Oskar Freysinger: Naturalisations par le peuple

Le texte intégral lu à l’Assemblée. Une exclu made in Bafweb !

Selon les adversaires des naturalisations par le peuple, cette procédure serait intolérable, car elle ouvrirait la porte à un jugement subjectif et donc forcément arbitraire d’une populace raciste et xénophobe.

On nous dit donc que le peuple doit être empêché d’exercer son droit politique légitime de naturaliser, car le souverain ne saurait se prévaloir de son rôle de souverain dans un domaine où ses décisions ne seraient pas dûment étayées, fondées et objectives.

Cette même argumentation, je l’ai entendue en 2004 lorsque le peuple s’était opposé aux naturalisations facilitées et que les perdants, lors des commentaires qui suivirent le verdict des urnes, se complaignirent de la dérive émotionnelle et de la manipulation que le peuple avait subie pour oser refuser ce que eux-mêmes, plein de bon sens et d’objectivité, avaient décrété comme étant la seule vérité possible.

Pourtant, un matraquage médiatique sans précédent avait discrédité et sali des semaines durant les opposants à la révision du droit des naturalisations, sans que le peuple ne se laisse impressionner dans sa majorité. Voilà en tous les cas qui tendrait à prouver son imperméabilité aux grandes manœuvres manipulatrices.

Les détenteurs de la vérité objective n’en tirent évidemment pas la même conclusion.

Selon eux, lorsque le peuple ne correspond pas aux attentes des politiques, il faut soit changer de peuple, ce qui est impossible, soit l’empêcher de s’exprimer.

Or, le fondement même de la démocratie directe, c’est de reconnaître la maturité des citoyens, leur rôle de souverain, qui ne saurait souffrir aucune contrainte par des fonctionnaires ou juristes se glorifiant de leur soit disant objectivité.

Je me méfie toujours des gens qui, avant de parler, se gaussent de leur objectivité.

Souvent, ce qui les différencie du commun des mortels, c’est qu’ils masquent mieux leur subjectivité, c’est qu’ils parviennent, mieux que d’autres, à donner une impression d’impartialité, de parfaite honnêteté, de souci d’équité. On donnerait le bon Dieu sans confession à certains d’entre eux, tellement leur discours est lisse, leur mine avenante, leur gestuelle huilée et leur regard empreint de bonnes intentions.

Force est de constater, cependant, que la sacro sainte objectivité n’est pas de ce monde. Et que l’arbitraire n’est généralement qu’une étiquette que les détenteurs autoproclamés de la vérité collent sur les convictions de ceux qui ne pensent pas comme eux.

« Il faut enseigner au peuple de penser juste », disent  ces pédagogues de la « bien-pensance », le peuple a besoin, selon eux, de bons bergers qui l’empêchent de commettre des erreurs, de dériver dans les eaux troubles de sa subjectivité nauséabonde.

Cela permet d’éluder la question de savoir en quoi d’obscurs fonctionnaires ou commissionnaires seraient moins arbitraires que le bon peuple.

Tout système totalitaire, qu’il soit fasciste ou communiste, se base sur une armée de fonctionnaires serviles appliquant à la lettre les paragraphes qu’on leur impose. Ah, la belle objectivité que voilà, quel zèle, quelle précision dans l’application de la loi ! Mais quel manque d’humanité, de courage, de responsabilité !

Les pourfendeurs de la démocratie directe oublient que les systèmes totalitaires ne sont jamais démunis de lois, jamais chaotiques ou anarchiques, mais qu’ils ont leur ordre, leurs règles et leur parfaite objectivité dans l’application de celles-ci.

Ce qui leur manque, c’est l’essentiel, la touche démocratique, la voix du peuple et l’humanité qui s’exprime à travers celle-ci.

