d’emporter une poignée de préservatifs. Désormais, elles s’offusquent, me disent qu’elles sont fidèles. ça m’attriste ! Quand je repense à nous au même âge…"

Khadija Azougach, 30 ans, bénévole active au Planning Familial de Blois, considère que le Planning reste "un mouvement de lutte" et s’inquiète "d’un retour en arrière dramatique". Elle déplore le fait que des jeunes filles considèrent l’avortement comme un meurtre, le manque de médecins spécialisés dans l’IVG, le refus de médecin de prescrire l’IVG médicamenteuse et de pharmaciens de délivrer la pilule du lendemain aux mineures, la méfiance vis-à-vis de la pilule… Maïté Albagly, secrétaire générale du Planning, regrette "un certain retour à l’ordre moral. Le thème du "droit à la vie", l’idée d’un statut de l’embryon et du foetus réapparaissent et remettent en question l’accès à l’avortement. Depuis 2001, aucun gouvernement n’a organisé la moindre campagne d’information sur la contraception…". 
 
genethique.org

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