Décidément très mal à l’aise depuis la vidéo du Baf du 29 juillet, le parti de Verts s’est fendu, le 11 août dernier, d’un communiqué pour tenter d’expliquer laborieusement qu’"il n’y a aucune corrélation entre une attitude critique envers Israël et l’antisémitisme", et de sortir le traditionnel sondage qui prouve tout: "Le sondage démontre que les jeunes sont à la fois moins antisémites et plus critiques envers Israël", entendre par là que la jeunesse gauchiste a réalisé la mutation de l’antisémitisme méchant, d’extrême-droite, en antisémitisme gentil, de gauche, et que la presse, aux ordres, a bien joué le jeu.
Après avoir gueulé sur l’UDC pendant des années, mais avoir fait son fond de commerce de la lutte pro-islamiste pour draguer l’électorat musulman – qui est plus qu’un marché de niche en Suisse romande – le parti, en désespoir de cause et pour se sortir de ce mauvais pas, s’adonne à l’exercice favori du socialisme, la redéfinition des vérités:
Ainsi, critiquer Israël, Etat juif, fondé par des Juifs, pour des Juifs, sur des principes juifs, base de la religion juive, n’est pas critiquer les Juifs. Pondre des dizaines d’actes parlementaires chaque année pour que la Suisse cesse de "traiter Israël comme un pays normal", ou accusant l’armée confédérée d’être devenue le "chien fidèle d’Israël" (on vous laisse juste imaginer l’émeute si l’UDC s’était permis le quart de la moitié du tiers de ça), manifester sur la place fédéral, drapeau du Hezbollah (considéré par les Verts comme "un parti gouvernemental démocratiquement élu", partant de là, qu’est-ce qui empêche les Verts de manifester au Grütli aux côtés des crânes ras, eux aussi partisans d’un "parti gouvernemental démocratiquement élu" et eux aussi "critiquant" volontiers Israël) en tête, au chant de "Israël tueur d’enfant", tout cela, tout cet acharnement qui pue la haine, que dis-je la rage, la hargne sanguinaire, du Juif à plein nez, tout cela ne serait qu’une "attitude critique", à peine indignée, de la part d’une gauche baba cool qui a toujours raison quoi qu’elle fasse…
En revanche, publiez une simple vidéo de la manif, osez l’"attitude critique", et vous voilà, par la grâce de l’esprit écolo-socialiste, d’extrême-droite et antisémite; la vache, fait pas bon être de l’autre côté de la pensée unique.
La chose paraît claire, la gauche, dominée par le sentiment plutôt que par la raison, s’est fourvoyée dans un combat qui n’était pas le sien. Sans véritable ligne directrice, les partis de tendance socialiste ont toujours été des entités vides, autogérées par la force de la contestation pour elle-même et la mode de l’instant, sortes de zombies hantés par des esprits frappeurs, tourmentés et en constante opposition, un Frankenstein sans cesse réanimé et juste bon à servir d’escabeau aux ambitions de quelques fâcheux; pour le bien commun, nada
Je recycle un petit mail à moi sur le sujet:
L’antisémitisme a revêtu divers aspects au cours des âges. Aujourd’hui, il est clairement induit par l’Islam et focalisé sur Israël, devenu un État. L’antisémitisme racial de base n’est plus guère qu’une facette du phénomène. Ses facettes politiques sont rendues plus proéminentes notamment par l’importance exagérée donnée à la question palestinienne aux Nations Unies et dans les médias et d’une manière générale par les efforts islamiques radicaux d’un côté (terrorisme palestinien et iranien) et les équivalences morales prônées par les «penseurs » postcommunistes.
Ainsi, l’antisémitisme s’est dilué dans diverses théories politiques ou «droits-de-l’hommistes » et n’a plus à dire son nom. Lorsqu’on observe ces phénomènes, on peut y reconnaître la haine stupide de l’antisémitisme, et on est tenté alors de la désigner comme telle. Et cela est plus «vrai », aujourd’hui, il me semble, que les schémas de l’antisémitisme révélés par l’histoire.
Lorsque des journalistes falsifient sciemment leurs reportages, que des systèmes d’information télévisé entiers dérivent jusqu’à négliger toute éthique à ce sujet spécifique sous l’action de l’argent arabe, c’est généré par l’antisémitisme, au fond. Même si les gens eux-mêmes €“ les téléspectateurs lambda, la masse des gens, le «pouvoir » dans les démocraties €“ n’ont pas de haine raciale en eux, leur opinion strictement politique sert finalement à concrétiser la même haine de base.
Je pense au fond qu’il s’agit d’un phénomène naturel.