Signes des temps

Le pape nous parle de raison. Chavez, qui fait des signes de croix pour se moquer depuis la plus prestigieuse tribune de la planète, nous parle du diable. Et Ahmadinejad, le grand maître du terrorisme suicidaire mondial, nous parle du Sauveur:

Je déclare solennellement que le monde d’aujourd’hui, plus que jamais auparavant, a besoin de gens justes et vertueux, aimant l’humanité, et par-dessus tout de l’être humain parfaitement vertueux, de l’authentique sauveur qui a été promis à tous les peuples et qui établira la justice, la paix et la fraternité sur la planète. Ô Dieu tout-puissant, tous les hommes et toutes les femmes sont tes créatures et Tu as ordonné qu’elles soient guidées et sauvées. Envoie à l’humanité qui a soif de justice l’être humain parfait que Tu as promis à tous, et fais de nous ses serviteurs et ceux qui chérissent son retour et sa cause.

Mais il ne parle pas du Christ. Il est chiite, il parle du mahdi, l’imam caché, le douzième, qui a disparu il y a plus de mille ans et qui doit réapparaître à la fin des temps pour établir le règne de Dieu, c’est-à-dire de l’Islam. Les explications de Hussein Hayder Qazwini dans Le Monde:

L’Imam caché, est une représentation puissante dans la mythologie chiite duodécimaine : avec son retour, ce sera la fin d’un monde. Différence profonde entre Jésus et Al Mahdi : pendant que les disciples du Christ attendent le retour du messie, les chiites, eux, préparent son arrivée et prêteront main-forte à l’imam qui ne sera plus "caché", mais "attendu". Selon les mythologies en cours, l’imam caché réapparaîtra à Kufa, en Irak, ou à La Mecque en Arabie saoudite ou à la mosquée de Djamkaran, près de Qom. Pour montrer le poids du mythe dans la politique de l’actuel pouvoir en Iran, rappelons que, selon certaines sources, la première réunion du gouvernement d’Ahmedinejad en 2005 aurait abouti à une décision politico-symbolique capitale : la ratification secrète d’une charte jurant fidélité envers Al Mahdi. Le président, suivi par l’ensemble de ses ministres, aurait été le premier à apposer sa signature ! Or, en Iran, comme ailleurs, une charte implique au moins deux parties. Etant donné que la seconde signature, celle de l’imam caché en l’occurrence, est absente, le gouvernement aurait secrètement confié au ministre de la culture islamique, M. Safar Harandi, la tâche de "jeter" la charte dans le puits de la mosquée Djamkaran, près de Qom.

C’est une mosquée particulière où des milliers de pèlerins se réunissent tous les mardis soir, en espérant que l’imam caché exaucera leurs voeux. L’une des premières décisions du gouvernement d’Ahmedinejad fut d’investir 20 millions d’euros pour agrandir cette mosquée.

Oui, et un détail aussi: si les chiites sont très minoritaires dans l’Islam, c’est entre autres parce qu’ils estiment que le djihad offensif ne doit être mené que sous la direction d’un de ces douze imams.

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