Quelle est la part de subjectivité du peuple lors d’élections et votations ? Nul ne peut le mesurer. Quel est l’impact de la dérive émotionnelle lorsque le peuple est amené à décider ? Nul n’en a la moindre idée. Et ça n’a pas la moindre importance, au fond. Car la séparation entre la pensée et les émotions est une conception erronée puisque chaque pensée humaine, aussi objective et détachée qu’elle puisse paraître, est influencée par des émotions, des sentiments, teintée par le filtre d’un parcours de vie individuel, de facteurs éducatifs, d’un fond de caractère inné. Or, il est amusant de constater que ceux qui, frôlant la névrose, sont les plus assidus à exiger le contrôle absolu d toutes les affaires de la vie, en particulier de la vie politique, par le logos, sont ceux à qui le subconscient réprimé joue le plus de tours pour se venger. Ainsi cette gauche qui, en prétendant combattre l’arbitraire et l’injustice et qui dit se battre pour l’égalité, est progressivement victime d’une collectivisation inquiétante de la pensée et des mœurs et engoncée dans un arsenal légal étouffant qui la prive de cette liberté qu’elle cherchait tant à protéger.

Ce dont la gauche à peur, ce n’est pas tant la vox populi, ce qu’elle craint à travers la voix du peuple, c’est la vie tout court, la vie avec ses aléas, ses imperfections et ses imprévisibilités.

Or, ne pouvant pas changer la vie, la pensée totalitaire se venge en voulant changer les hommes. Et lorsque les hommes ne veulent pas changer, elle les empêche de s’exprimer, elle les prive de leurs droits politiques précisément au nom du droit.

La suite du programme est connue.

Lorsque le peuple a été réduit au silence, il ne reste plus personne pour empêcher la phase suivante, celle où l’on procède à la rééducation forcée de ceux qui ne veulent pas reconnaître leur bonheur et accepter le bien décrété par un appareil étatique tentaculaire dont le ferment s’appelle dépendance.

Peu à peu, le citoyen est dépossédé de ses droits, de ses libertés, peu à peu il est transformé en assisté, en récipiendaire docile et béat des bienfaits étatiques.

Et le gauchisme triomphant peut se gargariser d’avoir créé un monde enfin débarrassé de toute inégalité, certes,  mais où plus personne n’est heureux.

A force de vouloir pallier toute velléité de discrimination de telle ou telle minorité, l’Etat finit par discriminer la grande majorité et, bien pire encore, cette étincelle d’humanité qui nous anime tous et qui finit par rendre son dernier souffle sous une avalanche de paragraphes.

Voilà pourquoi il faut défendre le droit du peuple à se prononcer le plus souvent possible de manière démocratique. Voilà pourquoi l’UDC en appelle au peuple par une initiative en espérant que celui-ci refusera de s’automutiler d’un de ses droits fondamentaux, celui de déterminer l’accession à la citoyenneté.  

Oskar Freysinger 
Conseiller national

2 réponses à Oskar Freysinger: Naturalisations par le peuple

  1. Lucky dit :

    La gauche, c’est de la lobotomie hiérarchisé et agrée, pour dégénérés. On appelle aussi cela, du CRACK ! Aujourd’hui, suivre cette gauche là ? Facile, il suffit d’avoir, un briquet ou des allumettes, un sweet-shirt à capuchon de préférence et, les idées dans la dépendance. Quoi, tu n’es pas « pyro » ? Non ? Un petit cocktail fera l’affaire alors, sinon je m’offusque ! Ah j’oubliais, attention aussi aux secteurs pavés. La classe quoi ! Quand on voit « Dany le rouge, » sièger à Bruxelles ?? Quelle foutaise ! En plus, il n’ose même plus s’assumer, (il n’est plus rouge) ou alors l’EU l’a « intronisé » en lui demandant de mettre de l’eau dans son « vin » ! Mais bon sang, où est passé son écharpe de la même teinte ?

  2. JT dit :

    du tout grand!! Bravo et merci, Monsieur le Conseiller national.

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *