Genève: bientôt l’enseignement du latin obligatoire pour tous ?

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1 réponse à Genève: bientôt l’enseignement du latin obligatoire pour tous ?

  1. Dominique Viain dit :

    Nouvelle sympathique mais non exempte de contradictions chez certains intervenants! Il est évident que si la langue et la culture latine sont, comme tous le reconnaissent, à la base de notre propre culture, la question de l’obligation ne se pose pas : demande-t-on aux enfants s’ils sont volontaires pour apprendre à lire, écrire ou compter? Tout petit Européen, qui plus est de langue romane, doit, de toute nécessité, acquérir de solides notions de latin au cours de sa scolarité.
    Au reste, pour prendre le cas de la France, nos autorités de se sont guère embarrassées de scrupules pour imposer l’initiation à l’anglais dans les classes primaires, au motif de l’utilité de cette langue. Or, si la possession de la culture européenne et de ses racines romaines, la maîtrise de l’orthographe, la connaissance de l’étymologie ne sont pas utiles, qu’est-ce qui est utile? La vraie question en fait n’est donc pas celle de l’obligation : il serait facile de lever, par quelques arguments de bon sens, les oppositions et inhibitions. La vraie difficulté est bien plutôt celle du caractère rébarbatif, réel ou supposé, de la langue latine elle-même et de son enseignement. C’est là que doit intervenir une réflexion en profondeur sur les méthodes ; on est par exemple frappé, dans le reportage vidéo proposé, d’entendre la mignonne enfant, penchée sur son cahier d’exercices, prononcer le latin comme une langue morte ou, pour être plus exact, comme une non-langue : aucun souci phonologique, aucun accent tonique conforme au génie de la langue ; cette tare linguistique, si caractéristique, hélas, des latinistes francophones, a déjà de quoi dégoûter toute âme exigeante et délicate! Si le latin est bien une langue, il convient de lui rendre sa spécificité : accent de mot, accent de phrase, musicalité expressive. A partir de là, la moitié du chemin est déjà parcourue : l’enfant sent que le latin est une langue, il désire l’apprendre comme telle, donc la parler, puis l’écrire etc. Je viens en fait de décrire l’un des premiers processus du « latin vivant » qui me semble actuellement la vraie voie de résurrection de l’enseignement du latin. Nombreux sont ceux qui s’y sont attelés depuis des décennies, voire ceux qui n’ont jamais dételés, maintenant contre vents et marées la grande tradition humaniste et chrétienne du latin langue vivante, c’est à dire langue éminemment apte à la communication intellectuelle, écrite ou orale. En France, avec quelques amis catholiques, nous nous sommes faits les promoteurs de cette réforme, travail ardu, tant les préjugés sont nombreux, mais enthousiasmant, tant les résultats sont déjà prometteurs, malgré des conditions d’application misérables : professeurs encore peu formés, horaires réduits, tant dans le public que dans le privé. Mais, grâce essentiellement à la méthode du professeur danois Hans Oerberg, et à son chef d’oeuvre pédagogique (le mot n’est pas trop fort) Lingua Latina per se illustrata, nous avons retrouvé les sources d’une vraie formation latine, exigeante et complète : dès les premières leçons, l’enfant (ou l’adulte!) parle, dialogue, puis pense en latin. La méthode est attractive, le vocabulaire acquis considérable, les habitus grammaticaux solides. Bref, si le professeur est à la hauteur, ce qui exige qu’il se forme soi-même (séminaires d’été, groupes de travail), et si la méthode est bien employée (le latin par le latin!), on obtient, en un ou deux ans, des résultats et un niveau que nos élèves de lycée n’atteignent pas, aujourd’hui, après six ou sept ans d’enseignement secondaire. Il y aurait mille autres remarques à formuler : bénéfice d’un apprentissage précoce, quand l’enfant est enthousiaste (nous dirions 8ou 9 ans), rôle d’une saine émulation ludique dans la classe, rôle du professeur dans l’emploi d’une langue orale pure et exacte (à mille lieues du latin « de cuisine »), vérification systématique des acquis sans passer forcément par les froids exercices artificiels de version et de thème, mais bien plutôt la rédaction ou la dissertation. Ce n’est bien sûr qu’un début et pourtant… Que les lecteurs de ce post intéressés par la question aillent seulement sur la toile rechercher tout ce qui concerne la « latinitas viva », les « circuli Latini », la méthode « Oerberg » et autres « grex Latine loquentium », il découvriront un continent inconnu où la latin est la langue « maternelle » de tous, dans une fraternelle et noble égalité. Dominique Viain, président de l’Amicitia Catholica pro Latinitate. (Amicitia_Catholica@yahoogroups.com ; amicitia catholica @ yahoo.fr)

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