Le ministre allemand de l’Intérieur a réclamé que toute la communauté européenne dialogue avec les musulmans, dans le but, obsessionnel s’il en est, de les intégrer mieux. On pourrait leur demander à eux de bien vouloir s’intégrer mais c’est, semble-t-il, trop demander à un fonctionnaire allemand.
Wolfgang Schaeuble a suggéré que l’UE devrait favoriser la formation d’imams pour encourager les leaders musulmans en accord avec les valeurs européennes.
Il a comparé le monde musulman à l’Europe d’avant le sacro-saint « âge des Lumières », référence classique, même si déguisée, au croquemitaine favori de ces esprits illuminés, j’ai cité le Moyen-Age.
Légère concession pour ne pas avoir l’air de donner trop pesamment dans la dhimmitude eurocompatible: Le ministre a poussé l’audace jusqu’à critiquer la burqa et les comportements musulmans traditionnels envers les femmes. L’Europe, à ce stade d' »évolution », comptait plusieurs femmes chefs d’Etat et même chevaliers (en Bretagne, eh oui !).
Bref le ministre se complaît dans une vision qui le dispute au califat européen à la Ramadan et à l’islam occidental de Sarkozy. Ce qui manque à ces chers musulmans, en fin de compte c’est Voltaire; le ministre n’ose pas glisser un « écrasons l’infâme », mais souhaiter les Lumières n’est-ce pas souhaiter le laïcisme et donc la destruction (et l’inévitable renaissance, regardons ce que 80 ans de laïcisme nous préparent en Turquie) de l’islam ? Evidemment que non, la démocratie aujourd’hui c’est faire ce que l’on veut des définitions, ce qui servait à abattre le christianisme doit servir aujourd’hui à sublimer l’islam. En fait, la démocratie aujourd’hui, c’est le soufisme occidental, une école d’islam gentil.
Figure imposée, Wolfgang Schaeuble verse la larme de la repentance: « Nous ne devrions pas être arrogants mais nous rendre utiles. Après tout, le christianisme a connu des conflits terribles pendant des siècles jusqu’à ce que le processus des Lumières ait pris racine »; entendre ait eu raison de lui.
Le monde a peut-être connu des guerres mais qu’est-ce en comparaison de ce que l’humanité a connu après les Lumières… Si le christianisme a connu des troubles – partout où il y a des hommes, il y a de l’hommerie – il ne les a pas commandé dans sa doctrine comme une obligation envers un Dieu vengeur et obsédé par les effusions de sang.
La laïcité, la religion de l’anti-religion, n’est la réponse à rien, et surtout pas à l’islam; enfin si, elle est la réponse à ceux qui criaient « Dieu est mort » et à qui Dieu prépare sa réponse.
Repentance à tout crin, culpabilisme exacerbé et liturgie républicaine, 60 ans après, l’Allemagne ne pouvait prendre la tête du nouvel empire européen qu’en bourgeois de Calais, pieds nus, les reins ceints sur leur robe de bure, tondus, la corde au cou, offrant tout penauds les clefs de l’Occident à l’ennemi à peine attendri.