Musulmans: méfiez-vous des gens de gauche!

Il est commun de croire que la lutte contre l’Islam est une prérogative de la droite dure, ou extrême, voire fasciste. Je pense que c’est une erreur et j’ai même souvent l’impression que si cette lutte doit être présentée en termes d’idéologie politique, c’est la gauche qui constitue le principal adversaire des Musulmans politisés.

Ainsi, par exemple, c’est un démocrate new-yorkais, Dov Hikind, et pas un républicain, qui propose actuellement une loi permettant aux forces de l’ordre de profiler les personnes suspectes de terrorisme en fonction de leur ethnicité. Hikind déclara à la BBC que la prévention des attentats terroristes «constitue un intérêt gouvernemental plus contraignant encore» que l’éducation, ce qui rend acceptable l’utilisation des facteurs de race et d’ethnie dans ce qu’il appela le «profilage terroriste».

En France, le fer de lance de la lutte contre l’Islam est une gauchiste convaincue: Caroline Fourest a si bien enquêté sur le «discours, la stratégie et la méthode» de Tariq Ramadan que celui-ci subit maintenant un véritable moratoire en France. Et ce n’est pas une affaire personnelle: Caroline Fourest attaque bien l’Islam en tant que religion et en se basant sur des idées authentiquement gauchistes, qu’elle n’hésite pas à défendre au sein même de son mouvement.

Il y a quelques jours, c’est encore un homme de gauche, Sam Harris, qui publiait dans le Los Angeles Times ce qui constitue l’un des meilleurs réquisitoires contre la tolérance envers l’Islam, et ce précisément parce que l’Islam lui semble menacer les valeurs de libéralisme (au sens américain du terme) auxquelles il croit. Il accuse ses camarades de s’aveugler d’idéologisme au point de préférer attaquer tout ce que fait le gouvernement Bush (qu’il ne défend pas pour autant) sans plus aucun discernement en ce qui concerne la menace islamique.

Enfin, si le fascisme est le summum de la droite, comme le discours de la gauche le laisse si aisément entendre, qu’en est-il du fascisme inhérent à l’Islam? Le fait que le président Bush parle de fascistes islamiques n’a certes rien pour convaincre la gauche, mais que faut-il penser lorsqu’on est de gauche et qu’on lit, sous la plume d’un homme, Manfred Halprem, qui a dû fuir le fascisme allemand avant de devenir professeur à Princeton et de cofonder, par exemple, le mouvement Americans for Democratic Actions:

Les mouvements néo-islamiques totalitaires sont essentiellement des mouvements fascistes. Ils se concentrent sur la mobilisation des passions et de la violence afin d’accroître la puissance de leur leader charismatique et la solidarité du mouvement. Ils considèrent tout progrès matériel comme autant de moyens d’accumuler des forces qu’ils investissent dans l’extension politique et rejettent absolument les libertés individuelles et sociales. Ils vantent les valeurs et les émotions d’un passé héroïque, mais ils répriment toute analyse critique tant de leurs racines que de leurs problèmes actuels.

Comme le fascisme, le totalitarisme néo-islamique représente l’institutionnalisation du combat, des tensions et de la violence. Incapable de résoudre les problèmes de base de la vie moderne — progrès intellectuel et technologique, réconciliation de la liberté et de la sécurité, relations pacifiques entre souverainetés rivales –, le mouvement est contraint, par sa propre logique et son propre élan, de poursuivre sa vision par la terreur, la ruse et les passions nihilistes. Une administration étatique n’est à ses yeux qu’un autre instrument puissant de contrôle de la communauté. Le lieu du pouvoir et la destination de la dévotion résident dans le mouvement lui-même. Comme les autres projets fascistes, le mouvement est organisé de manière à ce que le totalitarisme néo-islamique remplisse la vie entière de ses membres.

Maxime Rodinson, né juif français en 1915, militant de gauche, qui dut fuir le fascisme en Syrie en 1940, alors que le gouvernement de Vichy envoyait ses parents mourir à Auschwitz, trouvait également que le fascisme allait bien à l’Islam, qualifiant la tendance moderne, dans le journal Le Monde, de «type de fascisme archaïque». Et d’expliquer qu’il entendait par là un désir d’établir un État autoritaire et totalitaire dont la police politique imposerait brutalement un ordre moral et social en même temps que la conformité à la tradition religieuse sous sa forme la plus conservative. Avec l’adjectif «archaïque», Rodinson rappelait la composante religieuse de l’idéologie islamique, composante largement absente du fascisme européen.

Il semble donc bien que l’engouement de la gauche pour l’Islam ne soit que superficiel. L’Islam soumis, pauvre, humilié, plaît naturellement à l’esprit imprégné de théories marxistes, qui identifie les Musulmans à la classe perdante, sorte de néo-prolétariat, qu’il faut défendre contre les capitalistes sans coeur (l’Amérique, Israël, la droite). C’est une manière de sauver et même de restaurer la théorie idéaliste tant vantée par la propagande communiste. Mais lorsque l’esprit de gauche approfondit un tant soit peu son approche de l’Islam, il découvre que cette idéologie s’oppose plus violemment encore à ses valeurs que l’épouvantail du capitalisme brossé par ses lectures politiques. Ceci sans même compter l’opposition patente entre la religiosité contraignante de l’Islam et la laïcité tout aussi obligatoire de la gauche.

Ajouté à cela le fait que la gauche, à la base (marxisme), et à l’image ici de l’Islam, poursuit une vision de société et de justice idéales au nom de laquelle beaucoup de moyens sont bons — le mot magique des gauchistes est «révolution», celui des Musulmans est «djihad» –, et il apparaît que c’est plutôt face à la gauche que l’Islam risque l’anéantissement. La droite conservatrice, elle, si je peux me permettre de parler en son nom, moi qui n’émarge à aucun parti, se contenterait sans doute d’une simple interdiction, liée à l’obligation de réformer l’idéologie islamique, de la purger de sa violence physique et de son suprématisme systématiques, de manière à pouvoir l’inclure dans le débat, comme elle l’a fait du communisme, par exemple. Mais les gens de gauche, ici, paradoxalement, réagiront probablement de manière beaucoup plus radicale à l’Islam lorsqu’ils découvriront de quoi il s’agit vraiment et à quel point ils ont été trompés.

ajm sur precaution.ch

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