Suisse: Petit à petit le clonage fait son nid

On se rappelle avoir voté les lois les plus permissives au monde en matière de fécondation in vitro et de manipulation du vivant sur la garantie donnée, foi et parole jurées, des plus strictes conditions d’application, en vue soi-disant de prévenir ce qui était présenté, il y a quelques années à peine, comme le comble de l’infraction en matière d’éthique, j’ai cité le clonage.

On a vu les restrictions en question savamment gommées au Parlement par les valets de la haute pharmacologie, la suite, vous l’aurez compris, ne saurait tarder, d’autant que ces messieurs des lobbys ne semblent pas disposés à attendre plus longtemps. Chronique d’un changement des mentalités à marche forcée…

Le n° 1 (2007) du Journal für Reproduktionsmedizin und Endokrinologie publie en première page un article de l’éminent Karl Illmensee, endocrinologue spécialisé dans les questions de la médecine reproductive: « Mammalian Cloning and its Discussion on Applications in Medicine« , article qui fait état, en termes élogieux, des dernières avancées en matière de clonage humain et qu’il présente ici ni plus ni moins que comme LA solution d’avenir en matière de fécondation artificielle.

Jusque là, rien de nouveau sous le soleil du Bon Dieu, n’était le fait que la revue en question, qui réunit les efforts conjugués de spécialistes allemands, autrichiens et suisses, est, ainsi qu’il apparaît en couverture de l’article cité plus haut, la revue officielle de la Société Suisse de Médecine de la Reproduction. Organe non moins officiel et dûment mandaté par la Confédération pour assurer pas moins que le respect de ces fameuses lois censées nous garantir contre un proche avènement du clonage à la chaîne (voir surtout art. 119 a de la Constitution fédérale). Ach, le charme subtil des ces rangées de petits Fridolins blonds aux yeux bleus marchant d’un même pas vers un monde parfait…

Bref, pour être plus précis, c’est à cette même société que revient le privilège de nommer une commission, la FIVNAT, chargée de satisfaire aux exigences des articles 11 et 12 de la Loi fédérale sur la procréation médicalement assistée de 1998, à savoir l’établissement d’un rapport d’activité (en lieu et place des cantons comme prévu initialement dans le projet de loi) et une tâche de surveillance, le tout sous mandat fédéral officiel dûment estampillé. De grands pouvoirs et de grandes libertés pour de grands desseins…

Là où ça devient amusant c’est quand on regarde d’un peu plus près la composition de cette fameuse FIVNAT: Tous les membres, tous sauf le statisticien, selon Human Life International Suisse qui a levé ce lièvre magnifique, tous sont salariés de grands laboratoires suisses spécialisés, je vous le donne en mille, dans… la fécondation in vitro.

Et voilà comment la profession s’est jouée de nos lois pour installer son propre « auto-contrôle » et nous mener exactement là où elle voudra nous mener… On vous laisse deviner au passage qui devra casquer le prix du billet.

« O wonder!
How many goodly creatures are there here!
How beautious mankind is!
O brave new world
That has such people in’t!
« 

Shakespeare, The Tempest, Act V, Scene I

L’article de la NZZ sur le sujet (en Allemand)

La lettre de Human Life International Suisse et des associations des médecins catholiques et évangéliques de Suisse, à M. Bruno Imthurn, Président de la Société Suisse pour la Médecin de la Reproduction (en Allemand).

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