« JE SUIS stupéfait de voir les jeunes fumer du cannabis de plus en plus tôt », révèle le docteur Guy Monpetit, consultant auprès du tribunal de Compiègne et auprès des écoles. « Auparavant, un adolescent touchait au cannabis vers 16 ans, maintenant, il tire souvent sa première taf dès la sixième. »
Guy Monpetit exerce depuis une vingtaine d’années son rôle de consultant, et aujourd’hui il se montre effrayé face à une consommation de drogue de plus en plus précoce. Plus grave encore, « les produits utilisés sont de plus en plus souvent chargés. On voit du cannabis coupé avec de l’éther, de l’aspirine, voire de la cocaïne. Le produit est moins pur qu’il y a une vingtaine ou une dizaine d’années et cela aggrave les dommages sur de jeunes organismes ».
En Picardie, les derniers chiffres publiés par l’Observatoire régional de la santé (ORS) concernant les 12-25 ans sont édifiants : un jeune sur deux s’est déjà vu proposer du cannabis. Plus d’un sur quatre déclare avoir déjà consommé du cannabis, 16,5 % l’ont fait au cours de l’année et 8,8 % au cours du dernier mois.
« L’enfant cherche un bonheur instantané et ça ne coûte pas très cher, surtout quand on l’achète à un plus jeune. Le cannabis est devenu une drogue communautaire. Elle est réputée faciliter le dialogue, car le jeune a de plus en plus de charges qui pèsent sur lui. Cette consommation induit aussi un problème d’autorité parentale. Le parent devient un copain et quand il dit non, l’enfant ne comprend pas. Maintenant, au moindre coup de spleen, on donne un antidépresseur. Un coup de stress et on donne un hypnotique. Alors, l’enfant prend du cannabis. »
Les infirmières comme les médecins récoltent les confidences des enfants. « Ils viennent car ils se savent protégés par le secret médical », indique une infirmière scolaire. « Souvent, on les connaît depuis l’école primaire. On peut dire que la première cigarette se fume maintenant vers 10 ans et le premier joint vers 12 ans, l’âge de la sixième. Je me demande jusqu’où ça va aller. » [source] – PM