Je me rendais bien sagement cet après-midi au centre Coop du coin pour faire mon devoir de gentil consommateur et le plein de clopes, d’alcool d’armes et de munitions pour ma batterie anti-missiles, les besoins usuels du quotidien quoi, quand v’la-t-y pas que la voix off des promos, après m’avoir egréné d’une voix creuse et faussement complice la litanie mercantile de tous les cadeaux débiles dont je pouvais affliger ma pauvre mère en cette fête des mères -unique et pitoyable salaire du sacrificie de toutes ces héroïnes tombées au champ d’amour- approchante, me glisse d’un petit air coquin, peinant à masquer les tonalités rocailleuses d’un accent suisse-allemand mal refoulé, « et pourquoi pas de la lingerie fine« .
Mais, bougre de misère, faut-il donc être vendu à l’idole mammonesque du tout-à-l’argent pour en être réduit à inciter ses plus jeunes clients à transformer maman, l’icône virginale consacrée pas tout ce qu’un amour d’enfant peut avoir d’éternel et de vénérant, en mère maquerelle sur le retour, brûlant ses derniers feux comme une cigarette mourante sur l’étain d’un cendrier de couloir.
Cela se passait à Fribourg, en Valais, où la place de la mère le dispute parfois à celle du Créateur, les responsables auraient déjà été brûlés en place de grève.
Manque encore une fois de respect à ma mère, bouffon, et je te refais le portrait à coups de docs, salaud !
Je suis tout à fait d’accord, moi aussi ça m’a choquée. On ne sait plus quoi inventer. Il y a une confusion et un mélange des genres.
C’est affligeant et témoigne d’une certaine décadence de notre société.