Mosquée de Genève: Islam et mariage: Pour mieux comprendre l’actualité

Mariage ou fiançailles ? Comment interpréter ce qui est arrivé à Hawwà-Antje Pastoor. 

Selon ce que nous savons du droit islamique, ce qui fait le mariage (nikah) en droit islamique, c’est le contrat écrit et rien d’autre. Notre Suissesse convertie doit pouvoir dire quelque chose à son sujet… S’il n’y a pas eu d’acte écrit, pas de mariage…

Sans rentrer dans les variantes qui peuvent exister selon les différentes Ecoles juridiques sunnites (maddhahib), les circonstances
relatées dans l’article du Matin (et ici) laissent toutefois penser qu’il s’agit bien d’un mariage.

Il faut comprendre les conditions de validité du nikah. En particulier celle relative à l’expression du consentement de l’épouse. La femme ne peut se marier seule de son propre chef en islam (une de ses discriminations bien musulmanes et parfaitement illicite sur notre sol). Elle doit nécessairement obtenir le consentement d’un tuteur (wali), en général le père, un proche parent ou un tuteur légal mais tous doivent bien entendu être… musulmans. Comme il s’agit ici d’une convertie, il y a peu de chance qu’un membre de sa famille soit accepté, surtout pour une mosquée saoudienne. Il lui reste, selon la loi islamique, le recours à une autorité publique islamique, ce qui expliquerait la présence du vice-consul saoudien.

Cette obligation de tutorat provient notamment d’un hadith célèbre attribué au calife Omar : « aucun mariage n’est conclu excepté par l’autorisation du tuteur de la femme ou d’un parent réfléchi ou d’un représentant des autorités ».

Ensuite, deux témoins au moins doivent assister à la conclusion de l’acte de mariage (contrat écrit donc). A cet égard, il faut noter qu’il n’existe pas de distinction entre mariage civil et religieux puisque cette séparation n’a pas cours en islam… Je rappelle qu’il n’y a pas non plus de sacrement islamique et qu’il s’agit donc d’un mariage shariatique essentiellement civil donc… (autre infraction).

Les fiançailles islamiques ne sont quant à elle qu’une promesse de mariage.

Elles constituent en islam, l’avant-contrat : la phase de négociation de la dot en particulier, dont le versement est obligatoire en droit islamique. Techniquement l’époux (ou tout mandataire de son choix, libre of course) va demander la fille au tuteur. C’est ce dernier qui donne seul le consentement, contre ladite dot… Celle-ci est à la charge de l’époux dès la conclusion du mariage mais n’est due qu’à la consommation du mariage. C’est cet accord (quasiment irréfragable) entre le mandataire de l’époux et le tuteur qui est généralement appelé « fiançailles ». D’ailleurs, les futurs époux n’ayant rien à y faire, n’y sont généralement même pas présents. S’agissant des « cadeaux » de fiançailles, dès lors qu’ils ont été remis, ils peuvent fort bien constituer la dot, justement, ce qui signifierait dans notre cas, que le mariage a bien eu lieu.

Sinon il s’agirait peut-être de coutumes (urf), qui pourraient certes se surajouter légalement à la sharia. Mais on sait que les Frères Musulmans n’aiment pas ces coutumes et les wahhabbites, encore moins. En bons salafistes, ils prônent tous le retour à l’islam d’avant les Ecoles juridiques (maddhahib), c’est-à-dire a fortiori sans coutume. Or Yussuf Ibram, l’imam de Zurich, membre du Conseil européen de la Fatwa, (dirigé par Yussuf al Quaradawi) est un Frère musulman notoire…

Même si le mariage musulman a eu lieu, il reste toujours loisible au mari de dire qu’il n’y a pas de mariage, c’est-à-dire dans notre langue « plus » de mariage et cela conformément à la sharia. Il peut en effet répudier son épouse sine die (le fameux Talaq). Il peut aussi arguer que le mariage est nul pour des raisons propres à la conversion de sa femme ou à un éventuel délai de viduité qui ne serait pas forclos, etc. Il peut ainsi espérer échapper aux poursuites, en créant suffisamment de confusion.

Et voilà !

1 réponse à Mosquée de Genève: Islam et mariage: Pour mieux comprendre l’actualité

  1. FdG dit :

    @ Modérateur

    Est-ce la photo de cette Hawwà-Antje Pastoor « victime » de son amour pour allah et son serviteur à l’insu de son propre gré ?

    « hawa » en arabe voulant dire Eve, si c’était le cas (photo ?) , ce serait une véritable insulte pour la gente féminine musulmanne, la vraie ! ;-)

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